Moscovici et l’ingérence de la commission Européenne

Encore un exemple d’ingérence de la Commission Européenne dans la souveraineté naturelle des États. Moscovici personnifie cette ingérence, en s’insérant dans les débats électoraux quinquennaux, qui divisent la France une fois de plus.

Lu dans Présent :

L’UE fait campagne

Décidément, la Commission européenne est inca­pable de tirer la moindre leçon de l’expérience et donc de renoncer à son arrogance et à sa volonté de voir les peuples plier devant ses desiderata.

La Grande-Bretagne a fait sécession à la suite d’un vote populaire : parmi les raisons qui ont conduit les Britanniques à prendre le large, l’attitude des Junker, des Barroso et de la plupart des commissaires européens a pesé lourd dans la balance. Ils entendaient guider la main des électeurs pour qu’ils fassent le « bon » choix et annonçaient de terribles lendemains dans le cas contraire. Or, ils recommencent aujourd’hui ! Plusieurs élections d’importance doivent avoir lieu prochainement, notamment en France et aux Pays-Bas, où les patriotes peuvent l’emporter. La simple prudence, à défaut du respect des peuples, devrait inciter Bruxelles et ses commis­saires à observer une neutralité dont ils n’auraient jamais dû se départir. Mais pas du tout !

C’est ainsi que Pierre Moscovici vient de déclarer à propos de Marine Le Pen et du Front national, entre autres : « L’engage­ment de la Commission européenne contre le populisme est to­tal. » Il parle donc au nom de l’ensemble des commissaires (les a-t-il tous interrogés ?) — et de ses 27 000 salariés, car ce qu’on nomme « Bruxelles », c’est tout cela. Précisons que Moscovici y est commissaire aux affaires économiques et non pas politiques, poste qui n’existe d’ailleurs pas. C’est donc une Commission électoralement engagée — et totalement ! — qui fait campagne contre des partis de pays membres pour peser sur le scrutin. Elle se sert de sa prétendue expertise économique pour effrayer les électeurs, les menacer de catastrophes et de représailles au cas où ils voudraient reprendre leur destin en main et secouer l’in­supportable tutelle bruxelloise.

Il n’y a évidemment rien dans les traités qu’elle est censée faire respecter qui l’autorise à une telle intrusion dans les débats électoraux des États. Elle n’a aucun mandat pour cela, les com­missaires ne procèdent d’aucune légitimité démocratique, ils sont nommés et non point élus.

Certes, ils peuvent apprécier si la politique économique suivie est conforme aux traités et conventions mais il ne peut s’agir que d’un contrôle a posteriori tout comme d’éventuelles sanctions. Or, Moscovici, au nom de la Commission, dénonce le programme de Marine Le Pen qui serait une « catastrophe » pour la France et l’Europe, dit-il. Ce n’est pourtant pas à lui d’en juger mais aux électeurs. Si malgré cela, Marine Le Pen l’emportait alors, le président de la Com­mission, Jean-Claude Junker, annonce, lui, qu’il « porterait le deuil » ! Il est vrai que ce serait l’enterrement de sa carrière… Le deuil ? Cela fait vingt-cinq ans que les Français portent ce­lui des fausses promesses du traité de Maastricht que répan­daient les illusionnistes prônant le « oui » comme Giscard assu­rant : « Si le traité était en application, finalement, la Commu­nauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » Ou Jean-Luc Mélenchon soi-même prétendant que « Maastricht, c’est le contrepoids poli­tique à la libre circulation des capitaux et des marchandises », en ajoutant : « On commencera enfin à voir un début d’Europe des citoyens. »

GuY ROUVRAIS

guy-rouvrais@present.fr

Présent, n°8801, 16 février 2017

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