Le roi n’est mort qu’une fois (3)

Henri V comte de Chambord

L’Assemblée nationale de 1871 aurait pu déboucher sur une nouvelle monarchie selon la Charte, si l’héritier salique avait consenti à prostituer la royauté très chrétienne et sociale en se laissant hisser sur le pavois par les dynasties bourgeoises qui auraient continué à régner, drapées dans les trois couleurs, comme elles n’ont cessé de le faire depuis Thermidor et Brumaire. Le « fier refus » du comte de Chambord fut assimilé à un suicide de la monarchie, alors que les apparences de Restauration à lui proposées auraient plus sûrement encore consacré cette mort du roi scellée un certain 21 janvier. Seul un tel refus conservait à long terme l’espoir d’une authentique résurrection.

À court terme, les combinaisons orléanistes s’effondrèrent les unes après les autres et firent place nette pour plus de soixante ans à la Troisième République. Les dynasties bourgeoises y conservèrent le pouvoir économique. Les républicains de gauche, les radicaux, puis les socialistes s’y partagèrent le pouvoir politique.

La défaite de 1940 sonna tragiquement la fin de la longue récréation. Les gauches et les droites de compromis s’entendirent à se débarrasser des responsabilités sur les épaules du « vainqueur de Verdun », flanqué d’un aréopage de notables, de généraux et de technocrates. Malgré la botte ennemie, la Révolution nationale sonna comme l’espoir d’une renaissance en des jours trop sombres. Était-elle vraiment une contre-révolution ?