Lectures Françaises

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Le nouveau ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas

ByPierre Romain

Mar 15, 2016

LE NOUVEAU MINISTRE DE LA JUSTICE. Alors que bien des observa­teurs pensaient que la place revenait – enfin – à André Vallini, pour remplacer Mme Taubira au poste de garde des Sceaux, le gouvernement a nommé Jean-Jacques Urvoas. Il est né à Brest en 1959 et a effectué une grande partie de ses études en Bretagne. A la différence de son prédécesseur, tous ses diplômes sont vérifiables : outre le droit, il a passé un Dess de communication, puis une thèse de sciences politiques. Il est maître de conférences en droit public.

Mais il « fait » de la politique depuis sa majorité légale. Comme tant d’autres, il fut assistant parlementaire (en 2007, auprès de Bernard Poignant en ce qui le concerne), ce qui l’a introduit un peu plus dans le parti et parmi le monde parlementaire. Il est devenu lui-même député du Finistère. De 2012 à 2016, il a occupé le poste important de président de la commission des lois où il a soutenu les propositions de lois du gouvernement. Ce qui a fait dire qu’il recevait à présent sa récompense pour « service rendu ».

Au PS, lui avaient été confiés naturellement les dossiers de la justice, des affaires pénitentiaires, de la sécurité. Nul n’ignore que, sur ces questions, les socialistes et ralliés se déchirent. M. Urvoas est connu pour sa grande aptitude aux « synthèses » ; il a souvent pu mettre fin à des querelles internes sur des projets de lois. Mais ces « slaloms » l’ont amené à tenir successivement voire simultanément des positions opposées.

Il a en effet, à la fois défendu les nou­velles mesures de sécurité [notamment la loi sur le renseignement dont il a été le rapporteur] tout en reprenant les propositions taubiresques sur les droits des prisonniers ! Au point que certains ont posé la question: « Un garde des Sceaux schizophrène ?» (Le Point.fr, 04/02/2016). D’autres estiment qu’il a été nommé à un poste de ministre de l’Intérieur-bis.

Il est certain qu’il est proche de Valls après avoir été strauss-kahnien, admirateur de Rocard et de Badinter. Il est aussi fort apprécié des membres de la police. Mais il garde les tics socialistes les plus irritants, ceux de l’amalgame infamant. En août 2013, il était intervenu sur son blog pour dénoncer une photographie : sur le site de la Légion étrangère, était montré un légionnaire sportif vainqueur d’une compétition de pancrace. Sur son torse nu était tatouée une croix celtique. Horreur ! Pour notre parlementaire qui y vit un « marqueur fort des mouvements d’extrême droite » plutôt qu’une croix chrétienne.

Certes sa réaction est parue deux mois après l’affaire Clément Méric mais l’émotion partisane est une faute surtout pour un juriste et cela n’excuse pas un honteux amalgame. Nous ignorons s’il a présenté ensuite ses excuses. Rappelons que Valls (ministre de l’Intérieur à l’épo – que) avant toute enquête solide, s’em-pressa, en 2013, suite à l’affaire Méric, de dissoudre L’Œuvre française, le mou­vement fondé par Pierre Sidos en 1968 sans qu’aucun de ses membres n’ait été impliqué dans la bagarre tragique. Il est vrai que sur les affiches des années 60­70, était imprimée une croix celtique sans que les ministres de la Justice en aient alors trépigné de colère.

NDLR. M. Urvoas, qui doit être très « antimilitariste », s’était déjà manifesté, le 1er février 2011, quand il avait « interpellé » le ministre de la Défense et des Anciens combattants à la suite de l’érection, en octobre 2010, dans la cour d’honneur de l’École des troupes aéroportées de Pau, d’une stèle à l’effigie du colonel Chateau-Jobert, « ancien chef de l’OAS, disait-il, condamné à mort et amnistié après une fuite en Espagne qui dura jusqu’en 1968 ». Il demandait au ministre s’il entendait condamner cette cérémonie, « sachant qu’elle porte gravement atteinte à la mémoire de l’ensemble des victimes françaises et algériennes, civiles et militaires, de cette organisation criminelle » (sic !)

La réponse des services du ministre de la Défense ne se fit pas attendre, rap­pelant les états de service du colonel Chateau-Jobert et concluant qu’un tel hommage lui était dû car il fut « un soldat à la carrière exceptionnelle, Compagnon de la Libération par décret de 1945, Commandeur de la Légion d’honneur, Croix de guerre 1939-1945 avec onze citations et médaillé de la Résistance ».

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