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Les folles générosités socialistes

ByMichel Leblanc

Nov 22, 2016
Manifestation de soutien aux salariés du site Alstom de Belfort le 24 septembre dernier. Le gouvernement Hollande a soudainement trouvé la solution la plus simple : céder aux demandes des mécontents.

Les folles générosités socialistes

Incapable d’avoir anticipé certaines échéances industrielles et agricoles, le gouvernement Hollande a soudainement trouvé la solution la plus simple : céder aux demandes des mécontents. Il a promis, beaucoup promis : Noël est dans quelques semaines et la campagne électorale mérite bien des encouragements. Le 4 octobre dernier restera dans l’histoire sous le nom du « mardi à un milliard ». C’est, en gros, la somme « lâchée » par l’État en une journée pour apaiser deux « dossiers » chauds : Alstom et les agriculteurs.

Plus exactement, en ce qui concerne Alstom – qui, par ailleurs, fait des bénéfices dans ses autres sites – il s’agissait de maintenir les emplois dans celui de Belfort. Indécis 1er avait déjà été éprouvé avec les longues et violentes manifestations des camarades syndiqués ; il n’en voulait plus. Il céda d’autant plus vite qu’il était obnubilé par le calendrier : il brûlait d’être choisi par la primaire des gauches, les 22 et 29 janvier prochains, aussi a-t-il répété : « j’ai mené et je continue de mener une politique de gauche ». Afin de (peut-être) rassembler les multiples courants de gauche et remporter, dans la foulée, un second mandat à l’Elysée. Peut-il encore y croire ? Pour y arriver, il est clair qu’il est prêt à tout, mais quoi qu’en disent ses amis de la presse, il est très mauvais tacticien et n’a pas de stratégie. Il avance à peine masqué en allant à hue et à dia, sans cohérence. Le capitaine de pédalo a choisi la godille pour propulser le frêle esquif sur des caps incertains. En conséquence, il fuit les prises de décision et se cantonne dans l’expectative.

Rien ne doit ajouter aux déceptions actuelles, à l’amertume générale. La consigne sans cesse répétée aux ministres et aux responsables politiques est : huilez les contacts, fluidifiez les promesses, donnez du lest. Ce qui revient à proposer de l’argent, beaucoup d’argent. Il faut bien utiliser celui des contribuables surtout quand il s’agit de poursuivre, à marches et dépenses forcées, la transformation de la société française dans sa composition, ses mœurs, ses croyances. « Et allez donc, c’est pas mon père » comme dit la môme Crevette. Néanmoins il faut bien finir par donner la parole aux comptables. Les magistrats de la Cour des comptes l’ont fait et ils ont dénoncé méthodiquement cette gestion « au fil de l’eau ». Les aides promises, au coup par coup, à telle ou telle catégorie, se révèlent souvent vaines. Prenons rapidement celles de cet automne, période de bourrasques et… de tensions urnatoires.

Aides prÉcipitÉes pour des commandes contestables

Elles concernent les agriculteurs et le site belfortain d’Alstom. Nous n’entrerons pas dans les détails. Retenons que le gouvernement a décidé de commander d’emblée 15 rames de TGV, 20 locomotives… Soit 700 millions d’euros qui passeront au milliard dans quelques temps. Certes, on comprend la satisfaction des employés qui risquaient d’être déplacés dans d’autres sites du groupe, mais des gens compétents ont donné des précisions : les 15 rames de TGV dont l’achat a été confirmé, sont prévues pour rouler entre Bordeaux et Marseille, soit sur des lignes classiques, dotées de très peu de portions à grandes vitesses. Or un TGV coûte 30 millions d’euros contre un peu moins de 20 millions pour un train « normal ». De plus les TGV ont un coût d’exploitation plus cher (au moins 30 % de plus au kilomètre) et leurs pièces de rechange sont également plus coûteuses. Qu’importent ces détails !

mesures
L’année a été mauvaise pour les céréaliers : une récolte de blé en baisse de 30 % par rapport à 2015.

Le dossier agricole, comme l’on sait, est en permanence ouvert et ses fièvres récurrentes. L’année a été mauvaise : une récolte de blé en baisse de 30 % par rapport à 2015 (qui fut exceptionnelle). Après les éleveurs laitiers et les producteurs de bovins, les céréaliers sont venus au ministère pour demander eux aussi un soutien. Le même 4 octobre, Manuel Valls leur donnait satisfaction. Le gouvernement garantissait 1,5 milliards d’euros de prêts aux exploitants agricoles, garantie pouvant être accordée à hauteur de 50 % pour des nouveaux prêts. De plus, l’État s’est engagé à prendre en charge la garantie pour les agriculteurs en difficulté, en faisant d’autres « courtoisies » : prolonger l’année blanche bancaire, allègements des cotisations sociales. Pour les zones touchées par les intempéries, dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, etc. La plupart des éleveurs et des céréaliers sont conscients que les prêts offerts ne sont pas la solution. Ils réclament que leurs productions soient payées à des tarifs leur permettant de vivre. La concurrence mondiale est féroce et bien des exploitations sont lourdement endettées. Signe inquiétant : le gouvernement a mis en place un « plan d’accompagnement » des agriculteurs souhaitant quitter le métier et chaque jour l’on apprend des détails déchirants (suicides, maladies…) sur la détresse profonde du monde agricole.

Les attentions particuliÈres envers les jeunes

Avant même son élection, François Hollande avait cherché à séduire les jeunes… en leur faisant miroiter des facilités multiples pour poursuivre des études et se préparer à un métier. Le 22 janvier 2012, au Bourget, il n’avait pas hésité à faire des promesses du genre solennel, aisées à garder en mémoire. Il lança : « Est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? Je demande à être évalué sur cette seule vérité, sur cette seule promesse ». Il faut aujourd’hui reconnaître qu’il n’a pas effectivement économisé les mesures ni les budgets pour tenter de faciliter aux jeunes l’accès à un travail. Sur ce sujet, dans son rapport rendu public le 5 octobre dernier, la Cour des comptes est revenue sur les nombreuses mesures mises en place depuis des années en faveur des jeunes et en a évalué les effets concrets. Elle conclut sobrement que les empilements des dispositifs et des intervenants ont en effet été déployés « mais sans toujours obtenir les effets escomptés ». Bref on a trop fait et de façon brouillonne.

En gros, il y a une vingtaine de dispositifs pour un coût global de 10,5 milliards d’euros. Quand les magistrats ont cherché ce qu’il était advenu des jeunes « encadrés » par une foule d’agents et de fonctionnaires, ils ont vu que, dans la plupart des cas, les résultats étaient moins que médiocres. Les emplois sont majoritairement des emplois « aidés » : « ce sont quatre jeunes sur cinq dont les salaires bénéficient d’une aide publique tous les mois » ! Et l’efficacité des « accompagnants » laisse à désirer : « seuls 9,6 % – soit un sur dix ! – des jeunes ayant bénéficié d’un accompagnement de Pôle emploi ont trouvé un travail à l’issue de leur prise en charge ». Le gouvernement socialiste avait, à grand frais, annoncé que, grâce à son action, le nombre des « décrocheurs » allait être divisé par deux. Il est seulement passé de 150 000 à 110 000.

Bref, les résultats sont déplorables, même les soutiens médiatiques de Hollande le reconnaissent : « quasiment aucun des objectifs fixés par le gouvernement, n’aura été atteint ». Notamment la baisse du chômage des 15-24 ans. Il était et reste de l’ordre de 24 %. Il atteint parfois le double. Rappelons quelques réalités : La somme totale allouée par l’Etat aux contrats aidés est de 2,02 milliards d’euros. Les quelque 170 000 jeunes qui en bénéficièrent, se retrouvaient à 80 % dans les collectivités territoriales et les administrations. Rien que l’accompagnement et le suivi des jeunes ont occasionné, selon la Cour des comptes, 1,45 milliard d’euros. Pour l’apprentissage de 400 000 apprentis et les contrats de professionnalisation de 165 000 autres jeunes, il a été dépensé 5,95 milliards d’euros.

Les pÉpiniÈres scolaires

S’il est un domaine que la gauche considère comme sa chasse gardée, c’est bien l’école dont elle a fait déjà sauter bien des bases. La « Loi de refondation de l’école » était toujours sur le feu. Las ! Fin septembre, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) – on est jamais trahi que par les siens – a démontré dans son rapport que les « attendus qui président aux réformes éducatives depuis trente ans, y compris par la gauche, conduisent mécaniquement à un creusement des inégalités ». On ne parle plus de « savoirs » qui est un gros mot dans l’Education nationale, ni même des « compétences », mais de « correction », en fait d’alignement social au nom de l’égalitarisme. Ce qui devrait réjouir Najat Vallaud-Belkacem et ses conseillers qui auraient donc encore l’espoir de parachever la subversion totale de l’école française. Même en cas de changement d’équipe au pouvoir, il faudra être très vigilant. Des ministres de l’Education nationale, dits de « droite » mais incompétents, genre Chatel, ont toujours poursuivi les plus mauvaises « expériences pédagogiques » imposées par la gauche.

Ce domaine pourtant choyé, connaît lui aussi bien des déboires. A commencer par un budget 2017 bien malmené. Toutes les mesures annoncées par François Hollande sont loin d’être « budgétées ». Les mesures prévues cet automne en faveur des jeunes, des enseignants, des élus locaux devraient « tourner » autour de 6,5 milliards d’euros en 2017. Les spécialistes s’inquiètent. Le rapporteur socialiste du budget a critiqué le vague de la méthode suivie pour compenser les 4 milliards de dépenses supplémentaires en 2016, notamment les coups de « rabot » ici ou là, suivis des classiques « reports », et des annulations de crédits. Pour 2017 ce sera encore plus tendu. L’effort d’économies prévu par Bercy atteindra, excusez du peu, 18,7 milliards… dans l’hypothèse que l’on recherche toujours de ramener le déficit public au-dessous des 3 % du PIB. Sinon où ira-t-on ? En puisant dans quelles économies, avec quelles nouvelles taxes, imposées à quelles catégories de Français ? Le gouvernement a raison de se méfier de l’exaspération des contribuables.

Pour la première fois, le Trésor a produit cette année un bilan des différentes nouvelles mesures en prélèvements obligatoires portant sur les ménages français. Ces derniers ont payé, sans prendre en compte les effets de la fiscalité indirecte (genre TVA), 32 milliards de plus durant ce quinquennat. Les foyers aux revenus moyens et supérieurs ont particulièrement contribué et leur pouvoir d’achat a baissé. Quelle que soit leur désignation fiscale, les familles se sont fait entendre, le 16 octobre, au Trocadéro, dans la journée d’action de la Manif Pour Tous, contre les lois Taubira et les directives de NV-B qui a encouragé la diffusion, dans les écoles, des idéologies les plus rances et les plus perturbantes (genre, sexualité) pour les jeunes enfants.

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