Une solution présentée comme remède à la planification concentrationnaire voleuse, à laquelle sont confrontés nos paysans, qui prennent de plein fouet les conséquences d’une européanisation outrancière du marché agricole.
Lu dans Politique Magazine :
UNE AUTRE FINANCE POUR UNE AUTRE AGRICULTURE
Dans une étude fouillée publiée en 2013, le Mouvement interrégional des Amap notait que :
« le crédit et l’endettement constituent les piliers de la modernisation de l’agriculture à partir des années 60 » et qu’ils participent à son « industrialisation ». En trente ans, l’endettement moyen d’une exploitation n’a fait qu’augmenter, passant de 50 000 euros en 1980 à 164 000 euros en 2011, rendant les agriculteurs très dépendants du moindre choc.
La faute à une stratégie d’agrandissement des exploitations favorisée par la Politique agricole commune, laquelle calque ses subventions sur le seul critère de la taille des structures. Et aux normes sanitaires toujours plus drastiques imposées par Bruxelles et l’administration française, qui obligent à des investissements difficiles à supporter. D’où l’élimination progressive des fermes et la concentration des exploitations. « Le nombre de paysans ne cesse de baisser depuis la mise en place de la PAC en 1962 », écrit le Miramap, avec une part dans la population active qui est passée de 31% à 3%. De plus, toutes les aides régionales ou locales au secteur (installations, intempéries) doivent être soumises à la Commission européenne qui peut les refuser ou les retoquer en vertu des traités sur la concurrence.
Néanmoins, des solutions existent pour échapper à la pression bancaire et au carcan bruxellois. L’une d’elles concerne les Groupements d’intérêt économique, organisations qui permettent la mutualisation de l’épargne des associés. Une autre ressource pécuniaire potentielle pour les agriculteurs réside dans les plateformes internet de financement participatif. Ces dernières mettent en relation directe un besoin de financement et des particuliers qui souhaitent financer des projets.
Enfin, des spécialistes appellent à un redéploiement des warrants agricoles, jadis très utilisés. Ces titres sont des certificats basés sur une production future émis par le futur client, souvent un magasin général. Fort de cette assurance, l’agriculteur peut déposer ce titre auprès d’une banque qui lui accorde alors une avance de trésorerie. Le prêt sera remboursé une fois la marchandise produite et vendue au magasin général selon les termes fixés dans le warrant. De nos jours, ce système est très peu utilisé dans le pays.
Politique Magazine, n°156, novembre 2016.