« Pantouflage » de José Manuel Barroso chez ses amis de Goldman Sachs
La banque d’affaires américaine a donné l’information le 8 juillet dernier : elle venait de recruter l’ancien président de la Commission européenne au poste de président non exécutif de ses activités internationales. En précisant sa tâche actuelle : « informer la banque sur le déroulement des négociations de la Grande-Bretagne pour quitter l’Union ». En résumé, il devra renseigner la banque afin qu’elle se prépare au mieux (pour elle) aux conséquences du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Tout particulièrement qu’elle obtienne le « passeport européen », qui permettra aux établissements qui en disposeront « d’offrir leurs services partout au sein du marché intérieur ». En embauchant M. Barroso, la banque internationale sait bien que ce personnage détient des adresses essentielles pour faire des affaires : hommes d’État, hauts fonctionnaires européens, banquiers, cercles et réseaux puissants. Son passé montre une remarquable capacité à prendre le vent et à changer d’avis, d’où son surnom à Bruxelles de « caméléon ». Selon des critiques justifiées, ayant passé dix ans à la tête de la Commission, il est bien le responsable de la situation actuelle de l’UE dont un chômage de masse et, à présent, certains parlent franchement de « conflit d’intérêts ». Ce qui ne passe surtout pas c’est, qu’ayant dû gérer la crise financière de 2007 à 2011-2012, il a vite accepté l’offre de la banque qui, dans les années 2000, avait beaucoup aidé l’Etat grec à masquer son énorme déficit pour rester dans la zone euro… La tricherie ne sera repérée qu’en 2004 par la droite alors arrivée au pouvoir.
Ses évolutions politiques – beaucoup parlent de contorsions – montrent un homme ambitieux et opportuniste. Voici quelques repères : il est né en 1956 à Lisbonne, a effectué des études de droit, avant de faire de la politique à Genève, à l’Institut européen de sciences sociales. Au moment de la « révolution des œillets », il milita dans la formation maoïste MRPP qui s’opposa au Parti communiste portugais (PCP). Selon des rumeurs répétées, des envoyés de la CIA, dont l’ambassadeur américain F. Carlucci, auraient financé les groupes hostiles au PCP dont le MRPP. Appuyé par le Parti social-démocrate (de centre droit) le général Eanes parvint au pouvoir en 1976.
Rapidement Barroso adhéra au PSD qui lui donnait une nouvelle virginité. Grâce à ses appuis, il compléta ses études à Genève puis à 29 ans, entra au gouvernement et prit du « galon » : il régla le dossier angolais, devint ministre des Affaires étrangères. En 1998, il compléta son CV libéral en allant à Washington, à l’université Georgetown et, la même année, prit la tête du PSD. Il appuya alors la privatisation de la société nationale des pétroles portugais au bénéfice du groupe américain Carlyle (fonds d’investissement créé par F. Carlucci). En 2003, il accueillit aux Açores, Bush, Blair et Aznar pour décider l’invasion de l’Irak. L’année suivante il était désigné comme président de la Commission européenne puis reconduit en 2009. Qui parle de renvoi d’ascenseur ?