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Biographie de Jean Vaquié

ByLectures Francaises

Juin 16, 2016

Jean Vaquié est l’un des penseurs contrerévolutionnaires les plus connu face à la réalité sournoise qui s’est introduite par effraction lente,  dans la réalité humaine depuis les prétendues « Lumières ».

À l’occasion de la réédition du livre de Jean Vaquié intitulé La bataille préliminaire, nous souhaitions partager avec vous cette biographie de l’auteur, présentée dans notre numéro  de Lectures Françaises n°656, de décembre 2011.

Jean Vaquié (1911-1992)

L’année 2011 a marqué le centième anniversaire de la naissance de Jean Vaquié et l’année 2012 celle du vingtième anniversaire de son décès ; c’est pour nous un devoir de fidélité que de rendre  hommage à ce grand chrétien et à ce profond penseur dont l’influence a, dès le début, profondément marqué l’équipe de Chiré.

Une foi profonde, une doctrine solide puisée aux meilleures sources, une rigoureuse probité intellectuelle, une perspicacité peu commune, un fulgurant esprit de synthèse et une clarté d’exposition incomparable, telles furent les exceptionnelles qualités de l’homme, qualités qui se reflètent dans son œuvre et auxquelles il ne faut pas oublier d’ajouter celle qui, au regard de Dieu, surpasse toutes le autres : une très grande humilité.

Jean Vaquié était né à Bordeaux, le 11 novembre 1911 et très vite (dès les années 30) il s’intéressa aux questions qu’il devait traiter ensuite avec la plus grande aisance, grâce à des connaissances très étendues : la Révolution, la Franc-Maçonnerie, la Gnose et l’Occultisme, la réforme liturgique, le subversion dans l’Église. Il avait bénéficié pour cela des plus excellents maitres qu’il fut possible de trouver. En effet, loin d’être un autodidacte en matière de théologie — comme l’ont prétendu certains critiques malveillants — il avait au contraire, suivi l’enseignement de l’un des meilleurs guides ecclésiastiques de son époque : le bénédictin dom de Monléon dont il présenta l’œuvre à plusieurs reprises dans Lecture et Tradition ; on peut dire qu’il fut son élève en théologie, comme il fut celui de Léon de Poncins pour l’étude de le subversion politique et sociale. Car Jean Vaquié était non seulement le dis­ciple de Léon de Poncins, auquel une très longue amitié le lia jusqu’à la mort de ce dernier en 1975, mais, en quelque sorte, son fils spirituel.

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Officier de réserve, Jean Vaquié fit la guerre de 1939-40, puis, après sa démobilisation, s’engagea dans un réseau de résistance ; il ne fut jamais gaul­liste mais il fit partie du réseau Roy de l’abbé Lapouge. Une légende ra­conte qu’ayant été repéré par la police allemande qui vint l’arrêter chez lui, il se serait emparé d’une arme, aurait tué l’un des policiers, blessé gravement l’autre avant de s’enfuir par une fenêtre pour rejoindre un maquis où il combattit jusqu’à la Libération. En fait, s’il a bien pris le maquis et combattu, il n’a ja­mais abattu personne. Il était chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire.

Pendant la période dite de l’épuration, Jean Vaquié « témoigna au procès de Léon de Poncins et lui évita ainsi le peloton d’exécution, car les haines étaient vives à l’endroit de l’écrivain qui avait si bien dénoncé la Conjuration judéo-maçonnico-bolchevique. Le témoignage de Jean Vaquié sur l’apparte­nance de Léon de Poncins à un réseau anglo-français de résistance réduisit à néant toute l’accusation de l’adversaire qui ignorait ce fait. »

Après la guerre, Jean Vaquié « s’est fait modestement visiteur médical pour le compte des laboratoires Clin ce qui lui a laissé la liberté d’esprit né­cessaire pour étudier à fond la Théologie catholique et réfléchir à tous les grands problèmes de l’heure. » Cela lui permit de publier, en 1947, sous le pseudonyme de J. Gonthier – justifié par les circonstances troubles de l’époque -, son premier ouvrage : un recueil de textes prophétiques et mys­tiques titré Malédictions et Bénédictions, qui fut réédité par la suite à deux reprises.

En 1953, il abandonna son Aquitaine natale pour venir habiter à Lyon, dans l’île Barbe – au milieu de la Saône – sous les voûtes gothiques de l’an­cienne abbaye où il allait demeurer jusqu’à sa mort.

Dès le pontificat de Pie XII, et donc bien avant l’ouverture du Concile Va­tican II, en octobre 1962, il était évident que la subversion préparait une puis­sante attaque frontale contre l’Église catholique. Jean Vaquié fut « l’un des premiers à s’élever avec une argumentation cohérente contre les innovations liturgiques » qui préfiguraient les réformes de Paul VI, en publiant, en 1956, dans le n° 45-46 de La Pensée Catholique, un article intitulé : « Ré­flexions d’un laïque sur la Messe face aux fidèles et la liturgie en langue vul­gaire ». Plus tard, après la mise en place de la nouvelle liturgie de la messe selon l’Ordo Missae du 3 avril 1969, il rassembla ses réflexions en un livre qui fit grand bruit lors de sa parution en 1971 : La révolution liturgique (Éd. de Chiré). Par la suite, il ne cessa de poursuivre ses travaux pour dénoncer cette nouvelle liturgie et les dangers qu’elle fait courir à la foi catholique.

Partisan résolu de l’Algérie Française, Jean Vaquié avait compris que cette bataille, relativement circonscrite, n’était qu’un épisode de la confronta­tion de la France avec l’impérialisme soviétique d’une part, et le mondialisme synarchique d’autre part. Aussi, dès la fin de la guerre d’Algérie, en 1962­-1963, alors que les meilleurs des militants – sous le choc de la défaite – se posaient la question « Que faire ? », Jean Vaquié entreprit de rédiger ses fa­meuses Réflexions sur les ennemis et la manœuvre pour, écrivait-il, « éclairer les amis qui luttent aujourd’hui dans une phase défavorable et contre un ennemi très supérieur en nombre et en moyens d’action ». Ce texte fut publié à l’époque, anonymement et clandestinement, sous forme de bro­chure ronéotypée qui circula sous le manteau à partir de 1963, dans les mi­lieux contrerévolutionnaires, en particulier ceux qui étaient en rapport avec Robert Martel et le colonel Château-Jobert. Après avoir longtemps hésité quant à l’opportunité de sa réédition, Jean Vaquié devait accepter de le republier, avec quelques modifications, dans un numéro spécial de Lecture Tradition en 1987.

Il en avait expliqué lui-même les grandes lignes, en 1978 dans une lettre à Jean Auguy :

  • Les défenseurs de l’Église arrivent au terme d’une série défaites. Ils sont aujourd’hui absolument incapables de réaliser la moindre manœuvre de réaction. La reconquête du Pouvoir leur est définitivement interdite car une série de mécanismes révolutionnaires ont été établis à cet effet.
  • Les ennemis de la Religion – les grands partis internationaux et les sociétés initiatiques qui leur servent d’infrastructure – sont au maximum de leur puissance. Ils assurent même la direction occulte des forces réactionnaires (notion de « pseudo-réaction », par exemple actuellement le type « G.R.E.C.E. »).
  • Les défenseurs de l’Église se sont alors tournés vers les prophéties de la révélation privée pour essayer de connaître les intention divines quant à l’Église et à sa longévité, quant aux phases de son développement… ou de son déclin. – Ils y ont trouvé des promesses de restauration après une période d’épreuve et de châtiment.
  • L’économie de la Grâce fait que cette restauration étant prévu il reste à la demander. Car si on ne la demande pas, elle ne sera pas accordée puisqu’elle ne figure pas dans la Révélation Publique.
  • La logique surnaturelle, jointe à l’état des forces naturelles, veut que l’on réduise l’action du propre esprit et que l’on commence par demander ce que seul le Saint Esprit peut faire : la survenance de cette intervention surnaturelle sans laquelle le statu quo se prolongera indéfiniment. Cette logique surnaturelle repousse donc l’action à une date ultérieure et la fait précéder d’une phase de supplication.

Et un peu plus tard, commentant son propre texte pour Lecture et Tradition, Jean Vaquié s’interrogeait :

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Engluée qu’elle est dans son agnosticisme, cette nation saura-elle élever ses regards vers le Ciel avec l’insistance et la confiance nécessaires, même au milieu de la douleur ? Ce n’est pas évident d’avance. Aurons-nous assez de foi pour arracher au Ciel le miracle préparé ? Pour ma part je fais tous mes efforts pour que l’on prenne conscience de cette nécessité aussi impérieuse que difficile à comprendre.

Ce texte capital – les Réflexions sur les ennemis et la manœuvre devrait être le livre de chevet de tout militant contrerévolutionnaire. Bien des gaspillages d’énergie, bien des désillusions et même bien des drames pourront être évités quand ce sera le cas !

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Ami de longue date et très fidèle du centre de Chiré, Jean Vaquié fut un collaborateur régulier de Lecture et Tradition qui publia plusieurs de ses textes ; il faisait également partie du Comité de rédaction de la Contre-Ency­clopédie pour laquelle il avait plusieurs notices en préparation.

Sauf cas de force majeure, il était très fidèlement présent à Chiré-en-Montreuil, aux annuelles « Journées chouannes » au cours desquelles il prit la parole à plusieurs reprises.

Il fut aussi, avec Paul Raynal et Étienne Couvert, un des principaux ani­mateurs et rédacteurs de la Société Augustin Barruel (à Lyon) qui effectuait avec assiduité et qualité d’excellentes études et recherches sur la pénétration et le développement de la révolution dans le christianisme. Il était très lié éga­lement avec les Dominicains d’Avrillé chez qui il se rendait régulièrement.

Jean Vaquié fut très éprouvé par le décès de son épouse, survenu en 1990, qui le plongea dans une grave dépression ; il se rétablit pourtant et put reprendre ses activités. Il assista à la « Journée chouanne » de septembre 1992, mais ressentit peu après les premières atteintes du cancer qui devait l’emporter et décéda à Lyon, le 30 décembre 1992, à l’âge de 81 ans.

Ses obsèques furent célébrées, à Lyon, le samedi 2 janvier 1993, en pré­sence de ses enfants et petits-enfants ainsi que de ses nombreux amis, parmi lesquels le R.P. Pierre-Marie, des Dominicains d’Avrillé, ainsi que Jean Auguy qui représentait l’équipe de Chiré.

Sa notice nécrologique est parue dans Lectures Françaises, n° 430, fé­vrier 1993, p. 42-43. Le numéro 8 des Cahiers de Chiré, publié en 1993, contient un « Hommage à Jean Vaquié » qui reproduit plusieurs articles de presse parus après son décès.

 

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