Lectures Françaises

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Les coulisses du Concile (N° 111 de juin 1966)

Les coulisses du Concile

Le 8 décembre 1965, les portes de la basilique Saint-Pierre se refermaient pour signifier la fin du concile Vatican II ; quelques mois après, Lectures Françaises rapporte les dessous du Concile, et surtout l’influence juive à travers différentes pressions sur les cardinaux et même sur les papes Jean XXIII et Paul VI.

Le cardinal Bea, jésuite allemand, inspirateur du projet de réforme liturgique qui a été réalisé à travers le Concile, fut aussi la cheville ouvrière de la pensée œcuménique, en tant que président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. C’est lui qui défendit le texte Nostra Ætate ratifié dans le Concile, et qui a permis ensuite de modifier la pensée de l’Église sur le peuple juif, jamais l’Église n’a parlé aussi respectueusement des Juifs et du judaïsme : le déicide n’a pas été remis en cause, mais il a été relégué aux oubliettes, par la politique du silence.

François-Xavier d’Hautefeuille

Les coulisses du Concile

Les coulisses du Concile« Une des caractéristiques les plus révolutionnaires du Concile a été la publicité, grâce à laquelle, le monde entier a pu suivre les débats qui, théoriquement, se déroulaient à huis clos. »

Ainsi s’exprime La Terre Retrouvée (15 mars 1966, p. 5) sous le titre « Les Juifs et la décision de Rome ».

Et pour bien montrer que ce huis clos n’était que théorique, M. Geoffrey Wigoder, son auteur, nous révèle toutes les négociations et intrigues qui ont eu lieu dans les couloirs du Concile et particulièrement entre des organisations juives, comme l’American Jewish Committee et l’Anti-Defamation League (des B’nai B’rith) qui avaient leurs représentants sur place, et certains pères conciliaires influents, voire avec Jean XXIII et Paul VI en personne.

M. Geoffrey Wigoder, journaliste assez obscur, n’était pas dans le secret des dieux. Aussi ne fait-il ces révélations que par personnes interposées ; il tient ce qu’il nous raconte de M. Joseph Roddy, rédacteur en chef de l’hebdomadaire américain Look, qui écrivit dans ce journal, en février dernier, un article intitulé « Comment les Juifs ont transformé la pensée catholique », et un compte-rendu paru dans le dernier Jewish Year Book sous la signature de Mme Judith Herschcopf : « L’Eglise et les Juifs : Vatican Il en guerre ».

Résumons :

L’immixtion des Juifs dans les affaires de l’Église aurait commencé avec la célèbre entrevue de Jules Isaac et du pape Jean XXIII en 1960 : le premier était allé attirer l’attention du second sur le contenu de son livre : L’Enseignement du mépris.

« Après cette entrevue, écrit La Terre Retrouvée (op. cit.), Jean XXIII avertit clairement la Curie qu’il attendait du Concile la condamnation de l’antisémitisme catholique, et décida – ce qui pouvait paraître étrange – de confier le soin de formuler cette condamnation au Secrétariat pour l’Unité chrétienne, dirigé par le cardinal Bea.

Commencèrent alors de nombreux pourparlers, à Rome même, entre les représentants des deux organisations juives ci-dessus citées (l’un était le Prof. Heschel, du Séminaire de Théologie juive de New York) et les bureaux du Vatican, par le truchement du cardinal Bea. Jean XXIII reçut le Dr Nahum Goldmann, président du Congrès Juif mondial. D’un commun accord, on en arriva à poser le problème du « déicide », qui devait venir en discussion dès la première session du Concile en 1962. La Curie fut réticente, Jean XXIII et le cardinal Bea restèrent fermes sur leur propos. La Curie réussit tout de même à retarder la mise en discussion de ce thème jusqu’en 1963, mais pas plus : ainsi fut posé par contrecoup, devant le Concile, le problème de la « Vérité » du Nouveau Testament. La tactique des organisations juives était claire : amener les Pères conciliaires à déclarer que le Nouveau Testament n’était qu’une imposture et que seul l’Ancien pouvait être pris en considération. On n’y vit que du feu. La manœuvre réussit en partie : on « déplora » au lieu de « condamner » et on se tut sur le « déicide », ce qui ouvre la porte à des modifications ultérieures favorables aux Juifs.

Jean XXIII mourut. Le cardinal Bea restait : il était acquis à l’opération. En 1963, au début, il s’était rendu à New York et y eut des entretiens secrets avec les représentants de l’American Jewish Committee (le Prof. Heschel, le rabbin Lookstein, recteur de l’Université juive de Bar-Ilan, le rabbin Finkelstein, du Séminaire de Théologie juive, etc.). Et, en fin d’année, lors de la deuxième session, le schéma fut présenté au Concile dans une version établie en commun par le cardinal Bea et les personnalités juives ci-dessus citées. Se promenaient dans les couloirs du Concile : un représentant de l’Anti-Defamation League (Zachariah Schuster), un de l’American Jewish Committee (Joseph Lichten) et le porte-parole du Congrès Juif mondial, Fritz Becker.

Malgré cette offensive soigneusement préparée, les choses n’allèrent pas toutes seules : les Pères conciliaires décidèrent de revoir le texte entre la deuxième et la troisième session, de le modifier pour le rendre plus conforme, notamment sur le déicide, au Nouveau Testament.

Grand branle-bas de combat chez les évêques américains très influencés par l’importante population juive au milieu de laquelle ils vivent. Le cardinal Cushing de Boston prit la tête de la croisade contre toute modification du texte du cardinal Bea. Le Prof. Heschel, Joseph Lichten, Zachariah Schuster, etc. de l’American Jewish Committee et de l’Anti-Defamation League, demandèrent à être reçus par le pape Paul VI qui accepta, à condition que l’entrevue fut tenue rigoureusement secrète. Mais les délégués juifs commirent des indiscrétions dans une interview accordée au journal israélien Maariv. Et c’est comme ça que tout le pays l’a su…

Devant le scandale, le cardinal Bea fit machine arrière et ne défendit plus que mollement son texte. Le pape Paul VI, irrité par ces indiscrétions, ne voulut pas aller au-delà de « déplorer », mais il accepta de ne rien dire du déicide plutôt que de lever la condamnation.

Et c’est ce texte qui fut soumis au Concile au cours de la troisième session (1964), puis définitivement adopté au cours de la quatrième (1965).

Lors de la quatrième et dernière session, il n’y eut plus qu’un baroud d’honneur : Lichten et Schuster (American Jewish Committee et Anti-Defamation League) avaient reçu le texte des décisions du Secrétariat avant qu’elles ne fussent officiellement connues des Pères conciliaires. Ils alertèrent le ban et l’arrière-ban et envoyèrent des télégrammes aux Pères qui leurs étaient acquis. Les évêques américains prirent fait et cause pour eux. En vain : « … Et la version définitive fut votée, nous dit La Terre Retrouvée, après avoir été présentée sans enthousiasme par le cardinal Bea. »

« Sans enthousiasme », on le comprend.

Contraint et forcé, en somme, par les indiscrétions des porte-paroles des organisations juives au Concile.

C’est surtout sur ces indiscrétions motivées par les tractations et intrigues menées par ces représentants auprès de certains Pères conciliaires – dont beaucoup s’y prêtaient – et des papes Jean XXIII et Paul VI, que cet article se proposait de mettre l’accent. Il n’est peut-être pas exact de dire que « Les Juifs ont transformé la pensée catholique » comme l’affirme le rédacteur israélite, mais il serait très osé de dire qu’ils n’ont pas influencé les décisions du Concile.

L. F.

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By François-Xavier d'Hautefeuille

François-Xavier d'Hautefeuille est le directeur de publication de Lectures Françaises depuis 2010, il a pris la succession de Jean Auguy et de Henry Coston. Il publie une rubrique mensuelle qui s'intitule "Il y a 50 ans" et qui est une rétrospective des numéros de la revue parus.

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