Quelques rappels importants sur la théosophie

Quelques rappels importants sur la théosophie

On peut définir la théosophie (littéralement « sagesse de Dieu ») comme une pseudo-mystique s’étant répandue tout au long des siècles dans l’Occident chrétien, principalement pendant la Renaissance, par le biais d’innombrables sociétés secrètes initiatiques et gnostiques, de type alchimique et d’inspiration essentiellement rosicrucienne ; puis plus tard à travers divers courants artistiques, philosophiques et littéraires, comme le romantisme (surtout le romantisme allemand), participant pour le coup, et ce de manière considérable, à une véritable crise de la conscience européenne pour reprendre l’excellente expression de l’intellectuel Paul Hazard.

Si les systèmes théosophiques sont tous plus compliqués les uns que les autres et se déclinent à l’infini, leur but demeure toutefois inchangé : il vise au salut de l’homme par ses propres moyens, et plus que cela, il vise à la divinisation de l’homme par l’Illumination, par la connaissance (on parlera dans ce cas de « connaissance totale ») ou encore par la maîtrise d’une mystérieuse « doctrine secrète » transmise de génération en génération par des élus inconnus. Lorsque l’on cherche à en savoir un peu plus sur cette « connaissance totale », ou encore sur cette « doctrine secrète », la plupart des théosophes (comme Claude de Saint Martin, Jacob Boehme, Swedenborg ou encore Rudolf Steiner) semblent botter en touche et s’empêtrent rapidement dans des divagations philosophico-métaphysiques incompréhensibles et interminables qui useront rapidement la patience de tout honnête homme un tant soit peu curieux.

La divinité se situe en effet, selon le théosophe, dans l’homme lui-même, et c’est à lui d’allumer cette étincelle divine qui sommeille en son for intérieur, son « vrai moi », en développant ses capacités psychiques afin d’atteindre « un état d’élévation cosmique sublime » (nous essayons d’employer le langage des théosophes), le catholicisme et ses mystères étant considérés en l’occurrence comme des fables pour intelligences inférieures… C’est que certains théosophes, tout en se disant chrétiens (on parle dans ce cas de « vrai christianisme » ou de « christianisme régénéré ») se plaisent à faire référence à Dieu continuellement dans leurs écrits, mais toujours à la manière des talmudistes et surtout des kabbalistes, à savoir qu’ils considèrent Dieu comme une espèce d’auxiliaire qui dépendrait de l’homme pour s’assumer lui-même. Il s’agit toujours d’une entité suprême certes, mais qui ne saurait pleinement s’accomplir tant que l’homme ne l’aura pas rejoint dans des espèces de cimes cosmiques imprécises et angoissantes communément appelées « le Grand Tout », et ce afin de l’aider à compléter le perfectionnement de sa propre divinité. Les théosophes utilisent dans ce cas le terme très clinquant de « grande réintégration ». C’est d’ailleurs ce qui caractérise le mieux le théosophe, selon nous, à savoir qu’avant de croire en Dieu, il croit surtout en lui-même et en sa propre « parcelle divine », en ses propres « capacités sublimes » et en sa propre « lumière étincelante ». De plus, comme l’explique le très compétent M. de Boistel : « La théosophie n’admet pas l’influence morale d’un individu sur les autres. C’est pour cela qu’elle rejette le péché originel et la Rédemption » (Conférence de M. de Boistel sur la Théosophie, Revue Internationale des Sociétés Secrètes (RISS) [1], p. 19).

La théosophie est donc une forme de gnose quasi archétypique et somme toute guère bien originale, que des auteurs autorisés tels que Serge Hutin font remonter à Simon le Magicien, le grand adversaire de saint Pierre et de saint Jean. C’est une doctrine ésotérique par le biais de laquelle l’homme devient l’égal de Dieu (voire le supplante ?) en devenant un surhomme fantasmé. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

I. C.

[1] – Fondée par Mgr Ernest Jouin.

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