Notre cher ami si fidèle à Chiré et bien connu pour son œuvre de promotion de la Lorraine, dont il est originaire (il est né à Nancy) d’une part par les revues dont il a été ou reste le rédacteur en chef (La Revue lorraine populaire, dès 1974, puis La Nouvelle revue lorraine, à partir de 2010), d’autre part par les livres, vient de publier cet opuscule marial. Préfacé par monsieur l’abbé Grégoire Chauvet, prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, cet ouvrage témoigne d’un grand amour de la Sainte Vierge tant de l’auteur et du préfacier bien sûr que et surtout de la Lorraine. Car Notre-Dame est la « Bonne Maman de tous les Lorrains ». Les sanctuaires mariaux sont innombrables en Lorraine, la recouvrant tout entière tel « un manteau paré de fleurs si harmonieuses et variées, ornements de l’habit de gloire d’une Souveraine ». La Lorraine est attachée à Notre-Dame, car elle est attachée à l’Église. Ce livre est comme un guide précieux et concis, nous dit l’abbé Chauvet. Vingt et une photos illustrent le récit.
Partagé en vingt et un très courts chapitres, l’auteur veut faire découvrir combien la Vierge Marie occupe une grande place dans cette région. Le culte rendu à Marie en Lorraine remonte aux premiers âges du christianisme et les toutes premières fêtes mariales y furent célébrées dès le VIIIe siècle. Le plus ancien sanctuaire érigé en l’honneur de Notre-Dame a été créé par le roi mérovingien Dagobert à Metz sous le nom de Notre-Dame de la Ronde. Le pèlerinage de Sion (où se trouvait une antique chapelle dédiée à la Vierge) a été fondé par saint Gérard, évêque né à Cologne vers 930. Selon les historiens anciens, la cathédrale de Verdun est la première église des Gaules dédiée à Notre-Dame. Dans les Vosges, Notre-Dame de Saint-Dié ou Notre-Dame de Galilée est bien connue pour ses nombreux miracles, comme d’ailleurs Notre-Dame d’Avioth, élégante et célèbre « Recevresse ». René II, duc de Lorraine, avait confié sa personne et ses États à Marie et portait sur son étendard l’image de la Vierge en son Annonciation. Lors de sa victoire sur les Bourguignons en 1477, il fit élever une chapelle en l’honneur de Notre-Dame du Bonsecours aux Lorrains, représentée telle une Vierge protectrice abritant sous son manteau ses dévots. La petite Jeanne de Domrémy aimait beaucoup aller prier Notre-Dame de Bermont et la fleurir. Jean-Marie Cuny ne compte pas moins de 150 chapelles dédiées à la Vierge Marie dans le seul diocèse de Toul, et pas moins de 16 paroisses sous le patronage de Notre-Dame de l’Assomption dans le diocèse de Nancy. Les pèlerinages et les confréries étaient très nombreux en Lorraine et témoignaient de cette ferveur mariale. L’action de saint Bernard n’y est pas étrangère, car abbé de Clervaux, il avait quitté son monastère pour venir en Lorraine afin de réconcilier les Lorrains et les Messins alors en guerre (1153). Il disait souvent « A Jésus par Marie ».
L’auteur est convaincu que l’origine du Rosaire médité vient de Lorraine, du couvent de Marienfloss, proche de Sierck, où deux moins chartreux, Adolphe d’Essen et Dominique de Prusse, avec la duchesse de Lorraine Marguerite de Bavière (1379-1434), fixèrent un cadre précis aux Ave Maria répétés avec quinze mystères médités et un Notre Père au début de chaque dizaine. Dans cet ouvrage on peut aussi y lire l’histoire de Notre-Dame de Bonne Nouvelle et le miracle de la muette face à la duchesse Renée de Bourbon (1525), l’histoire de la porte Notre-Dame à Nancy, le récit de la protection de Notre-Dame de Benoîte-Vaux, l’origine de la congrégation enseignante Notre-Dame avec la bienheureuse Alix Le Clerc, tout cela au gré des vicissitudes du temps, des guerres (guerre de Trente Ans, guerres de religion, guerres du XVIIe siècle, Révolution française, révolution conciliaire…). Mais Marie en Lorraine reste toujours belle et bien présente, tant en ses nombreux sanctuaires, ses innombrables images et statues, ses chants et cantiques, et porte à merveille le titre de Marie souveraine de Lorraine, Marie Médiatrice et Patronne des Lorrains.
Éditions du Verbe Haut, décembre 2022, 56 pages, 16 €
Hermine CHABROL
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