Le roi n’est mort qu’une fois (2)

Le Sacre de Napoléon par Jacques-Louis David
Le Sacre de Napoléon par Jacques-Louis David, Domaine public, via Wikimedia Commons

Les régicides croyaient établir durablement la République. Onze ans plus tard, par-delà le Directoire et le Consulat, cette même République voyait, selon l’expression consacrée, son gouvernement « confié à un empereur » (Constitution de l’An XII, article 1). Ainsi commençait la valse des régimes.

Cimenté par les victoires militaires, le Premier Empire s’effondra par deux fois dans la défaite (1814 et 1815).

Avec la Restauration, on crut tout à la fois que le pays et la monarchie étaient durablement redressés, qu’avec Louis XVIII, puis Charles X, le fil de la continuité capétienne était renoué. Oui mais voilà, les survivants de la République, les vainqueurs de Thermidor, les régents de la Banque de France et les sénateurs de l’Empire étaient toujours là. C’étaient eux qui, derrière Talleyrand, avaient condescendu à la Restauration et imposé à un Louis XVIII, sans doute plus imbu des Lumières que des vertus du sacre, la Charte de 1814, qui prétendait consacrer en même temps la tradition capétienne et la pérennité du « droit nouveau » né en 1789. Incapable de conjurer la continuation de la Révolution, même lorsque les royalistes finirent par conquérir le gouvernement et lorsque Charles X reçut l’onction sainte à Reims, la Restauration fut la deuxième mort paradoxale de la monarchie, scellée par la révolution de juillet 1830.

« Usurpateur de bonne maison », Louis-Philippe ne parvint pas à faire perdurer le compromis de la Charte : il était tout à la fois en porte-à-faux avec la tradition monarchique et avec la République, à laquelle il céda finalement la place, une nouvelle révolution aidant (1848). Mais à nouveau la République, deuxième du nom, confia son gouvernement à un napoléonide, président puis empereur à son tour. En 1870, comme en 1815, l’Empire ne put survivre à la défaite. Immédiatement, la République fut proclamée par les hommes du 4 Septembre (1870). Ils furent dépassés par des communards plus révolutionnaires qu’eux, puis désavoués par le suffrage universel, plus conservateurs, qui s’en remit aux notables.