Chômage perpétuel proclamé

Si le FMI le dit… c’est que c’est prévu… Les anciens, dans une société égoïste comme la république française, coûtent cher et ne servent à rien dans la « dynamique économique globale »… C’est grave. Très grave.

Lu pour vous ce matin dans Présent :

Neuf chômeurs sur dix ne retrouveront plus d’emplois.

C’est une bonne nouvelle : le nombre de chômeurs a diminué de 19 000 en mars, cela intervient après une baisse de 60 000 le mois pré­cédent. Le gouvernement, lucide, ne pousse pas de cris triomphants, il ne parle même pas de l’esquisse d’une es­quisse de l’inversion de la courbe du chômage. Il attribue le modeste recul de 0,6 % de mars à « une hausse inhabituellement forte » de ce que le ministère appelle pudiquement des « sorties » pour « défaut d’actualisation », ce qui veut dire des radiations. À cela s’ajoutent des entrées en forma­tion plus importantes, un « parking » à chômeurs qui ne sont plus considérés comme tels et que l’on espère conser­ver dans cette situation jusqu’à l’élection présidentielle.

Mais cette bonne nouvelle relative — il y a toujours 700 000 chômeurs de plus depuis 2012 ! — ne doit pas en occulter une autre, très mauvaise celle-là sur le front du chômage. Elle se trouve dans le dernier rapport du FMI sur la France : chez nous, neuf chômeurs sur dix n’ont aucune chance de retrouver un emploi. Il faut d’ordinaire se méfier des affirmations du FMI dont les partis pris idéologiques blessent parfois la vérité, mais lorsqu’elles sont corroborées par l’expérience et les données officielles, on peut y ajouter foi, et c’est le cas pour cette accablante constatation.

Pourquoi cette situation catastrophique ? Parce que la cause du chômage est structurelle et qu’en l’absence de ré­forme il ne peut que régresser à la marge, ce dont bénéfi­ciera un chômeur sur dix. Le mal français en ce domaine est connu, répertorié, dénoncé : un droit du travail kaf­kaïen décourageant, des charges sociales les plus élevées d’Europe, une tutelle administrative omniprésente aussi inefficace que tatillonne, des indemnités chômage qui, par­fois, rapportent plus qu’un travail modeste, etc. Cela n’est pas nouveau, sous les gouvernements dits libéraux c’était la même chose. C’est ainsi que dans les statistiques du mois de mars, on apprenait, que le nombre de « chômeurs de longue durée » a bondi de 5,8 % en un an. Ceux-là feront sans doute partie des 9/10e qui ne trouveront plus d’emploi.

Les principales victimes, ce sont ceux qu’on appelle désormais les seniors. Et on l’est de plus en plus tôt, à partir de 45 ans dans certains secteurs. Hollande a voulu faire des jeunes sa priorité, de là les mesures, démagogiques et coû­teuses, prises en leur faveur. Mais ce ne sont pas les cas les plus dramatiques car, c’est certain, un jeune, tôt ou tard, fi­nira par trouver un emploi, pas forcément celui qu’il visait, ni très bien rémunéré, mais il ne sera pas chômeur à vie. En revanche, être sans emploi autour de la cinquantaine conduit, hélas, à le rester bien souvent jusqu’à la retraite. Si retarder l’âge de la retraite est théoriquement souhaitable, eu égard à l’espérance de vie qui croît, encore faudrait-il pouvoir, pratiquement, travailler jusque-là. En Allemagne, avant de repousser l’âge de la retraite, on a mis en oeuvre des réformes pour créer des emplois. C’est une grande in­justice en France qu’après une vie de labeur, dont la société tout entière a bénéficié, nos aînés soient contraints de vivre, ou plutôt de survivre, jusqu’à leur retraite, de minima so­ciaux.

Présent, samedi 8 mai 2016, n°8617, p.1.

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