Il est incroyable que la Vatican soit si déconnecté de la réalité direz-vous ? Non. Vraiment pas incroyable ou incroyablement logique. Bien sûr, dès-lors que l’on oublie qui on est, on devient quelqu’un d’autre, ou autre chose. La nature a horreur du vide. Voilà le discours d’un prélat qui lui, voit ce qu’est l’Islam tous les jours ! La charité de notre François s’appelle lâcheté, la lucidité de l’Archimandrite et ses déclarations s’appellent Charité pour l’Occident. Quand la province rappelle ses devoirs aux meneurs…
Lu dans Association Saint-Pierre d’Antioche et de Tout l’Orient :
PRINTEMPS ARABE AU VATICAN
La couverture de Dabiq, organe de presse officiel de Daesh, montrait, il y déjà deux ans, le pavillon noir du prophète flottant au sommet de l’obélisque de la place Saint-Pierre. Bien qu’il fût assorti d’un triplet sans ambiguïté : « Échec de la croisade, La dernière croisade, Renaissance de l’esclavage avant l’heure », qui au Vatican eut osé subodorer une quelconque connotation belliqueuse de la part du califat autoproclamé ? 1435 indique l’année du calendrier musulman qui débute avec l’Hégire (622) lorsque Mahomet, persona non grata à La Mecque, se serait enfui à Médine.
Dans un contexte iconographique mitoyen, les photographies insoutenables des méfaits du califat islamique en Irak, en Syrie ou ailleurs ne doivent pas nous faire oublier que la cruauté de Daesh n’a rien d’inédit dans l’Histoire, et moins encore à envier à la première république française ou à la monarchie anglaise du XVe siècle. Quant aux attentats perpétrés sous nos latitudes, ils sont le retour de flamme de la politique honteuse menée par la France en Syrie, et ne représentent pas, à tout prendre, le millième de ce qui s’est passé au pays de Cham depuis cinq ans. Aussi bien n’est-il pas ici à propos de nous étendre. Nos lecteurs s’intéressent en priorité au sort de nos frères dans la Foi, et à leurs communautés exemplaires, menacées de génocide dans cette région du monde qui a vu s’épanouir leurs tout premiers bourgeons.
Depuis les années 1980, des millions de chrétiens ont perdu la vie ou ont été obligés de fuir à cause du djihad mené contre eux au Moyen-Orient et en Afrique. Leurs responsables ecclésiastiques les avaient convaincus que l’islam était une religion pacifique. Au vu des menées terroristes, dont on déplore certes la croissance, qui peut aujourd’hui ignorer et surtout nier que « l’Islam enjoint aux vrais croyants de tirer l’épée du djihad ? Que c’est même leur plus grand devoir, et qu’imposer la loi d’Allah par l’épée est une obligation fondée sur le Coran, parole de notre Dieu » ? En tous cas pas les vrais croyants.
Alors quand le pape François déclare à son retour des JMJ en Pologne que « le véritable islam et la lecture correcte du Coran s’opposent à toute forme de violence », on peut se demander si, en contestant la réalité malgré une montagne de preuves, il ne fait pas plus de mal que de bien. Soutenir que la dissimulation de la violence intrinsèque à l’islam ou sa minoration assénée jusqu’à plus soif, comme l’affirmation que cette violence ne serait le fait que d’un «petit groupe fondamentaliste » ont des effets destructeurs dans l’opinion catholique mondiale : une distorsion flagrante entre ce qu’elle constate tous les jours et le discours ecclésiastique officiel. La question se pose alors de savoir : pourquoi veut-on nous faire croire que la violence de l’Islam est un leurre ? Un élément de réponse pourrait fâcheusement éclairer qui veut l’être, si l’on comprend que ne pas dire la vérité sur l’islam peut mener l’Église à la catastrophe.
Le Professeur Kilpatrick, écrivain de renom et enseignant depuis trente-trois ans au Boston College, célèbre université jésuite du Massachussetts, estime que le déni de réalité de la violence intrinsèque à l’idéologie musulmane, par les plus hautes autorités de l’Église, pourrait avoir des effets les plus dévastateurs : « Si les choses continuent dans cette direction, affirme Kilpatrick, cela générera une énorme crise de confiance envers l’Église… Le pape et d’autres avec lui dans l’Église ne disent pas la vérité sur l’islam. Certains soutiennent qu’ils le font de manière délibérée et qu’il s’agit là d’une stratégie pour éviter une plus grande radicalisation. D’autres, au nombre desquels je me compte, qu’ils le font par pure naïveté. Dans un cas comme dans l’autre, s’ils continuent à défendre l’islam en tant que religion pacifique, il en résultera nécessairement une crise de confiance et une crise de la foi… Il s’agit là, potentiellement, d’une crise de plus vaste proportion que celle du scandale des abus sexuels »
Au mois de septembre dernier, j’ai découvert avec effarement qu’au cours d’une audience au Vatican (la résidence d’été de Castel Gandolfo étant reléguée au rang de musée ouvert au public) accordée à d’anciens élèves des jésuites, le pape avait engagé ses auditeurs à « accueillir les réfugiés dans leurs maisons et à transformer leurs communautés en lieux d’accueil », leur déclarant textuellement : «Notre plus grande sécurité contre les actes odieux de terrorisme est l’hospitalité ». Notre plus grande sécurité ?!
Cerise sur le gâteau du Jubilé. Le 6 novembre dernier, on célébrait à la Basilique Saint-Pierre le 32e dimanche du temps ordinaire. Pas si ordinaire que ça ! Dans la sacristie, exerçant la fonction d’acolyte — tiré pour l’occasion de la prison de Busto Arsizio où il purge une peine de dix ans pour agression sexuelle — Issam El Jiyad, musulman sunnite convaincu, lava les mains du pape. Visiblement ému, François le pressa sur son cœur et lui demanda, à la fin de la messe pontificale, de prier pour lui. Oui, vous avez bien lu : l’humilité du successeur de Pierre lui fit solliciter les faveurs d’Allah…
Il n’est pas téméraire de constater qu’à Sainte Marthe, on n’aime pas nommer le fondamentalisme islamique. Méconnaissant la barbarie des guerres de conquête, les massacres, les razzias, les millions de chrétiens enlevés et réduits en esclavage autour de la Méditerranée (saint Vincent de Paul, lui-même, à Tunis), voici qu’apparait à Rome — au plus grand mépris, on n’ose deviner pourquoi, des Pensées de l’auteur des Provinciales — une nouvelle exégèse du coran. En opposition manifeste avec des prédécesseurs canonisés selon les règles, il ne s’agit de rien moins pour le pape que de disculper Mahomet : «L’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence ».
Dans l’avion de Cracovie vers la Ville Éternelle, un journaliste qui évoquait le récent égorgement du Père Hamel s’entendait répondre : « Je n’aime pas parler de violence islamique. Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique… Je crois qu’il y a presque toujours dans toutes les religions un petit groupe de fondamentalistes. Nous avons les nôtres… »
Et voilà le dégoulinant mea culpa, en honneur au Vatican à l’heure actuelle, sournoisement apparié à l’injustifiable délit : le seul radicalisme qu’il convient d’éradiquer est celui de la mouvance traditionnelle, qu’il nous souvient que le Cardinal Ratzinger avait désignée en son temps dans un de ses discours : «Aujourd’hui, avoir une Foi claire basée sur le Credo de l’Église est souvent étiqueté de fondamentalisme ». Nos lecteurs ne manqueront pas d’éléments d’illustration.
Hélas, quand on sait avec quel brio les démocraties occidentales ont intronisé le printemps dans les pays arabes, on ne voit pas comment une Hiérarchie, privée de ses défenses immunitaires depuis Vatican II et contaminée par la prolifération du virus démocratique, ne se réjouirait pas de voir s’installer le printemps arabe dans l’Église romaine.
Mgr Tournyol-du-Clos, Archimandrite
Association Saint-Pierre d’Antioche et de Tout l’Orient, N° 5, Janvier 2017