Tout ce qui peut nuire au Front National est du gâteau pour les tenants du système qui trouvent des alliés un peu partout, y compris dans des sphères qui ne brillent pas toujours pour leur intransigeance morale. La décision de la banque HSBC illustre le chemin que peuvent suivre les connivences des puissants. Oui, je reviens sur la décision de la banque HSBC de clore brutalement les comptes de Marine Le Pen et ceux du FN. Ce qui a poussé la patronne du Front national à porter plainte contre ladite banque dont nous avons déjà parlé ici.
La Hong Kong and Shanghai Banking Corporation (HSBC) est une banque internationale britannique dont le siège est à Londres, créée au XIXe siècle. Elle commença à gagner beaucoup d’argent à la suite de la guerre de l’opium (1839-1860 contre la Chine). Depuis, la banque a toujours servi la politique étrangère de la Grande-Bretagne. Repliée à Hong Kong, devant la victoire de Mao, elle se déploya en Europe. Cependant Hong Kong est resté depuis le site central pour le blanchiment d’argent.
La HSBC, qui fait travailler 300 000 collaborateurs et dont la surface financière est estimée à 3 000 milliards de dollars, a été impliquée à de nombreuses reprises dans des « affaires » des plus opaques : sur des manipulations de taux d’intérêt interbancaires, sur des ventes abusives, frauduleuses, d’assurances variées, sur le cours de l’or et de l’argent… Les clients d’évasions fiscales ont toujours été choyés. L.F. nous a appris qu’un franco-italien, Hervé Falciani, avait copié en 2006-2008, 127 000 dossiers à HSBC Genève où il travaillait. Il les confia aux autorités fiscales françaises, belges, américaines… Pour ces dernières, les documents jouèrent un rôle très important dans la lutte contre le cartel de la drogue. Curieusement la Suisse ne porta pas plainte mais chercha à arrêter – sans doute pour traiter – Falciani qui bénéficie d’une protection constante. Accusée de blanchiment de fraude fiscale, la filiale suisse de HSBC a signé un accord avec le Parquet national financier (contre 300 millions d’euros d’amende). Ces quelques lignes éclairent un peu le contexte bancaire.
Pour l’« affaire » Marine Le Pen, c’est d’abord la Société Générale qui a clos les comptes du FN et la HSBC, ceux de Marine Le Pen qui fut avertie depuis juillet dernier. Ce qui concerne précisément les comptes d’une quinzaine de fédérations frontistes, celui du mandataire financier du parti et du trésorier, Wallerand de Saint-Just. L’échéance était fixée au 25 septembre. Consultée, la Banque de France enjoignit au Crédit du Nord d’accueillir les comptes mais avec l’interdiction de l’usage de chèques ainsi que l’encaissement par carte bancaire des dons et adhésions. On voit comme c’est commode ! D’autant que les remboursements des frais de campagnes électorales du parti ne sont pas encore versés. Pour tenter d’expliquer les méfiances et interdits des banques, certains ont pensé à l’hypothèse de versements de fonds étrangers. Mais il est avéré que la politique des banques françaises est des plus frileuses à l’égard des partis… enfin certains.
Du coup, les media ont rappelé le projet de Bayrou consistant à créer une banque publique « de la démocratie » chargée de financer les partis politiques. Mais, a-t-il été précisé, le sujet est très complexe et le gouvernement ne fait aucun effort pour proposer une réponse. Il freine. Interrogé, son porte-parole, Castaner, a botté en touche : « Il est normal que le FN puisse disposer d’un compte bancaire comme tous les Français… » C’est un peu une variation du « allez vous faire voir ».
Quelques jours après, nous apprenions que le Front National était mis en examen pour l’affaire de ses assistants parlementaires « européens » soupçonnés d’avoir travaillé aussi pour leur parti en France. Or ils étaient payés par l’Europe. Certes, d’autres assistants parlementaires européens ont fait la même chose sans être inquiétés. Mais l’objectif n’avait pas le même intérêt, celui de voir, comme en jubile la grosse presse, « l’étau judiciaire se resserrer encore plus autour de Marine Le Pen » ♦.
Jacques DE KREMER