La déclaration émanant du ministre des Armées, a tourné autour du pot. Elle a présenté sa démarche destinée aux militaires français comme un « impératif stratégique », ce qui peut paraître un peu vague, euphémique « pour les intéressés ». L’objectif est en fait de convaincre des recrues d’origines religieuses variées, afin « de dire et prouver que la République n’est pas un régime hostile aux religions ». Donc expliquer la laïcité française « une pédagogie par l’exemple de la « laïcité militaire ».
Une brochure a été écrite en mars dernier, à cet effet. Elle répond à une demande des attachés de Défense français en poste à l’étranger ne sachant que répondre à leurs homologues militaires. Elle va être « testée » en France dans des écoles militaires… mais on a déjà pensé à une utilité plus directe : lors de la « journée défense et citoyenneté » et pour le futur (?) « service national universel ». L’adjectif important dans l’appellation étant « universel ».
Comme le dit Éric Germain, le « responsable des questions religieuses à la direction des affaires internationales et stratégiques » (sic) : « l’armée est le seul endroit où la société française se retrouve dans toute sa diversité ». Il explique qu’il ne s’agit pas de « neutraliser toute expression du religieux mais de le réguler ». Néanmoins il fait montre d’honnêteté intellectuelle en reconnaissant pour la « tendance française, de vouloir effacer le religieux dans l’espace étatique ».
Pour se faire comprendre, il pourrait donner des exemples d’officiers remarquables de la fin du XIXe siècle, écartés de promotion quand les F:. de service marquaient sur leurs fiches « va à la messe ». Ou, comme ce fut le cas pour Foch : « A un frère jésuite ». Néanmoins, les aumôneries avaient été créées en 1880, ce qui étonne les laïcards du XXe siècle.
De nos jours, il y a 231 aumôniers aux armées : 142 catholiques, 34 protestants, 17 israélites, 38 musulmans. S’y ajoutent des réservistes. L’aumônerie musulmane a été mise en place en 2005, dans la foulée du Conseil français du culte musulman. Dès les années 1990, devant l’arrivée de plus en plus d’engagés musulmans, issus de l’immigration, les gouvernements se soucièrent d’accorder des privilèges en leur faveur : rations halal ou (beaucoup plus rares) de rations casher.
En 2000, les aumôniers suivent la pente, ils se tournent un peu vers le syncrétisme en organisant un rituel des célébrations inter-cultes de levées des corps pour les « morts au combat ». Les militaires catholiques ont pu effectuer des pèlerinages. Sous des pressions discrètes, celui de la Mecque est organisé depuis 2010 pour les familles des militaires musulmans.
Le déferlement d’actes ou tentatives terroristes musulmans, a entraîné quelques réticences naturelles. Mais au nom du mot d’ordre officiel des media, il ne faut pas dire que le terroriste en action est bien islamique. « L’ouverture » que les bien-pensants actuels approuvent, veut, quoi que l’on en dise, ménager les susceptibilités de militaires musulmans devenus nombreux (cf. les régiments où les effectifs musulmans sont « à deux chiffres »). Jusqu’à preuve du contraire, la cohésion est néanmoins restée forte dans les unités engagées dans les opérations.