Mutinerie à Vivonne. Voici une anecdote qui montre, une fois de plus et si besoin était, que le système carcéral français est à revoir. Il semble que l’intérêt porté aux prisons de la part de l’état soit plus que relatif. Effectivement : entre les trois-pièces sur mesure des ministères, et la sueur sauvage des bas-fonds du système, le lien ne doit pas exister, surtout pas : on préfère gérer cela de loin, à l’abri, voire nier toute réalité aux conséquences de l’abolition des peines physiques, ou, pour les pires profils, d’une peine capitale qui avait, elle, le mérite de « refroidir »… Oh certes, on se déplace sur place, prenant à cœur une situation « indigne » (pour les incarcérés), mais on se bat contre les fumées plutôt que contre l’incendie ! En attendant, les roitelets « tôlards » agissent à distance avec une efficacité et une rapidité d’exécution à faire pâlir tous les « présidents » !
Lu dans Présent :
L’inquiétante mutinerie de la prison de Vivonne
Après la violente agression d’un surveillant de la maison d’arrêt d’Osny par un islamo-terroriste la semaine dernière, c’est la prison de Vivonne, près de Poitiers, dans laquelle est détenu Abdelkader Merah, frère du sinistre assassin musulman qui a fait l’objet lundi soir d’une inquiétante mutinerie qui a duré près de six heures et entraîné une douzaine d’hospitalisations.
« Poubelle pénitentiaire »
Ici, c’est moins la vétusté des locaux et la surpopulation carcérale qui sont en cause que les aberrations de l’administration pénitentiaire. Inauguré en 2009, le centre de Vivonne est en effet un établissement mixte, ultra-moderne, combinant maison d’arrêt et centre de détention. Il hébergeait ces jours-ci 524 détenus pour 576 places au total. Mais un syndicat avait alerté l’administration, ces derniers mois, contre un regroupement à Vivonne de détenus « difficiles », mettant notamment en garde contre le risque de voir ce centre se transformer en « poubelle pénitentiaire ». Or, l’alerte n’a pas été entendue.
Ainsi, lundi, vers 17 heures, une mutinerie a-t-elle éclaté à Vivonne, après que deux détenus ont réussi à s’emparer du trousseau de clefs du surveillant d’étage. Libérant alors la cinquantaine de prisonniers qui y étaient enfermés, ils ont ensuite mis le feu aux coursives et à l’atrium, entraînant d’importants dégagements de fumée, et ont tout cassé.
Une douzaine d’hospitalisations
Il faudra attendre 22 h 15 pour que la situation soit enfin maîtrisée, grâce à l’intervention des équipes régionales d’intervention et de sécurité et des gendarmes mobiles, dépêchés sur les lieux en début de soirée. Et à celle des pompiers, qui ont réussi à éteindre l’incendie et à évacuer les quelques détenus présents au troisième étage pour les protéger de la fumée. Cinq membres des forces de l’ordre et six détenus ont d’ailleurs été hospitalisés après avoir inhalé des fumées toxiques, l’un des prisonniers ayant même été victime d’un infarctus.
De source pénitentiaire, cette mutinerie aurait eu comme origine un refus de permission de sortie d’un détenu, qui se serait rebellé et aurait entraîné une soixantaine de prisonniers dans son mouvement.
FRANCK DELÉTRAZ
Présent, 14 septembre 2016, n° 8692, p. 1.