Yves Chiron, dans le n° 231 (16 avril 2015) de sa Lettre d’informations religieuses, Aletheia, sous le titre Mgr Bugnini, rumeurs et réalités, brosse un intéressant portrait de ce prélat (1912-1982), « un des personnages les plus controversés de l’histoire de l’Eglise contemporaine ». Proche du pape Paul VI, il est considéré comme étant « le véritable maître d’œuvre des réformes » mises en application, au terme des différents décrets conciliaires, ce qui lui valut d’être taxé par une partie de ses contradicteurs comme un « dévastateur de la liturgie, le responsable de sa désacralisation (…) L’hostilité à son égard a été et reste, chez certains, si grande qu’on colporte à son égard des erreurs ou des rumeurs invérifiées ». C’est ce qui explique la démarche d’Yves Chiron pour tenter de vérifier le vrai et le faux dans ces erreurs et rumeurs.
Parmi elles il en est une qui a été largement répandue et « répétée depuis quarante ans », celle qui « le dit franc-maçon, trouvant dans cette supposée appartenance à la fois l’origine de sa volonté de bouleverser la liturgie traditionnelle et la cause de sa disgrâce par Paul VI en juillet 1975 » (chassé du jour au lendemain de la Congrégation pour le Culte Divin). L’enquête effectuée par Y. Chiron est intéressante et documentée, mais ne lui permet pas de trancher, tant les éléments qu’il a pu consulter ou dont il a eu connaissance, ne sont pas suffisamment probants pour porter un jugement sans appel. Mgr Bugnini, lui-même, n’a cessé d’affirmer jusqu’à ses derniers instants : « je n’aurais jamais franchi ce pas ».