Le paysan meurt, l’État survit plus qu’il ne fait vivre, et les crochus créanciers engraissent… Nos enfants (sinon nous, futurs retraités ?) auront à payer la dette ; celle de la trahison économique d’une génération d’hommes proclamés politiques, « pure » émanation de la révolution libérale. Les fessées se perdent sur les popotins rebondis de nos gras et bedonnants gouvernants, traîtres par serment. Oups ! Pardon la fessée est maintenant interdite par LA LOI de la République.
Lu dans Présent :
Sujet aussi inquiétant qu’apparemment inépuisable, la dette publique de la France fait régulièrement la une des journaux et jamais pour l’annonce de bonnes nouvelles. À rappeler quand même que depuis 1974, dernière année d’équilibre budgétaire, l’essentiel des politiques menées, avancées sociales, embauches de fonctionnaires et accueil d’immigrés, s’est effectué à crédit, avec un argent qu’il nous fallait emprunter et qu’il nous faudra bien un jour rembourser d’une manière ou d’une autre.
Au premier trimestre 2016, la dette de la France s’élevait à 2 137,6 milliards d’euros, bien au-delà donc de l’inquiétant seuil symbolique des 2 000 milliards que l’on redoutait naguère d’atteindre. Non seulement l’endettement du pays n’est ni jugulé, ni même ralenti, mais il s’accélère avec une augmentation de 40,7 milliards sur le seul premier trimestre, soit l’équivalent de plus de la moitié de l’impôt annuel sur le revenu en France pour les trois premiers mois de l’année. Effrayant. Cette nouvelle accélération de l’endettement national l’amène à hauteur de 97,5 % du PIB contre 96,1 % à la fin du dernier trimestre 2015, soit près d’un point et demi en trois petits mois. Il en faudrait vraisemblablement bien davantage pour affecter le moral de Michel Sapin, ministre des Finances, dont le cabinet affirme sereinement que « notre objectif pour l’année 2016 n’est pas remis en cause ». Heureuse nature.
Depuis quatre années, le gouvernement use et abuse d’un artifice comptable destiné à gagner du temps et à reporter à demain une dette que rien ne semble pouvoir ralentir. Bercy émet en effet chaque année des obligations du Trésor (OAT) assorties d’alléchants taux de rémunération de 5 à 6 % sur lesquelles se ruent évidemment des investisseurs prêts à les acheter jusqu’au double de leur valeur, ce qui génère de confortables primes qu’empoche le Trésor. Les jeunes générations ont matière à s’inquiéter de cette cavalerie laissant planer de lourdes menaces sur leur avenir.
Pendant ce temps, l’inénarrable Cour des comptes, dans son style timoré et ampoulé observe que « les politiques mises en cause ces dernières années ne sont guère porteuses d’économies à moyen terme ». Qu’en termes galants ces choses-là sont dites… En réalité, avec une folle inflation des dépenses — augmentation du nombre et de la rémunération de la fonction publique, dépenses militaires, mesures catégorielles pour les jeunes et l’enseignement, échec de la négociation de l’Unedic, etc. — et une absence d’économies réelles, rien ne semble pouvoir arrêter la course à l’abîme.
De plus, la multiplication démagogique et électoraliste des cadeaux dispensés par le chef de l’État s’avère porteuse d’années de plomb et d’une fiscalité redoutable à court et moyen termes. Là encore, en petite musique de fond et parfaitement zen, Didier Migaud, président de la Cour des comptes observe que « les annonces successives de nouvelles dépenses publiques qui ne sont, en l’état de nos connaissances, ni financées ni gagées par des économies pérennes, font peser un risque sur les finances publiques en 2016 mais plus encore sur les années suivantes ».
En effet, avec, par exemple, l’augmentation du point d’indice de la fonction publique, la nouvelle grille salariale et l’augmentation des effectifs, la France multiplie les dépenses nouvelles aux effets durables. Elle affichait déjà, avec une augmentation chaque année de 0,8 entre 2010 et 2015, la plus forte hausse de dépense de la fonction publique en Europe. Le chef de l’État a beau répéter à qui ne veut plus l’entendre que le déficit sera abaissé à 2,7 % du PIB en 2017, qui pourrait bien encore le croire ?
Arnaud Raffard de Brienne
Présent, n°8644, mercredi 6 juillet 2016, p. 3.