Médias : pour quoi faire ?

Médias : ne pas avoir la télévision chez soi ne relève pas d’un choix personnel. C’est ce qui fait la différence entre une famille et un agglomérat de corps vautrés dans un canapé. Certes, la vie conjugale c’est (aussi) regarder ensemble dans la même direction… Mais pas vers cette machine à débiles ! Voulez-vous passer une bonne soirée ? Lisez, faites des jeux de société, marchez, priez et puis…dormez… La télé isole alors que le livre se partage. Les programmes pour attardés servis le soir nous emmènent vers des horaires de coucher qui choqueraient nos ancêtres tellement nous prenons des risques avec notre santé. Vous voulez savoir ce qui se passe en France ? Lisez.

Lu pour vous ce matin dans “ Fideliter” :

Pour quelle raison les médias nous trompent ?

Seulement 23 % des Français font confiance aux médias. Autrement dit, une très grande majorité d’entre eux (77 %) ne leur fait pas confiance (1).  Pourtant, pour approfondir un sujet d’actualité nationale ou internationale, 38 % d’entre eux disent recourir, en premier lieu, aux chaînes de té­lévision généralistes, 24 % aux chaînes d’ information en continu et 10 % à la radio (2)… Globalement, 70 % portent un très grand ou assez grand intérêt aux mé­dias (3). Essayons d’expliquer les causes profondes de ce paradoxe.

LES MÉDIAS, UNE MACHINERIE?

Chacun de nous a fait l’expérience de ce flot inin­terrompu d’images, de faits et de commentaires que nous subissons lorsque nous accédons aux « actuali­tés ». Nous sommes littéralement submergés par des mots, des idées et des émotions. Après la curiosité, le premier sentiment qui vient est celui de l’étour­dissement. En peu de temps, nous sommes mis au contact de faits dont nous ignorions l’existence, de problèmes que nous ne nous n’étions jamais posés, le tout à une vitesse qui dépasse nos capacités de discer­nement. Il y a là un effet de sidération de nos intelli­gences et de nos volontés.

Antérieurement à George Orwell et son 1984, l’écrivain Georges Bernanos avait bien vu les consé­quences de la multiplication de ces « signes » dans le monde moderne. Sa première expé­rience significative des pouvoirs média­tiques est faite en 1936 pendant la guerre d’Espagne. Il montre dans ses articles que, pour faire tomber une ville, la radio est plus efficace que les canons. Il en per­çoit les effets sur la civilisation tout en­tière : “ Informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort de l’homme moderne.”(4)

Dès lors, Bernanos n’aura de cesse de dénoncer la mort de la vie intérieure entraînée par ces moyens de masse. Pro­phétique, il écrit : « La Machinerie pense contre l’homme parce qu’elle pense à sa place, elle le dépossède non seulement de sa propre opinion, mais de la faculté d’en avoir une. Il ne pourra jamais dire ce qu’il pense, pour la raison qu’il ne saura plus ce qu’il pense. La Machine le saura pour lui. Le jour n’est pas loin, en effet, où tous les moyens de diffusion des idées se trouveront réunis en quelque organisation monstrueuse qui, d’ailleurs, en viendra vite à substituer aux idées d’un emploi difficile et parfois dangereux, des images simples et violentes, comparables à celles qu’utilise avec une maîtrise gran­dissante la publicité américaine(5.)

RÔLE ET POUVOIR DES MÉDIAS

Les mensonges des médias du système, par omission ou non, sont légions et sont régulièrement dénoncés par les mé­dias dits de « réinformation ». En tant que catholiques, nous expérimentons chaque jour la présentation fallacieuse qui est faite de notre religion. Les com­portements déviants de la morale natu­relle sont systématiquement mis en va­leur ; ceux qui s’y opposent sont moqués et discrédités. Les profanations d’églises ou de tombes chrétiennes sont passées sous silence tandis que les mêmes faits à l’encontre de l’islam ou de la religion tal­mudique déclenchent de grandes indi­gnations médiatiques.

Malgré ces mensonges et la perte de confiance dont ils sont victimes, les médias gardent un pouvoir immense dans nos sociétés modernes. Mais d’où leur vient ce pouvoir ?

Il leur vient, en premier, de ce que nous avons tous un attrait naturel pour ce qui est nouveau. La « nouvelle » capte notre attention justement parce qu’elle est… neuve. Elle intéresse notre esprit, elle le stimule en lui présentant un nouvel objet de connaissance. Qui plus est, dans une société où les modes de vie et de tra­vail sont de plus en plus abrutissants, les nouvelles tiennent un rôle de divertisse­ment, d’évasion pour l’esprit qui, pour un temps, se fixe sur autre chose.

La deuxième chose à souligner est que notre intelligence est faite pour le vrai. Par l’abstraction des informations qui lui viennent par les sens, l’ intelligence de l’homme accède à l’être d’une chose, à ce qu’elle est, au-delà des accidents qui la composent et qui forment son as­pect extérieur. Les premières questions que se pose un enfant, à l’éveil de son intelligence, ont trait à l’être des choses (« Qu’est-ce que c’est ? ») Dès lors, le fonctionnement « normal » de l’intelli­gence humaine est de rechercher l’être et de le communiquer. Nous sommes par là même naturellement enclins à croire ce que nous dit notre prochain. Il faut vrai­ment tordre l’ intelligence par la volonté pour lui faire dire le contraire ce qu’elle sait (c’est alors le mensonge). Le pouvoir des médias tient donc à la nature pro­fonde de l’homme dont le premier mou­vement est de recevoir pour vrai ce qu’il entend d’autrui.

Pour comprendre l’origine de la Révolution en France

Cette vérité prend un relief particulier pour ce qu’on appelle les « actualités ». En effet, que font des amis lorsqu’ils se retrouvent ? Ils échangent des nouvelles. C’est là encore quelque chose de très na­turel, qui se pratique entre gens qui se font confiance. Or nous savons par Aristote que l’amitié est la base de la société. Nous savons également que la Révolution a détruit les communautés naturelles qui constituent une société :

— la famille, avec la loi sur le divorce et ses corollaires (avortement, contracep­tion, mariage pour tous…) ;

— les corps professionnels avec la loi Le Chapelier interdisant les corporations ;

— les provinces et les pays avec la création des départements.

La Révolution a donc visé — et vise tou­jours — l’avènement d’un individu coupé des communautés qui le perfectionnent. Le résultat de cette pulvérisation est qu’il ne reste plus qu’un ensemble atomisé d’individus au sein de l’État révolution­naire.

Comment, dans ce contexte, une socié­té qui a sapé ses fondements peut-elle te­nir ? Les médias jouent alors ce rôle de « liant » social. Dans une société éclatée (une dissociété, dirait Marcel de Corte), les médias contribuent à l’uniformisation des modes de pensée et à la normalisation des voies d’action. Ils régissent les indivi­dus, évitant que ceux-ci ne partent dans tous les sens, ou en tout cas dans un sens opposé à la Révolution. Ils permettent de faire cohabiter des hommes que tout op­pose (religion, mœurs…) et qui n’ont en fait plus de raisons de faire société. Ainsi la société antinaturelle, véritable termi­tière mise en place à la Révolution, per­dure grâce aux médias qui génèrent une amitié factice entre les individus.

UN TRIPTYQUE AUX COMMANDES

Si les médias ont donc ce rôle artificiel de miroir social, il est utile également de se pencher sur leur cause efficiente, à sa­voir les hommes de médias, et sur les liens que ces derniers entretiennent avec hommes politiques et les financiers.

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Force est de constater que les n de masse appartiennent à un nombre réduit de puissants. En France, le groupe Le Monde (qui inclut notamment titres Télérama, La Vie, l’Obs et le site Rue89) est détenu par le trio Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel. Le premier a fait fortune avec Saint-Laurent avec lequel il vivait. Il est un fidèle soutien du parti socialiste et un éminent partisan du “mariage” pour tous. Le second est directeur de la banque Lazard en France.

Le troisième est le patron du groupe d communications Free, après avoir commencé sa carrière dans le minitel rose. Il détient également une part significative dans le groupe de médias d’Alain Weill (BFM et RMC). Un magnat des télécoms, Patrick Drahi, président de SFR-Numéricable, est flaire de Libération et de L’Express.

Bernard Arnault, l’homme d’affaires le plus riche de France, détient quotidien économique Les Echos, la radio musicale et d’ information Radio Classique et vient de racheter Le Parisien. Quant à Serge Dassault, il détient depuis de nombreuses années Le Figaro, tandis que d’autres industriels milliardaires, Vincent Bolloré et Martin Bouygues sont respectivement actionnaires des chaînes de télévision Canal+ et TF1.

Pourquoi des hommes d’affaires s’intéressent-ils à des titres de presse lourdement déficitaires ? Le schéma ci-dessous permet de synthétiser les relations existant au sein de ce petit monde.

1 – Les politiques ont besoin d’accéder aux médias de masse pour se faire connaître et être élus. Les médias reçoivent des subsides de l’Etat, (subventions directes, aides postales, taux réduit de TFA, régime fiscal des journalistes…)

la_tele_rend_con_web2 – Les politiques ont besoin d’argent pour être élus, les campagnes coû­tant cher. Une fois au pouvoir, les poli­tiques recourent massivement à l’em­prunt (non plus à la Banque de France, mais sur les marchés financiers depuis la loi Pompidou-Giscard de 1973). Les fi­nanciers capitalistes ont besoin des poli­tiques pour obtenir des lois et des régle­mentations qui sont favorables à leurs ac­tivités.

3 – Les médias ont besoin des financiers en tant qu’actionnaires ou pourvoyeurs de publicités. Les financiers ont besoin des médias car ces derniers touchent l’opi­nion. C’est un moyen pour eux d’in­fluencer le politique d’une part et de van­ter leurs produits et services d’autre part.

Nous avons donc là un système très in­tégré, où tout le monde se tient, constitué d’une élite bourgeoise qui a pris le pou­voir au moment de la Révolution fran­çaise. Le club Le Siècle, mis en exergue par feu Emmanuel Ratier, est l’illustration parfaite de ce phénomène. Une fois par mois se réunit autour d’un dîner à Paris l’ensemble de l’élite politique, syndicale, médiatique, économique et financière de notre pays. Ce club très fermé, longtemps tenu secret, a été créé en 1944 par un franc-maçon, membre du parti radical, Georges Bérard- Quélin. La quasi-totalité des personnalités qui comptent en France (présidents de la République, ministres, dirigeants d’organe de presse ou de so­ciétés, hauts fonctionnaires, journalistes, universitaires de renom…) font partie ou ont fait partie de ce club qui compte pas moins de huit cents membres (6).

9137388-14548665Derrière le mythe de la liberté de la presse, derrière la chimère de médias agissant comme contre-pouvoir, il y a des luttes d’influence et des oppositions de façade, mais aussi et avant tout un véri­table système mis en place. On entrevoit ici la sagesse de l’Église qui, dès le début, a mis en garde les âmes contre la liberté de la presse.

 FIDELITER, mars-avril 2016, n°230, p.50 à 54.

Notes :

1- Enquête IPSOS-Steria en partenariat avec France Inter, commentée dans Le Monde du 22 janvier 2014.

2 – Baromètre Médias TNS Sofres – La Croix, janvier 2016.

3 – Enquête IPSOS-Steria, ibidem.

4 – Citation donnée par Gilles Bernanos lors d’une émission sur son grand-père, diffusée le 27 février 2016 sur Radio Courtoisie.

5 – Cité par Jacques Chabot, Université d’Aix en Pro­vence dans l’ouvrage Bernanos et le monde moderne, Presses Universitaires de Lille, 1989.

6 – Pour en savoir plus, il faut lire le livre d’Emmanuel Ratier, Au coeur du Pouvoir, Enquête sur le club le plus puissant de France, Facta, 2011.

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