NDLR : Alexandre Goodarzy parcourt depuis une vingtaine d’années les pays du Proche-Orient et de l’Asie centrale. Il a vécu de 2015 à 2020 en Syrie. Pris en otage par les islamistes en 2020 à Bagdad (Irak), puis libéré au bout de 66 jours, il témoigne de sa captivité et de son engagement au sein de l’association SOS Chrétiens d’Orient [1] (dont il est aujourd’hui directeur adjoint des Opérations – responsable Développement) dans un livre Guerrier de la paix [2] au sujet duquel il a prononcé une conférence lors de nos dernières Journées chouannes (3 et 4 septembre 2022).
SOS Chrétiens d’Orient (SOSCO) : qui sommes-nous ? que faisons-nous ?
Si le terme « chrétiens d’Orient » est aujourd’hui banalisé, c’est parce que depuis environ une décennie leur existence a été rappelée au monde entier, notamment à travers le conflit syrien. En effet, rares sont ceux qui se souviennent que nos frères en Christ existent aussi là-bas, dans des territoires que l’on pense parfois, à tort, exclusivement musulmans.
L’objectif principal de SOS Chrétiens d’Orient est d’aider les Orientaux chrétiens à ne pas disparaître de la terre de leurs ancêtres. En à peine une dizaine d’années, l’organisation s’est établie dans 7 pays : Syrie, Irak, Liban, Jordanie, Égypte, Arménie, Éthiopie et se rend régulièrement au Pakistan. Pour chacun d’eux (excepté le Pakistan), un chef de mission assure la mise en place de projets destinés au maintien des chrétiens sur leurs terres. Le soutien est médical, culturel, matériel, alimentaire, spirituel, moral. Pays touchés directement par la guerre ou bien pays victimes des conséquences de guerres qui frappent les États voisins, les populations chrétiennes voient leur existence menacée d’extinction. Les razzias menées par les djihadistes sur les populations du Croissant Fertile (zone géographique allant de la mer Méditerranée au golfe Persique) et du Caucase poussent les chrétiens à la fuite. Dans le meilleur des cas, trois choix leur sont proposés s’ils tombent entre leurs mains : la conversion à l’islam ou le paiement de la djizzya (la taxe que le chrétien paye pour avoir le droit de résider en « terre d’islam ») ou encore l’exil. Dans le pire des cas, le sort qui leur est réservé est beaucoup plus terrible : meurtres, esclavage sexuel, enfants enlevés à leurs parents puis dressés pour devenir des petits soldats du califat, etc.
En Syrie, les deux tiers des chrétiens ont été contraints d’émigrer. En Irak, leur population a été divisée par 10. Pour stopper cette hémorragie, SOSCO a participé à la reconstruction de nombreuses églises, de maisons, d’écoles, d’hôpitaux et a assuré la distribution de matériel médical, de nourriture, de vêtements chauds, de produits hygiéniques pour des dizaines de milliers de familles.
En à peine 10 ans, c’est également plus de 2700 bénévoles qui sont partis au Proche-Orient et dans le Caucase pour aider leurs frères meurtris et oubliés. En réalisant cet Erasmus culturel et spirituel, SOSCO investit sur l’avenir français. Ce que le service militaire ou autres institutions civiques n’offrent plus à la jeunesse de France, c’est l’Orient civilisateur qui va le leur apporter. Une région où le bon sens ne se discute pas. Là, où peu importe les croyances établies, la morale ne dévie pas selon la tendance, selon le siècle, selon l’esprit du moment. Là où la modernité cohabite avec la Tradition et où on ne relativise pas les évidences et l’ordre naturel établi. Pas besoin de formation ou d’enseignants pour réexpliquer les fondamentaux à ces jeunes Occidentaux, ils vivent tout simplement le réel au quotidien. En procédant ainsi, SOS Chrétiens d’Orient réalise deux autres objectifs : tisser à nouveau des liens entre l’Église d’Occident et les églises d’Orient, les deux poumons de la chrétienté et encourager les Français à s’engager pour le bien commun une fois de retour au pays.
Regard géopolitique sur la situation en Orient pour les chrétiens
La Syrie, l’Irak et l’Égypte sont les trois nations arabes modernes héritières des trois plus grands califats arabo-musulmans de l’Histoire : Omeyyades, Abbassides et Fatimides. Contrairement à la France dont l’idéologie nationaliste a fait table rase du passé en reniant tout ce qui la rattache à la chrétienté, les Arabes eux ont justement procédé à la démarche inverse : puiser dans leur passé islamique pour se bâtir un avenir arabe. En effet, considérés en état d’arriération par les Ottomans pendant cinq siècles (1453-1922), les Arabes ont été chercher dans leur passé glorieux ce qui allait leur donner la légitimité politique de faire entrer leurs jeunes nations dans la modernité. L’Islam est donc le ciment culturel, voire l’âme, des nations arabes entre elles. Par conséquent ; un arabe chrétien doit intégrer l’Islam comme un des facteurs de son identité. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)
Alexandre GOODARZY
[1] – 10 rue du Dôme, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 83 92 16 53, courriel : contact@soschretiensdorient.fr. Site : https://www.soschretiensdorient.fr/fr/
[2] – Éditions du Rocher, 2022, 336 pages, 17 €.
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