Nous vous laissons apprécions ici l’analyse du comportement ainsi que des influences de Georges Soros, au regard de son opposition au nouveau président des États-Unis, Donald Trump. Soros a souvent été l’objet de nos analystes, notamment dans le numéro de décembre dernier, où nous rapportions son influence contre le projet de loi polonais qui visait à supprimer le droit à l’avortement.
Lu dans Présent :
Les dollars de Soros contre le juge nommé par Trump
De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. — Depuis trois jours, sur l’esplanade de la Cour suprême des Etats-Unis, de petits groupes de manifestants se forment, s’agitent, se dispersent, se reforment pour crier des slogans, brandir des pancartes, étaler des calicots et laisser éclater leur haine à l’égard de Donald Trump et leur hostilité envers Neil Gorsuch.
Celui-ci fut nommé mardi soir par le président pour remplacer Antonin Scalia, mort il y a un an, afin que le sommet de l’institution judiciaire retrouve bien ses neuf juges comme le veut la constitution.Trois jours d’occupation, de rejet, d’obstruction : toujours la même guerre civile larvée qui continue. Elle n’a pas cessé depuis le début des primaires. C’est la même hargne qui surgit devant les augustes colonnes de la justice comme elle avait tenté de perturber les discours du républicain à Chicago, Cleveland ou Dallas. Les mêmes spadassins aussi. Tous manipulés. Certains achetés, pour étoffer les rangs de cette opposition protéiforme et subversive. Achetés par George Soros, le spéculateur juif d’origine hongroise. Sur l’esplanade de la Cour suprême, le tarif est de 15 dollars l’heure. L’ennui, c’est le froid : les anoraks ne sont pas fournis.
Stupeur
Soros s’est juré la mort politique de Trump, sa chute, sa déchéance dans un fracas spectaculaire dont il aurait été à la fois l’initiateur, l’organisateur et le financier. Ce globaliste ne peut admettre qu’un populiste, un nationaliste, un homme à l’écoute des besoins impérieux du peuple, et non pas de ses « droits » fictifs, a pu gravir tous les échelons du pouvoir jusqu’à s’asseoir dans le Bureau ovale.
Le globalisme, on ne peut que le constater, marque un temps d’arrêt comme s’il avait été tout à coup pétrifié par un événement imprévu. On le voit à la stupeur de Soros, à ses calculs sournois, à son obsession de nuire par tous les moyens. Car il a essayé la panoplie complète des coups bas : soudoyer des organisations corrosives, fomenter des troubles accusateurs, fabriquer de fausses rumeurs, attiser les conflits raciaux. Soros est un spécialiste de la guerre civile. Il ne s’apaisera que lorsque l’Amérique deviendra un double camp retranché. Pour l’instant, il avance sans rencontrer de résistance. Le tabou est encore trop gros.
Si Soros gesticule comme un forcené, c’est que le combat en vaut la peine. Il s’agit de l’avenir de la Cour suprême, autrement dit l’avenir de la société américaine, des deux prochaines générations. Pour l’instant, la Cour suprême penche du côté du gaucho-libéralisme. L’objectif de Trump est de l’arracher à cette tendance pour la resituer vers le centre afin que, dans certains cas, elle puisse mordre sur la droite conservatrice. Pour cela, il a choisi Neil Gorsuch.
Est-ce le bon choix ? Trump en est convaincu et tous les éléments dont on dispose étayent cette conviction. Mais même si Gorsuch est confirmé par le Sénat, même s’il correspond bien à l’attente des nationaux, l’opération déclenchée par Trump ne sera pas terminée. Il lui faudra attendre un autre siège vacant (démission ou décès) pour imposer à l’auguste institution un juge de plus du calibre de celui de Gorsuch. Ce n’est qu’à ce moment-là que la Cour suprême aura réellement changé de visage : contre les quatre gaucho-libéraux, on trouvera cinq conservateurs, plus exactement cinq constitutionnalistes. Tout sera alors possible contre l’avortement, l’homosexualité, la théorie du genre, l’euthanasie…
Qui est Neil Gorsuch ?
Nous n’en sommes pas encore là. Et d’abord, qui est ce Neil Gorsuch ?
Un juge de Cour d’appel fédérale, quadragénaire, marié et père de deux enfants. États de service : excellents. En plus, il est populaire. C’est un juriste de formation, bien sûr, mais qui s’offrit le luxe de passer un doctorat de philosophie à Oxford. Ironie du sort : Gorsuch fut le condisciple de lorsqu’ils étudièrent le droit à Harvard. Cette proximité n’eut aucune influence sur notre nominé : ses idées se situent à l’opposé de celles de l’ex-président.
On en a relevé quelques-unes, exposées lors de divers jugements.
il est pour, car il fut contre le viol des consciences patronales obligées de financer la contraception de leurs employés en les assurant contre les maladies et les accidents.
Avortement : il n’a rien écrit sur ce drame national mais, à plusieurs reprises, il a remarqué que le jour où « la Cour suprême définira un fœtus comme une personne, l’avortement deviendra illégal ».
« Mariage homosexuel » : il est sans doute contre, parce qu’il a eu l’occasion d’écrire qu’« il est facile à un avocat talentueux de défendre le mariage pour tous devant un juge, mais il est plus difficile de convaincre tout un pays que c’est un bon choix pour lui ».
Ce ne sont que des indications de tendance, pas des certitudes. Dans ce genre de bras de fer, rien n’est écrit dans le marbre. Avec Gorsuch, le suspense commence. D’autant que les républicains n’ont que deux voix de majorité au Sénat et que les démocrates cherchent à leur imposer un flibustier, une pratique qui obligerait le nominé à obtenir huit voix de plus.
Comptabilité serrée pour un homme qui, s’il réussissait, pourrait rester 40 ans à son poste.
CHRISTIAN DAISUG
Présent, n°8793, 4 février 2017