La Croix est l’unique moyen de salut. Quand l’évêque de Rome (c’est ainsi qu’il se désigne !) oublie les fonctions papales qu’il a acceptées, et continue de suivre les schémas tangents de la communication du temps de l’Ostpolitik Vaticane, voilà à quoi on en arrive. Un échantillon local de catholiques qui se cachent, cachent la Croix, regrettant une époque où on « ne leur demandait pas leur religion ». C’est un vrai requiem pour l’anti-apostolat, et une plaidoirie pour une époque œcuménique, bien loin de l’époque des martyrs qui « couraient à la mort ». Le réveil est dur pour ces rêveurs !
Lu dans Présent :
« Le pape François devrait venir voir comme notre vie est difficile »
Rignano Garganico, une commune de la province de Foggia, dans la région des Pouilles, désormais moins peuplée que le bidonville proche, abritant une main-d’œuvre très bon marché constituée d’immigrés clandestins venus d’Afrique, dont certains ont obtenu un titre de séjour et d’autres non. Il y a maintenant plus de 2 000 résidents dans ce bidonville, dont environ 300 catholiques. A 40 km de la tombe du père Pio, ces chrétiens sont obligés de se cacher pour prier. Le bidonville compte trois mosquées, mais l’unique baraque servant d’église a été brûlée il y a deux ans. Avec la fermeture des frontières au nord du pays, les immigrants clandestins qui continuent d’être débarqués en Italie par les navires européens se retrouvent bloqués au sud des Alpes. Il n’y a pas assez de travail pour tous, avec ou sans papiers, mais « le Ghetto », comme ses habitants l’appellent, continue de croître à un rythme moyen de dix nouveaux habitants par jour.
Avec les restes calcinés de leur chapelle, les catholiques ont fabriqué un crucifix qu’ils cachent, parce qu’on leur a fait comprendre qu’ils ne devaient pas prier devant les musulmans. Venus du Togo, du Ghana, du Nigeria et d’ailleurs, ils ont peur. La dernière fois qu’ils ont fait venir un prêtre pour dire la messe, c’était pour Pâques. Avant, cela se passait mieux. Chrétiens et musulmans vivaient côte à côte et étaient solidaires les uns des autres. Mais depuis deux ans, c’est une autre sorte d’immigrants qui arrivent. « Nombre d’entre eux ne semblent pas aussi tolérants », explique un catholique. « Il y a quelques années, personne ne te demandait quelle était ta religion. Aujourd’hui, ils nous disent qu’ils ne veulent pas voir de croix ni d’images de Jésus. Le pape François devrait venir ici pour voir comme notre vie est difficile. »
Fabrizio Gatti, l’auteur de ce reportage publié dans L’Espressa qui était repris lundi par plusieurs grands journaux italiens, explique que les nouveaux immigrants ne sont en effet plus les mêmes. La langue internationale utilisée dans le bidonville n’est plus l’anglais ou le français mais l’arabe. Car à la suite des programmes d’austérité imposés à l’Afrique par les organisations internationales, c’est l’argent des pays du Golfe qui finance désormais l’éducation des enfants au Sahel, insufflant « le racisme religieux » avec les versets du Coran récités dans les madrassas.
Olivier Bault
Présent, jeudi 25 août 2016, n°8678