« Le 17 octobre 1961, une manifestation était organisée à Paris par la fédération de France du FLN pour protester contre le décret du 5 octobre, interdisant aux seuls Algériens de sortir de chez eux après 20 h 30. Dans la soirée, malgré l’interdiction de la manifestation, plus de 25 000 hommes, femmes et enfants, se dirigèrent vers différents points de regroupement. La répression fut brutale, violente, sanglante. […] Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine. […] Aujourd’hui, soixante ans après, le président de la République s’est rendu au pont de Bezons, près de Nanterre, d’où sont partis ce jour-là de nombreux manifestants, et où des corps ont été repêchés dans la Seine. Il a reconnu les faits : les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon [alors préfet de Police] sont inexcusables pour la République. »
Fin de citation du communiqué de presse de l’Élysée (16 octobre 2021).
Or les faits invoqués par Macron, quels sont-ils ?
Depuis 1956, le FLN a transporté la guerre d’Algérie sur le territoire métropolitain, y perpétrant, jusqu’en 1962, 10 223 attentats. Durant cette même période, on dénombre 6000 Algériens tués et 9000 blessés par le FLN en métropole : des partisans de l’Algérie française, des indépendantistes affiliés aux frères ennemis du MNA de Messali Hadj, des travailleurs qui refusent d’acquitter l’impôt révolutionnaire, de « mauvais musulmans » qui ne respectent pas la loi coranique.
La manifestation du FLN est donc interdite par le pouvoir, et sévèrement réprimée. Un rapport de l’Inspection générale des services fait état de 337 blessés. Mais pour l’ancien maoïste Einaudi, aligné sur les déclarations du FLN, et qui est la référence des médias et apparemment de l’actuel pouvoir, il y aurait eu 393 manifestants occis par les forces de police… alors que le rapport Mandelkern, remis au gouvernement Jospin en 1998, fait état de 7 morts avérés, et que l’historien Jean-Paul Brunet parle de 14 à 31 victimes.
Pour toute l’année 1961, l’Institut médico-légal de Paris aura recensé 308 cadavres de Nord-Africains et 34 pour le seul mois d’octobre. D’après les enquêtes de police, et au vu des sévices infligés, la plupart étaient des victimes du FLN, qui, vraisemblablement, tente, lui et ses porte-cotons d’hier et d’aujourd’hui, de les imputer à la Préfecture de police ! C’est-à-dire au préfet Maurice Papon, commode bouc-émissaire pour le pouvoir macronien qui n’ose tout de même pas viser plus haut et impliquer MM. Roger Frey et Michel Debré, respectivement ministre de l’Intérieur et Premier ministre, ni l’intouchable général De Gaulle.
À lire absolument, sur son blog, le texte de Bernard Lugan : « 17 octobre 1961 : un “massacre” imaginaire ».
La lecture de cet article extrait du numéro 775 (novembre 2021) de Lectures Françaises vous est offerte en intégralité. Pour découvrir le sommaire du numéro et le commander, c’est ICI !