Comprendre les mécanismes des sociétés de pensée grâce à Augustin Cochin

Lu dans Reconquête n°349 de Juin 2018. Depuis des lustres, notamment avec notre livre Vérités sur la franc-maçonnerie, nous n’avons cessé d’appeler à la lecture ou relecture de l’œuvre historique majeure d’Augustin Cochin sur le rôle des sociétés de pensée et du jacobinisme dans la genèse de la Révolution française et dans sa continuité historique. L’essentiel de son œuvre vient d’être très heureusement réédité d’un bloc sous le titre « La machine révolutionnaire ».
Au passage, rappelons aussi qu’Augustin Cochin, officier légendaire, fut un héros et, à l’ évidence, véritablement un saint. Comme son frère, officier et père de famille, tombé au front en 1915, il n’eut de cesse d’être envoyé au feu, disant, comme lui, « ma place est au danger, mon nom m’en fait un devoir ».
Grièvement blessé une première fois, il en ressort pour dix mois d’hôpital, la mâchoire brisée, un bras fracassé. Le bras, non réparable, restera engainé dans le plâtre. Il exigera pourtant de retourner sur le front, auprès de ses soldats, qu’il aime et qui l’aiment, accompagnant les blessés et les mourants de toute sa ferveur chrétienne. Il fut encore blessé à quatre reprises, exigeant à chaque fois, dès réparation bien sommaire, de revenir soutenir et ranimer ses hommes qui deviennent fous sous les bombardements « pour maintenir la flamme dans leur cœur ». La dernière blessure fut décisive : atteint dans le cou, il lui resta un souffle de vie pour réciter à haute voix la prière finale avec son ordonnance et conclure sa vie en lui disant « À présent laisse-moi penser », offrant ainsi sa vie à Dieu.

Le vote, ce merveilleux instrument. ..

Le chrétien Augustin Cochin ne put donc hélas poursuivre une œuvre déjà considérable et prometteuse, surtout innovante dans l’analyse de la Révolution française. Il l’effectua à partir de ses recherches minutieuses d’historien sociologue imprégné des méthodes de travail de l’École des Chartes. Il a, en quelque sorte , démonté les mécanismes de ce qu’il a appelé les sociétés de pensée et notamment celles constituées par la franc-maçonnerie et le Club des jacobins.
Extrayons ces quelques passages pour mettre en appétit de compréhension, grâce à lui, des mécanismes d’enrôlement des gogos. Et d’abord sur le « vote, ce merveilleux instrument » censé être toujours le décret du peuple souverain mais qu’une minorité « d’assidus » manipule, « choisissant les nouveaux associés, nommant les bureaux, faisant les motions » …
« C’est le régime intérieur de toutes les sociétés de pensée, les sociétés d’égaux, depuis celle du Saint-Sacrement en 1650, jusqu’au Grand Orient de 1780, et depuis la société jacobine jusqu’au « Caucus » de M Chamberlain. Il a partout le même effet : la formation de ce que nos maçons appellent un ordre intérieur, les politiciens anglais, des cercles intérieurs, c’est-à-dire d’une petite société agissant au sein de la grande et en dirigeant les votes à son insu par les milles moyens « à côté » dont dispose la bande contre la foule : ordres du jour préparés, motions concertées, claques montées d’avance, épurations insensibles, votes surpris ».

L’importance du secret

Cochin a travaillé minutieusement sur l’importance du secret : « Toute société est secrète dans la mesure où elle veut agir sur une opinion profane comme un cercle intérieur, mécaniquement». « Le secret se retrouve dans toutes les sociétés de pensée ; mais il est le moyen propre des sociétés de caractère philosophique et intellectuel telle que la maçonnerie. »
Et plus précisément, sur le secret maçonnique : « Le secret maçonnique est un moyen d’entraînement et d’initiation progressive. Par tout un appareil de rites, de serments et de formules, toute une hiérarchie de grades et de pouvoirs, par la promesse répétée d’affranchissement, de lumière, de liberté, l’adepte est sollicité de degré en degré. Il se croit toujours arrivé en possession de la vérité pleine ; il se comporte comme s’il l’était : il a rejeté toute foi, tout dogme, toute autorité personnelle. Mais d’autres degrés, de nouvelles initiations lui sont présagées. Tant qu’il lui reste des habitudes, des survivances de son ancien état, de la vie normale, il ne sera pas apte aux grades supérieurs, à la révélation des derniers secrets. Les mystères religieux ne sont rien en comparaison des mystères dont se targue la franc-maçonnerie. »
Cochin n’a pas été le seul à décortiquer le phénomène néfaste de la franc-maçonnerie moderne développé à partir de l’Angleterre dès le XVIIe siècle. Mais son œuvre est sans doute encore une des plus magistrales et utiles par la pénétration et la clarté pour démonter les toujours actuels mécanismes révolutionnaires.

« La machine révolutionnaire », Augustin Cochin, Ed. Tallandier, 2018

par B.A.

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