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Sarkozy et la justice

ByLectures Francaises

Oct 10, 2015

Cet été bruissant des ambitions régionales et, en arrière-fond, présidentielles, n’a pas fait oublier les tracas judiciaires de l’ancien président de la République et de ses proches durant son mandat. Les juges apparemment croulent sous les dossiers le concernant. De temps en temps, comme pour empêcher que nos concitoyens n’oublient pas que les serviteurs de Thémis ignorent le chômage et qu’en conséquence quelques anciennes éminences grises ou non, doivent répondre aux questions des juges.

Fin juillet, ce fut le tour de deux sondeurs. Patrick Buisson et Pierre Giacometti ont été convoqués. Patrick Buisson, analyste politique de qualité, a été mis en examen pour « recel de délit de favoritisme », « abus de biens sociaux », et « détournement de fonds publics par un particulier ». Le fond du dossier devra être étudié cet automne.

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Patrick Buisson, conseiller de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy

Pierre Giacometti qui est l’ancien directeur de l’institut de sondages Ipsos, et président du cabinet de conseil Giacometti-Peron, a subi une garde à vue qui n’a été levée qu’après plusieurs heures. Le juge devait statuer plus tard.

Une information judiciaire a été ouverte suite à une plainte d’une association (de gauche), Anticor, qui lutte contre la corruption mais refuse l’adhésion de membres du FN. Elle s’est étonnée devant le nombre et le prix des sondages commandés durant le mandat de Nicolas Sarkozy mais ne semble pas intéressée par tels ou tels contrats audacieux ou nominations d’amis du pouvoir actuel dans les media. Selon Anticor et certaines données de la Cour… 300 sondages auraient été commandés pour la coquette somme de 9,4 millions d’euros par le président Sarkozy… protégé quant à lui par son immunité présidentielle.

Les juges se rattrapent sur les sondeurs, accusés parce MM. Buisson et Giacometti ont facturé des sondages alors qu’ils étaient déjà au service du chef d’Etat. Un peu aussi sur les tarifs qu’ils auraient pratiqués. Pendant trois ans, le parquet de Paris, alors dirigé par Jean-Claude Marin, aujourd’hui procureur général à la Cour de cassation, fit valoir que l’immunité présidentielle s’étendait aussi à ses conseillers. En 2012, changement d’avis de la Cour de cassation : sus aux conseillers.

Début juin, furent convoqués les proches de l’ancien président : Emmanuelle Mignon, directeur de cabinet, les anciens secrétaires généraux, Claude Guéant et Xavier Musca, le publicitaire Michel Goudard, les experts en sondages Julien Vaulpré et Jean-Baptiste de Froment. Tous ont été entendus puis relâchés sans être déférés. On s’est donc rabattu sur les deux sondeurs.

En 2009, la Cour des comptes avait découvert les « coûts exorbitants » desdits sondages et dénoncé que les marchés auraient été passés au mépris des règles de dépenses de l’argent public. Les juges avaient les poissons dans leur filet. Ils ne les lâcheraient plus, avec les arrières pensées que l’on devine. Même les media amis de l’actuel pouvoir admettent qu’il y a des faiblesses dans les attaques et prédisent que les avocats des mis en examen auront beau jeu de les contester.

Ingénument, ils reconnaissent qu’il y a bien du vide dans le dossier et qu’il faudrait dénoncer Nicolas S. : « Toute la difficulté de la justice dans ce dossier est de décrypter les non-dits derrière les signatures officielles. Qui décide de favoriser les sociétés amies de la maison ? » (sic, NDLA) (Le Monde, 31/07/2015). Nous retrouvons le souci des gens de gauche de brandir les pensées secrètes et les non-dits de leurs adversaires.

Evidemment tous ces media salivent à l’avance en espérant qu’à deux ans avant l’élection présidentielle, les « stratégies de chacun seront intéressantes ». Pour l’instant, M. Sarkozy poursuit ses efforts pour regrouper « Les Républicains » (LR) dont il est le patron. D’abord pour remporter les régionales et affaiblir le FN. Aucun des autres prétendants-candidats à la primaire de la droite courbe ne se risque à faire connaître son opinion sur l’instrumentalisation de la justice dont l’ancien chef de l’Etat serait la victime. Ce serait politiquement suicidaire.

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