Il a fallu des travaux de médecins, de pédiatres, de psychologues, d’orthophonistes… relayés par quelques gazettes, pour que soient alertés des parents apparemment aux abonnés absents. Sur quel sujet ? Sur les dangers d’une exposition massive aux écrans chez les tout-petits. Car le smartphone, ou la tablette ferait souvent « fonction de tétine » pour calmer les bébés !
Les pédiatres reconnaissent recevoir des très jeunes enfants stimulés par des écrans « qui, à trois ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, n’écoutent pas les consignes, ne communiquent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs » (Sabine Duflo, psychologue clinicienne et thérapeute).
Retard, absence de langage, trouble de la relation…
Les orthophonistes témoignent sur la multiplication, depuis cinq ans, de demandes de bilan pour retard, absence de langage, trouble de la relation… Leurs constatations rejoignent tout à fait celles de leurs collègues britanniques ou canadiens. Certains médecins avaient évoqué la similitude avec des attitudes autistiques. Cette piste ne semble plus retenue.
En revanche, les effets nocifs des écrans sont confirmés. Selon la revue Scientific Reports d’avril, où sont parues des enquêtes effectuées sur 715 familles, 75 % des 6 à 36 mois « manipulent quotidiennement des écrans tactiles et 92 % après 2 ans » ! La conséquence sur le sommeil déjà bien étudiée depuis des années avec la télévision, se retrouve avec les autres écrans.
L’Association française de pédiatrie ambulatoire, est très claire sur ce point : « l’exposition aux écrans doit être totalement évitée avant l’âge de 2 ans, puis limitée à moins d’une heure par jour entre 2 et 5 ans ». Certains plaident pour une abstinence jusqu’à 6 ans. Les chiffres des enquêtes de Médiamétrie sont effarants : en moyenne, il y aurait 6,4 écrans par foyer en 2016 ; 62 % des 4-14 ans vivent dans un foyer équipé d’au moins 4 écrans connectés (télévision, ordinateur, console, smartphone, tablette) ; pour les calmer ou les occuper, 44 % des parents prêtent leur smartphone à leurs enfants de moins de 3 ans (sic).
Rappelons que, dans un foyer sur cinq, la télévision est allumée en permanence et qu’un tiers des moins de 3 ans ont vu des « programmes non adaptés ». Doit-on rappeler que les fondateurs et PDG des géants de l’informatique américains – Apple, Google, Amazon… – ont privé d’écrans leurs propres enfants en bas âges ?