Décidément, la Turquie est un peu secouée en ce moment. Si la vie d’un gosse enténébré ainsi que celles de plusieurs personnes n’avaient été ôtées, on ne pourrait que hurler de rire devant les condoléances diplomatiques standard, de pays pourtant opposés et perpétrant les mêmes horreurs (guerre en Afghanistan pour les Russes, massacres de My Laï, Vietnam) par les Américains). Bref, les pleureuses sont au rendez-vous du comité de l’hypocrisie publique. Voilà en tout cas ce qui manquait à Erdogan pour justifier une politique de fer jusqu’à présent houspillée…
Lu dans Présent :
Turquie : le carnage d’un enfant de Daech
Nouvel attentat et noces sanglantes en Turquie. Samedi soir à Gaziantep ville du sud-est de la Turquie à forte concentration kurde, proche de la frontière syrienne, refuge et point de passage pour de nombreux « réfugiés » syriens fuyant la guerre – un mariage en plein air a tourné au carnage.
Alors que la fête battait son plein, une bombe a explosé, faisant plus d’une cinquantaine de morts et près de 100 blessés, dont un grand nombre de femmes et d’enfants.
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’auteur de cet attentat monstrueux serait un jeune – et même très jeune – « kamikaze », âgé de 12 à 14 ans, qui se serait mêlé aux invités avant que sa charge (une ceinture d’explosifs) n’explose. Un enfant soldat, selon toute vraisemblance, dirigé par les fous d’Allah de l’Etat islamique (EI). Le quartier où se déroulait le mariage étant à majorité kurde, pour le président Recep Tayyip Erdogan, il ne fait quasiment aucun doute qu’il s’agit-là d’un attentat (le plus meurtrier en un an) djihadiste.
« D’où que vienne la terreur, cela ne change rien pour nous », a affirmé Erdogan en précisant qu’« en tant que nation, nous utiliserons toute notre force, unis, main dans la main, pour lutter contre le terrorisme, comme nous l’avons fait le 15 juillet [référence au putsch raté] ». Un revers de la médaille pour la Turquie, qui a soutenu officieusement, pendant une période l’EI.
Pour l’heure non revendiqué – ni par les rebelles kurdes du PKK en guerre contre les forces turques au sud-est, ni par l’EI – cet attentat est une nouvelle fois dénoncé par la communauté internationale. Dans un communiqué, François Hollande dénonce avec force « un ignoble attentat terroriste » et adresse « aux autorités et au peuple turcs se: condoléances et sa sympathie dam cette épreuve », ajoutant que « la France se tient aux côtés de tous ceux qui luttent contre le fléau du terrorisme ».
De son côté le président russe Vladimir Poutine condamne « la cruauté et le cynisme de cette attaque ». Idem pour John Bass, ambassadeur États-Unis, qui « condamne l’attaque barbare de civils innocents » en précisant que « nous sommes solidaires de notre alliée la Turquie et nous engageons à continuer à travailler étroitement ensemble pour défaire la menace terroriste ».
PIERRE MALPOUGE
Présent, mardi 23 août 2016, n°8676, p. 3