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Leur objectif est de « liquider Chiré »

Leur objectif est de « liquider Chiré »

Leur objectif est de « liquider Chiré »

En ce mercredi 27 mars 2024, Chiré est traîné devant les tribunaux par l’association Pierre Joubert.

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On ne présente plus Pierre Joubert (1910-2002), illustrateur prolifique et surdoué qui a consacré son œuvre et sa vie au scoutisme, au point que l’imaginaire de générations de scouts a été littéralement façonné et habité par ses milliers de dessins émaillant notamment près de deux cents ouvrages destinés à la jeunesse, au premier rang desquels l’inoubliable cycle du Prince Éric, fleuron de la foisonnante collection « Signe de piste ».

Pour beaucoup de nos correspondants et amis, attachés comme nous à la sauvegarde et à la transmission du patrimoine français, occidental et chrétien, le scoutisme, le roman scout et donc immanquablement l’œuvre de Pierre Joubert font partie intégrante de ce même patrimoine et sont des références obligées qui trouvent tout naturellement leur place dans les rayons de notre librairie, dans les pages de notre catalogue et sur celles de notre site internet.

Mais parce que la carrière de Pierre Joubert a fait corps avec l’histoire des Scouts de France et épousé leur parcours, qui de fait les a poussés très loin, il s’est trouvé que nous n’avons sans doute pas fait les mêmes choix que lui, que nous n’avons pas suivi précisément la même évolution. De la même façon, un certain nombre d’écrivains qui avaient signé les romans si richement illustrés par Pierre Joubert n’avaient pas emprunté les mêmes chemins que lui. Membre des Camelots du roi dans sa jeunesse, Pierre Joubert se définissait apparemment, à l’automne de sa vie, comme un chrétien de gauche, ce qu’en effet nous ne sommes certes pas, nous qui entendons demeurer fidèles à la tradition et non point nous noyer dans le courant des abandons qui finit par tout emporter.

Rétrospectivement, à la fin de ses jours, Pierre Joubert s’était manifestement alarmé à l’idée que son œuvre et sa personne puissent être assimilées à ce que l’on appelle génériquement, sans en donner jamais une définition précise, l’extrême droite. Ainsi, en octobre 2000, à cause de l’un de ces procès en sorcellerie dont la gauche a le secret, en Belgique comme en France, la municipalité socialiste de Mons avait annulé une exposition consacrée à Pierre Joubert, sous prétexte que son œuvre était idéologiquement connotée.

Certains proches l’avaient plus largement sensibilisé à la question du respect de ses droits d’auteur. C’est dans ce contexte que vit le jour l’association Pierre Joubert, destinée officiellement à défendre ses intérêts et ceux de ses héritiers. Dans la coulisse s’agitait l’un de ses amis, Alain Gout, ancien directeur littéraire de la collection Signe de piste, qui travailla un temps avec les éditions Delahaye avec laquelle l’association Pierre Joubert eut ensuite maille à partir.

Dans ce contexte, et manifestement échaudé par la campagne de presse qui avait abouti à l’annulation de l’exposition de Mons, Pierre Joubert avait adressé à ses éditeurs un courrier daté du 5 décembre 2000 dans lequel il déclarait expressément qu’il défendait « qu’on se serve de [ses] œuvres et de [son] nom pour défendre des idées qui ne sont pas les [siennes] », ou plutôt qui ne le sont plus… et, continuait-il, « que l’on donne ainsi à penser à des journalistes que j’adhère à ces thèses, je ne peux l’accepter. » Ce pourquoi, toujours à l’adresse de ses éditeurs jugés trop « droitiers », il décidait ce qui suit :

« Je cesse, à compter de ce jour, toute relation avec les maisons d’édition citées dans les différents articles de presse me concernant, dont la vôtre. Cela signifie que je refuse toute nouvelle réédition que vous auriez pu envisager, et toute nouvelle reproduction en général dans les revues, magazines, sous forme de dépliants, posters, cartes postales, calendriers ou sur tout autre support papier, cd-rom, sites internet, etc. »

Autrement dit, ce qui était ici en cause, aux dires de Pierre Joubert et de ceux qui le conseillaient, c’était son image et sa réputation auxquelles pareilles « relations », pourtant dûment acceptées jusqu’alors, étaient venues subitement porter préjudice. Que Pierre Joubert ait poursuivi l’évolution intellectuelle, spirituelle, morale et politique que nous avons dite, c’est un fait. Mais il ne pouvait pas et ses héritiers ne peuvent toujours pas, rayer de l’Histoire, à la façon des adeptes de la « culture de l’effacement » (la fameuse et fumeuse « cancel culture »), le passé éditorial de Pierre Joubert : de nombreuses œuvres dont il fut l’illustrateur ont été écrites par des auteurs marqués à droite (à l’extrême droite diraient nos adversaires), auteurs dont les valeurs spirituelles et morales – traditionalistes et identitaires – transparaissent très nettement dans les œuvres en question.

C’est sur le fondement de cette déclaration que furent ensuite intentées, après le décès de Pierre Joubert, par l’association qui prétend défendre ses droits, un certain nombre d’actions en justice contre tel ou tel éditeur. Déclaration qui n’est peut-être pas aussi comminatoire, sur le plan du droit, que l’affirment les dirigeants et les avocats de l’association Pierre Joubert. En effet, si elle semble devoir empêcher toute réédition, on voit mal a priori comment elle pourrait empêcher, sur un catalogue ou sur un site internet de vente, la reproduction de la couverture d’un ouvrage déjà édité avant la déclaration de décembre 2000, couverture pour laquelle l’illustrateur avait été dûment payé par l’éditeur.

Toujours est-il que cette année c’est au tour de Chiré d’être traîné devant les tribunaux par l’association Pierre Joubert.

Pourtant Chiré n’a édité aucun ouvrage illustré par Pierre Joubert. Chiré s’est contenté de proposer à la vente les livres illustrés par Pierre Joubert, les posters et les images dessinés par le même, et imprimés par Elor il y a plus de 25 ans. À notre connaissance, Elor avait reversé à Pierre Joubert et à ses ayants droits les droits d’auteurs convenus entre les deux parties. Cette histoire appartient au passé.

Il se trouve que les éditions Elor ont été mises en liquidation et que Chiré, lors d’une vente aux enchères en 2017, s’est porté acquéreur de leurs stocks, y compris donc les images et posters de Pierre Joubert et les livres illustrés par lui. Mais, répétons-nous, dans cette affaire, Chiré ne saurait être tenu à d’autres obligations qu’à celles d’un simple revendeur.

À ce titre, pourquoi l’association Pierre Joubert s’en prend-elle à Chiré, et non aux géants Amazon ou La Fnac qui, eux aussi, ni plus ni moins que Chiré, proposent à la vente, en tant que libraires, les ouvrages en question illustrés par Pierre Joubert ?

À ce propos, les mêmes nous reprochent d’avoir continué à vendre les ouvrages illustrés par Joubert et édités par Delahaye, alors qu’en 2023 l’association Pierre Joubert avait obtenu gain de cause contre cet éditeur. Et ce précisément alors que Chiré, antérieurement à la décision de justice, avait cessé de renouveler son stock auprès de ce même éditeur et continué simplement depuis lors à écouler les derniers 19 exemplaires restant, pour un chiffre d’affaire de 287 euros et 27 centimes, hors de proportion avec les demandes d’indemnités fracassantes réclamées par l’association !

Non, vous l’aurez tous compris, il s’agit en tout et pour tout dans cette affaire, de la part de ceux qui se veulent nos adversaires, de porter préjudice à Chiré en prélevant son écot, voire, si possible, de nous faire fermer boutique.

L’avocate de la partie adversaire, Me Sophie Viaris de Lesegno, ex-collaboratrice pendant vingt ans d’Emmanuel Pierrat, as du barreau et franc-maçon notoire avec plus de neuf livres sur ce sujet à son actif d’auteur, ne s’en est d’ailleurs même pas cachée, déclarant ouvertement à notre avocat :

« Mon objectif est de les liquider ! »

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Vous le savez, Chiré n’est pas en tout et pour tout une entreprise commerciale, mais d’abord une œuvre militante.

L’objectif de nos adversaires n’est pas seulement de liquider Chiré, mais de liquider tout ce à quoi vous croyez.

Aidez-nous à surmonter ensemble cette nouvelle épreuve par vos commandes et vos abonnements à Lectures Françaises ou vos dons qui sont autant d’actes militants.

La croisade du livre contrerévolutionnaire continue !

François-Xavier d’HAUTEFEUILLE

 

PS : Délibération fin mai

By François-Xavier d'Hautefeuille

François-Xavier d'Hautefeuille est le directeur de publication de Lectures Françaises depuis 2010, il a pris la succession de Jean Auguy et de Henry Coston. Il publie une rubrique mensuelle qui s'intitule "Il y a 50 ans" et qui est une rétrospective des numéros de la revue parus.