Lectures Françaises

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Un généralissime dans les airs (1re partie)

ByVincent Chabrol

Jan 3, 2022
Un généralissime dans les airs

Mardi 21 mai 1940. Il est sept heures du matin. Nous sommes à l’aéroport du Bourget. Le général Maxime Weygand embarque à l’intérieur d’un Amiot 354 qui décolle, escorté par six avions de chasse. À quoi songe Weygand, généralissime des forces armées françaises depuis le 19 mai ?

Rappelé en catastrophe en métropole le 17, il a quitté le Liban, où il commandait les forces françaises au Moyen-Orient, et effectué laborieusement le trajet là encore en avion (Beyrouth-Tunis le 18, puis Tunis-Étampes), pour arriver à Paris le 19.

Engagés en Belgique depuis le 10 mai, à la rencontre des armées allemandes qui venaient de violer allègrement la neutralité belge, les principales armées françaises et le corps expéditionnaire britannique sont tombés dans le piège conçu par le général von Manstein. Bousculant les IXe et IIe armées françaises, les Allemands franchissent la Meuse à Sedan le 13 mai, établissant, au cœur du dispositif français, une tête de pont ennemie qui devient, les 14 et 15, une véritable brèche par laquelle s’engouffrent les Panzerdivisionen. Dans la nuit du 15 au 16, le généralissime Gamelin informe le gouvernement Reynaud que les Allemands sont désormais à 20 km de Laon. Autrement dit, la route de Paris semble ouverte à l’ennemi. Mais le 17 mai, les chars de Guderian négligent Laon, obliquent vers Guise, et foncent en direction de Saint-Quentin. L’objectif allemand n’est pas la capitale, mais la Manche. Il s’agit d’opérer un « coup de faux » : couper et encercler le gros des armées alliées aventurées en Belgique. Cambrai et Péronne sont atteints le 19.

Ce même jour, Reynaud reçoit Weygand et l’informe qu’il remplace séance tenante Gamelin comme généralissime. Certes, ce remplacement s’imposait. Mais, malgré sa célérité, Weygand doit par la force des choses perdre des heures précieuses à se tenir au fait de la situation. Pendant ce temps, le 20 mai, les Allemands atteignent Arras et Abbeville. À la différence de son prédécesseur resté terré à Vincennes pendant ces journées décisives, Weygand décide de se rendre sur le terrain et de rejoindre les armées du Nord, commandées par le général Billotte. Il s’agit d’impulser la nécessaire contre-offensive destinée à ressouder les armées du Nord et les armées du Sud.

Alors que l’avion de Weygand survole la Canche, il subit les tirs de la DCA allemande. « Ils tirent sur nous mon Général ! » s’écrie le lieutenant Henri Lafitte qui est aux commandes. « Il faut bien qu’ils tirent sur quelque chose ! » répond le généralissime qui se veut rassurant. Oui mais voilà, preuve est désormais faite que l’ennemi a atteint la Manche et que les armées françaises sont bel et bien coupées en deux !

 

(À suivre…)

Vincent CHABROL