La fermentation gauchiste
Depuis avril, avec l’occupation de la place de la République par les groupes rattachés à Nuit debout, s’est constituée une plateforme médiatisée des rêves gauchistes qui n’est pas sans rappeler aux plus âgés de nos lecteurs, les palabres interminables des soixante-huitards et leurs AG sans conclusion. Comme ces derniers, ils ne poussent pas en avant un meneur particulier, et multiplient les petits cercles « autogérés ». Mais les comparaisons s’arrêtent vite.
En 2016, les participants n’ont rien de rêveurs. Ils ont été formés à Europe Écologie-Les Verts, mais aussi au Front de gauche, au Nouveau Parti anticapitaliste de Besancenot. Les ont rejoints des collectifs très actifs d’ultra-gauche : Jeudi Noir (spécialisé dans les squats de logements vides), Génération précaire, Droit au logement (DAL), Attac, etc. Dès le début, on a repris des manies venues d’autres collectifs révolutionnaires : utilisation de pseudonymes, références à Occupy Wall Street (pour lequel les milliardaires Soros, Bernanke, Fink ont dit leur intérêt), aux Indignés espagnols, Podemos, etc.
Le quotidien L’Humanité est distribué régulièrement. Les thèmes de discussions portent sur l’État policier, l’islamophobie d’État (sic), les discriminations à l’encontre des minorités (femmes, jeunes, immigrés…), la durée légale du travail (pour 32, voire 25 heures !), l’éducation. A noter l’absence d’ouvriers mais aussi le refus musclé de ces Nuit debout de tolérer la présence de Veilleurs catholiques venus pour discuter. Les naïfs !
Selon une enquête menée « par trente chercheurs et étudiants en sciences sociales », le profil type des participants à Nuit debout est « un trentenaire diplômé originaire d’Ile-de-France votant à gauche ». Les grandes villes de province suivent le mouvement, les intermittents du spectacle occupent les théâtres nationaux. L’objectif sous-jacent à ces gesticulations verbales étant bien une poussée révolutionnaire qu’il faut préparer en appuyant ainsi les grévistes de la CGT et des syndicats Sud.
Dès le 1er mai, on put observer l’arrivée des Black Blocs, des groupuscules très entraînés au combat urbain, déjà évoqués qui se glissent dans les rangs de la CGT et de FO. La manifestation dégénère. Banques, commerces, permanences du PS, postes de police, rien ne les arrête. Les politiques déplorent, mais excusent, justifient, trouvent, comme Hollande, légitime que la jeunesse « veuille s’exprimer ».
Commencèrent alors les séries de manifestations contre la loi travail avec des accès de violences quotidiennes pour certaines villes. A l’instar de Rennes ou Nantes, bien des agglomérations ont subi, depuis avril, les assauts criminels des zadistes (de Notre-Dame-des-Landes et d’ailleurs, d’étudiants « radicaux ») qui pratiquent une guérilla urbaine déchaînée et méthodique, dans le but de faire plier le gouvernement sur la loi travail. De plus en plus, ces sections d’assaut de la révolution s’en prennent directement à des gendarmes ou policiers moins nombreux et mal soutenus par leurs responsables politiques.
Il faut ici dénoncer les freins coupables mis par lesdits « responsables » de la sécurité contre les « combattants anti-flics ». Les ordres de ripostes tardent, l’usage des moyens efficaces – par exemple les camions anti-émeutes avec canons à eau – est négligé, ce qui entraîne des jets multiples causant des blessures très graves à plus de 300 gendarmes et policiers. Devant l’exaspération générale, Valls a accéléré les arrestations, mais la précipitation n’est pas toujours efficace : 1 300 interpellations n’ont abouti qu’à une cinquantaine de condamnations en comparution immédiate.
Quoi qu’il en soit, des observateurs ont souligné que la réponse du gouvernement aux violences de 2016 a été beaucoup moins rapide et nette que la répression de 2013 (contre la Manif Pour Tous qui n’avait rien vandalisé ni blessé personne).
Fin mai, s’ensuivit le blocage dans les transports, les traitements de déchets, les grèves, la chienlit générale. Quand les inondations dévastèrent des régions entières, les dirigeants de la SNCF et autres transports demandèrent aux grévistes CGT de reprendre leurs postes pour aider les sinistrés. Ce fut niet.
Qui seront les vrais bénéficiaires politiques de l’association des violences gauchistes et syndicales ? Nous avons bien compris que l’on ne fait pas la révolution avec des enfants de chœur mais aussi que la violence, « inadmissible » pour la majorité de nos concitoyens, devient licite donc encouragée pour d’autres groupes et corporations se prévalant d’une étiquette gaucho-libertaire.