Notre-Dame du Puy-en-Velay. Splendide statue de la Reine du Ciel et de France dont le jubilé cette année a eu lieu pour la deuxième (et dernière fois) en ce siècle. Puisse Notre-Dame redorer la France à Son fils !
Dignare me laudare te Virgo Sacrata, da mihi virtutem contra hostes tuos !
UN PIÉDESTAL NATUREL.
Lentement sculpté par l’érosion, ce piton volcanique vestige du cratère d’un gigantesque volcan, abrita au Moyen Âge une forteresse militaire et servit de carrière aux monuments de la ville. Puis, au XIXe siècle c’est tout naturellement que le Rocher Corneille fut choisi pour ériger la statue de Notre-Dame de France.
ÉDIFIÉE ENTRE 1856 ET 1860.
Œuvre du sculpteur Jean-Marie Bonnassieux, lauréat du concours lancé pour sa création, la statue est édifiée grâce à une grande souscription nationale. Face au Sud, la Vierge, drapée dans un manteau royal parsemé de fleurs et de pierres précieuses, Reine du Ciel et de la Terre, symbolise la victoire du Bien sur le Mal. Inhabituel dans l’art statuaire, la Vierge porte l’Enfant sur le bras droit afin qu’il bénisse la ville sans cacher le visage de sa mère.
DOYENNE DES STATUES MONUMENTALES.
Bien que plus petite que la statue de la Liberté, (22,70 m contre 92,95 m), la statue de Notre-Dame de France est longtemps restée la plus grande statue du monde, jusqu’à l’édification de sa cousine américaine en 1886.
CRÉÉE AVEC LA FONTE DE 213 CANONS DE LA BATAILLE DE SÉBASTOPOL.
En 1855, le général Pélissier, vainqueur durant la guerre de Crimée conseille à l’évêque du Puy-en-Velay de solliciter auprès de l’empereur Napoléon III quelques-uns des canons pris à l’ennemi au siège de Sébastopol pour construire la statue que le diocèse du Puy-en-Velay souhaite dédier à la Vierge-Marie. 213 canons furent remis par l’empereur en signe de gratitude à l’Évêque du Puy-en-Velay.
Caractéristiques techniques :
16 m de haut.
22,70 m piédestal compris.
835 tonnes :
– Statue en fer 110 t
– Piédestal en pierre 680 t
– Revêtement-en fer-45 t
262 marches à gravir pour avoir la tête dans les étoiles.
La chevelure de la Vierge : 7 m
Le pied qui écrase le serpent : 1,92 m
Le serpent : 17 m
La construction de la cathédrale :
La cathédrale actuelle, en forme de croix latine à six travées, peut être datée des XIe et XIIe siècles. Seul le coeur repose sur le rocher; les deux travées suivantes ont été bâties sur du remblai gallo-romain; les quatre autres, surmontées de coupoles, reposent au-dessus du vide : elles sont posées sur d’énormes piliers bâtis dans la pente du Mont Anis.
1 – L’escalier central.
Après avoir monté la rue des Tables et passant sous le grand porche, les pèlerins découvrent deux fresques: l’une de la Vierge présentant son Fils à la vénération des fidèles et l’autre de Transfiguration du Seigneur, manifestant sa divinité. En se plaçant devant la façade, le pèlerin remarque que la succession des porches réduit progressivement l’accès, comme s’il fallait se faire tout petit, humble pour suivre le Christ dans son Incarnation. Gravissant les marches de l’escalier, le visiteur débouche alors devant le chœur. Ce dispositif exceptionnel et unique au monde possède une forte dimension symbolique: le pèlerin est accueilli dans le sein maternel, le sein de l’Église. La Vierge Marie est ainsi celle qui accueille le chrétien comme elle a accueilli le Christ au moment de son Incarnation.
La croix lumineuse suspendue à la croisée nous fait pénétrer au coeur du mystère chrétien: la Passion et la Résurrection du Christ. Son image a disparu, son humanité étant désormais pleinement participante de la Gloire divine, insaisissable à nos yeux. La croix demeure qui rappelle sa mort, mais elle brille en notre nuit, signe éclatant de sa victoire. Sous la coupole, l’autel d’onyx est d’une couleur chair mais d’une chair brisée, comme l’a été le corps du Christ : sillonné d’or, cet autel témoigne du Christ crucifié et glorifié. Tout le mobilier liturgique est l’œuvre de Philippe Kaeppelin. Sur l’arc triomphal, une sculpture attribuée à Pierre Vaneau et représentant l’Assomption de la Vierge Marie domine le chœur. L’Assomption témoigne de l’apothéose de Marie élevée, à la suite du Christ, dans la gloire du Ciel. La résurrection des morts est ainsi préfigurée. L’Assomption, célébrée le 15 août, est l’occasion d’une grande fête populaire dans la ville du Puy-en-Velay.
2 – Chapelle du Saint Crucifix.
Sous le Saint Crucifix (XVe siècle) est conservée la pierre dite «de l’apparition» à laquelle la tradition rattache l’origine du sanctuaire. Une légende nous rapporte qu’une femme malade reçut en songe l’ordre de se rendre sur le mont. Apercevant au sommet une grande pierre plate, elle s’y allonge et s’assoupit. Autour d’elle se manifestent alors «une grande multitude d’anges et de saints et, au-dessus, une dame d’une dignité et d’une majesté royales : son visage, sa tenue, tout en elle est d’une ravissante beauté.» À son réveil la malade est guérie. Aujourd’hui encore de nombreux pèlerins confient à la Vierge Marie leur souffrance pour qu’elle les porte à son Fils. Elle est cette «Vierge de Pitié» qui accueille et console, image même de la compassion (statue du XVe siècle). Contre la paroi de gauche, une liste gravée rappelle les noms des évêques du Puy. Sur la paroi de droite, des plaques funéraires évoquent le souvenir d’évêques du Puy dont le corps repose sous le dallage. Le vitrail réalisé par Henri Guérin, maître formé à l’atelier d’En Calcat, suggère les sept douleurs de la Vierge Marie au pied de la Croix.
3 – La Vierge de Pitié.
Le tableau, commandé par le chanoine Pierre Odin au XVe siècle, figure une Vierge de Pitié. Cette représentation de la Déposition du Christ, ainsi placée entre celle de sa Crucifixion et celle de l’Annonciation (peinture du XIXe s. située à l’extrémité ouest du collatéral), fait écho à un événement particulièrement important au Puy: le Jubilé. Ce Jubilé est attesté historiquement au début du XVe siècle (1407). Il a lieu lorsque le 25 mars (jour de l’Annonciation) coïncide avec le Vendredi Saint (jour de la mort du Christ). Cela se produit deux à quatre fois par siècle. Le XXIe siècle aura connu deux jubilés, en 2005 et 2016, et il faudra attendre 2154 pour qu’un tel événement se reproduise. Le jubilé est un temps de conversion, d’action de grâce et de charité envers le prochain.
4- La chapelle du Saint-Sacrement.
La chapelle du Saint-Sacrement est également appelée «chapelle des Reliques», en raison de la présence de l’immense meuble reliquaire du XVIIe siècle qui en occupe le fond. Au centre de ce meuble se trouve une copie contemporaine exacte de la statue romane de la Vierge noire à l’Enfant, brûlée sur la place du Martouret, le 8 juin 1794, au coeur de la tourmente révolutionnaire. Son visage quasi «iconique», ses yeux aux couleurs étonnantes lui confèrent une majesté fascinante. L’origine de la statue initiale reste mystérieuse et a inspiré de nombreuses légendes. L’une d’entre elles émet l’hypothèse qu’elle aurait été offerte par saint Louis de retour de croisade. Ce dernier fit en effet de nombreux pèlerinages au Puy et fit don à la cathédrale d’une épine de la Sainte Couronne en 1239.
Rien ne permet d’affirmer que la statue de la Vierge ait été noire avant le XVe siècle. Comme c’est le cas pour toutes les Vierges noires, l’origine de sa couleur est incertaine. A-t-elle été noircie d’abord par la patine du bois puis par la peinture dont on la recouvre au XVIIIe siècle ? Néanmoins, ce teint sombre nous rappelle le livre biblique du Cantique des Cantiques: Nigra sum sed formosa («Je suis noire mais belle») qui a inspiré de nombreuses œuvres artistiques et en particulier musicales. Travaillant à la vigne, cette femme a les traits brûlés par le soleil ce qui, à la différence d’aujourd’hui, n’est pas un signe de beauté mais de simplicité et de pauvreté.
5 – Les œuvres de Pierre Vaneau.
Le sculpteur du Puy Pierre Vaneau (1653-1694) a produit plusieurs œuvres visibles dans le Trésor, dans la salle des États du Velay et dans la cathédrale même. Outre l’Assomption de la Vierge surplombant la nef, on peut ainsi voir :
Le grand orgue
À l’origine orgue de jubé, il a été construit en 1689 par le marseillais Jean Eustache qui lui a attribué deux façades, l’une dirigée vers le chœur, l’autre vers les fidèles. Son buffet a été réalisé en partie par Van Il a connu cinq emplacements différents en 310 ans. En 1994, l’orgue rénové retrouve un emplacement permettant d’apprécier sa double façade.
La chaire du prédicateur
Cette autre oeuvre de Vaneau se trouvait à l’origine sur le jubé qui séparait le chœur de Notre-Dame de celui de saint André. L’emplacement de ce jubé est visible sur le sol. Le sculpteur Portal a transformé cette chaire afin de l’adapter au pilier sur lequel elle est placée. Au-dessus de l’abat-voix, Dieu le Père, du milieu des nuages, se penche avec amour sur le monde qu’il a créé. Entre deux colonnes, une scène évangélique: Jésus pardonne à la femme adultère.
Le martyre de saint André
Sur le mur au fond de la nef, un bas-relief de bois doré représente saint André attaché à une croix en forme de X. Deux anges lui apportent la couronne et la palme du martyr. Cette oeuvre est également issue de l’atelier de Vaneau.
6 – L’ autel de sainte Anne : la Vierge Marie enfant.
La Vierge-Marie recouvre au fil des siècles des visages différents, mère attendrie, reine majestueuse, mère douloureuse, suivant les divers épisodes tirés des traditions apocryphes et canoniques et de la dévotion populaire. Elle est également représentée enfant ou adolescente auprès de sa mère sainte Anne, figurée comme une femme âgée puisqu’elle fut mère tardivement.
La place accordée à sainte Anne remonte au llème siècle et figure dans le texte apocryphe de Saint Jacques qui relate l’enfance de la Sainte Vierge auprès de ses parents, sainte Anne et saint Joachim. Le culte de sainte Anne est d’abord celui de la «conception de la Vierge Marie par sainte Anne». Ce n’est que plus tard, à la fin du XVIe siècle, que le culte et la dévotion à sainte Anne seront pleinement rendus en Occident et qu’elle sera inscrite au calendrier liturgique.
7- Saint Jacques.
En 950, Godescalc, évêque du Puy, entreprend le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, le tombeau de l’apôtre Jacques ayant été découvert en Galice un siècle plus tôt. Premier pèlerin connu, il fait du Puy le point de départ symbolique du «Camino» en France et inaugure la «via Podiensis» ou «voie du Puy». Outre celle-ci, les trois routes principales sont celles de Vézelay, de Tours et d’Arles. À la suite de «l’évêque marcheur», le pèlerinage connaîtra un développement important avant de se tarir à la Renaissance. Depuis la fin du XXe siècle, il connaît un renouveau spectaculaire: chaque année 15.000 personnes environ sont bénies devant cette statue et reçoivent la créanciale qui les identifie comme pèlerins et atteste en fin de parcours la route effectuée.