L’abbaye royale Notre-Dame de l’Étoile en Poitou, 1124-1791 – Entretien avec François Joyaux

Né à Châtellerault, François Joyaux a terminé ses études secondaires au Lycée Henri IV de Poitiers, puis fait toutes ses études supérieures à Paris (Ecole des langues orientales, Sciences Po et Sorbonne). Il a soutenu son doctorat d’Etat d’histoire en 1972. Après quelques années dans la Marine nationale, il a été nommé professeur des Universités et s’est spécialisé en histoire de l’Extrême-Orient, sujet sur lequel il a publié une quinzaine d’ouvrages, principalement sur l’Extrême-Orient. Citons les derniers :

– Nam Phuong : la dernière impératrice du Vietnam (Perrin, 2019)

– Nouvelle Histoire de l’Indochine française (Perrin, 2022)

– Duy Tan : un empereur dans la France libre (Perrin, 2023).

En retraite en Touraine, il s’est désormais attaché à l’histoire monastique de son Poitou natal.

Olivier Destouches : Comment avez-vous découvert l’abbaye de l’Étoile et, vous qui êtes un spécialiste de l’Extrême-Orient, avez-vous pu vous intéresser à une petite abbaye cistercienne perdue dans un vallon poitevin ?

François Joyaux : Honnêtement, j’ai découvert l’abbaye de l’Étoile très tardivement. En fait, j’y suis venu par le biais de celle de Fontgombault, en Berry. En revanche, j’ai « toujours » connu cette dernière, depuis qu’elle existe… c’est-à-dire depuis que les bénédictins de Solesmes l’ont relevée, en 1948. J’y venais étant louveteau et n’ai jamais cessé de la fréquenter. Je m’y suis beaucoup intéressé, c’est ce qui m’a finalement amené à l’Étoile, laquelle est en quelque sorte une fille spirituelle de Fontgombault puisqu’elle fut fondée, au XIIe siècle, par Isembaud, le frère du fondateur de Fontgombault, Pierre de l’Étoile. Et puis, elle se situe dans la mouvance de la ville de Châtellerault, qui est ma ville natale. Or j’ai toujours été intéressé par l’histoire de ma région. Tout cela faisait de l’Étoile un merveilleux sujet d’étude.

O. D. : Dom Jean Pateau, Père Abbé de l’abbaye bénédictine de Fontgombault a écrit la préface de votre livre^[1]. Pour quelle raison ?

F. J. : C’était tout naturel si je puis dire. Comme je le rappelais à l’instant, l’abbaye de l’Étoile est fille spirituelle de celle de Fontgombault (qui n‘en est distante que d’une vingtaine de kilomètres). Non seulement elle a été fondée par le frère de Pierre de l’Étoile auquel on doit cette grande abbaye, mais encore c’est pour cette raison qu’elle se nomme Notre Dame de l’Étoile. Qui plus est, les premiers établissements érémitiques qui précédèrent la fondation de l’Étoile furent établis sur des domaines à elle donnés par Fontgombault. Une partie des premiers moines de l’Étoile venait probablement de Fontgombault. Et surtout, l’Étoile fut fondée dans le même esprit de réforme monastique que Fontgombault. D’ailleurs, en 2000, Dom Antoine Forgeot, abbé de Fontgombault, fut le premier, depuis la Terreur, à célébrer l’eucharistie dans les ruines de l’Étoile, et depuis, son successeur, Dom Jean Pateau, lui aussi, vint souvent à l’Étoile. C’est pour toutes ces raisons que je disais que cette préface du T.R.P. Abbé de Fontgombault était «naturelle ».  (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

^[1] – Édité par l’Association Petrus a Stella et Association pour la Sauvegarde de l’Abbaye de l’Étoile, 2024, 550 pages, 27 €.