De plans en enquêtes, que faire contre la radicalisation ?

La question est ancienne. Les macroniens ne pouvaient l’ignorer, leur chef ose parfois préciser le concept en ajoutant l’adjectif « islamiste », notamment à la suite d’attentats. Des experts se sont mis au travail pour produire des enquêtes et autres travaux sur les espaces sociaux favorables à l’endoctrinement. Dans ce domaine, il semble n’y avoir que des estimations. Il est certain que le poids social et religieux joue beaucoup, d’où l’importance de l’école, un peu de pratiques sportives et beaucoup des fréquentations (commerce de drogue, vols…).

Le creuset terriblement efficace reste cependant la prison. Ceux qui passent par toutes les cases du Monopoly, finissent mal, sans passer par la case départ. En septembre 2017, le Premier ministre avait annoncé un plan national qui n’a paru qu’en février. Il est question, pour déradicaliser, de « déployer tous azimuts une stratégie de prévention ». Le plan – de soixante mesures – a été présenté à Lille en présence des ministres concernés et des hauts fonctionnaires compétents. Concrètement, il s’agit d’ébaucher un tri dans les 20 000 personnes inscrites dans le fichier de traitement des signalements. Il faut détecter le plus tôt possible les signes de dérives personnelles. D’abord des comportements qui, malheureusement, ne sont rappelés qu’après les attentats. Il est prescrit de renforcer les contrôles – par des inspecteurs spécialement formés – dans les écoles hors contrats et l’enseignement dans les familles.

Il est désormais possible de muter ou de radier un fonctionnaire radicalisé en mission dans un domaine de souveraineté ou de sécurité. Ce pourrait être étendu à ceux mis en contact avec des mineurs. Devant les fiascos de certains centres de déradicalisation, il est question de trois centres dotés d’équipes pluridisciplinaires… qui vont coûter cher… Dans les prisons, changement : alors qu’avait été prônée et pratiquée « la dispersion en détention » pour ceux liés au terrorisme ou considérés comme radicalisés, il a été décidé de regrouper et de confiner les cas.

Le Premier ministre a donné un chiffre ; pour la fin de l’année, il faudra avoir confiné 450 détenus radicalisés. À terme, il serait question que 1500 détenus soient incarcérés dans des quartiers « spécifiques et étanches ». Soit une bonne partie des personnes détenues actuellement pour un délit ou un crime en lien avec le terrorisme islamiste. Reste à trouver quelques 200 places susceptibles d’être rendues « étanches » plus des augmentations d’effectifs dans les personnels pénitentiaires. Encore faudrait-il définir sur le plan juridique, ce qu’est la radicalisation.

Les travaux sur les jeunes musulmans radicalisés, se sont multipliés depuis trois ans. Une équipe de sociologues, dirigée par Anne Muxel et Olivier Galland, a publié le mois dernier, aux PUF, un ouvrage sur « La Tentation radicale ». L’enquête porte sur 7000 lycéens, entre quatorze et seize ans, vivant dans quatre territoires à dominante urbaine : région lilloise, l’Île-de-France, l’académie Aix-Marseille. C’est la première fois qu’est effectuée une analyse détaillée des réactions des lycéens aux attentats de 2015. Sont confirmées les observations déjà parues : un quart des lycéens interrogés, ne condamnent pas totalement les attentats contre Charlie Hebdo et le Bataclan et 80 % considèrent qu’on ne peut pas se moquer des religions.

Oui, une minorité de jeunes musulmans (1/3) « adhèrent à un absolutisme religieux » et – quelle surprise ! – également à une « radicalité informationnelle » (sic) : Ils contestent la véracité des informations des grands media. Les auteurs ont étudié de nombreuses situations sociales sans tomber dans ce que l’on appelle « la culture de l’excuse ». En effet la « bienpensance » veut toujours expliquer les « dérives criminelles », notamment celles des musulmans par les déterminismes sociaux.

Retenons des conclusions inquiétantes : il y a un clivage culturel entre les jeunes musulmans et les non-musulmans. Les musulmans reviennent fortement à une pratique religieuse, à l’inverse d’un mouvement de sécularisation des autres jeunes. L’affirmation qu’il y ait une seule religion qui dise la vérité et que la religion prime sur la science, est partagée par un tiers des jeunes musulmans, contre 6 % des chrétiens de même âge.

 

par Pierre Romain

 

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