Qu’en est-il, aujourd’hui, de notre belle France ? De l’avis presque unanime, l’ambiance générale dans laquelle nous vivons confine à la morosité, peut-être même au marasme !…
Pour corroborer cette impression passablement pessimiste, deux constats sont proposés dans ce numéro.
Dans le premier d’entre eux, Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Français, Claude Beauléon (pp. 17 à 24) ne se montre pas très complaisant… A propos des commémorations du centenaire de la bataille de Verdun, il soutient que les choix qu’ont fait nos gouvernants, en tous domaines, « obéissent à une volonté politique, à une logique de sidération, de culpabilisation et de destruction de l’identité nationale ». C’est bien ce que nous voyons se dérouler sous nos yeux, année après année, depuis si longtemps : une accumulation de démissions et de tergiversations qui conduisent inéluctablement à l’équivalent de la dégradation de l’Empire romain, expliquée par Montesquieu : « Le pouvoir passé des mains des patriciens dans celles du peuple, ouvrit la voie aux abus les plus monstrueux des empereurs ». N’est-ce pas là l’image des agissements de nos « nouveaux » empereurs contemporains ?
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Ceci est complété et confirmé, dans le second article, par Olivier Destouches, quand il écrit que La France peut disparaître (pp. 39 à 46), justifiant ses propos en brossant le tableau de notre pays, « descendant marche après marche, vers l’abîme, se vautrant dans la décadence et l’anarchie avec tous leurs symptômes, renonçant à toute grandeur, à sa souveraineté et à son identité, bref à tout sursaut salvateur ». Il parle, à juste titre, de farce, de faillite, de fraudes, de chômage et tant d’autres « joyeusetés » dont se rengorgent nos « chers politiciens ». Cette décadence morale, économique, intellectuelle, culturelle, religieuse ou politique est parvenue à un point tel qu’elle offre le spectacle pitoyable de la « France envahie par l’islamisation qui n’est plus rampante, mais officielle et rapide » !
Ainsi, « d’abandon en abandon, de reniement en reniement, d’infidélité en infidélité, la France a perdu son âme ou, du moins, l’a abîmée et corrompue gravement ».
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Un mot, enfin, pour évoquer la décision anglaise de quitter l’Europe avec ce « Brexit » qui vient de faire couler tant d’encre et déverser tant de paroles… Nous y faisons allusion en page 5. Il n’y a rien d’étonnant à la levée de boucliers unanimement brandis contre le peuple anglais (car c’est bien lui, bien sûr, le seul, l’unique responsable de la catastrophe, du séisme qui va bouleverser l’Europe…). Tout est prévu, tout est décidé d’avance. Philippe de Villiers rapporte dans son livre Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (Editions Albin Michel, 2015) les propos tenus par Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne) à la suite des élections en Grèce : « Il a tenu à dissiper les inquiétudes, dit Ph. de Villiers : Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. Cela signifie que, désormais, la volonté ou la colère d’un peuple ne peut rien contre la broyeuse de Bruxelles. On n’a plus le droit de sortir de la camisole, même par le suffrage » (extrait du chapitre « Les conscrits de Maastricht », pp. 149 à 161 du livre).