Le 18 mai dernier, Luc Ferry était reçu par la chaîne ITélé, où il s’est prononcé contre l’intervention en Syrie. Au cours de la discussion avec son interlocuteur, il a exprimé des propos très anticonformistes, en affirmant : « Quand nous avons fait, nous, notre révolution française, la guerre de Vendée, cela n’a pas été beau, c’est le premier grand génocide dans l’histoire de l’Europe, il y a eu 500 000 morts ». S’étonnant de cette affirmation, le journaliste lui demanda si l’on peut parler de génocide.
– Bien sûr, bien évidemment, répondit immédiatement Ferry, Pierre Chaunu a absolument raison ! Plus aucun historien ne le conteste aujourd’hui ».
Génocide est bien le terme utilisé par Reynald Secher, qui le premier, l’a montré et expliqué, il y a trente ans, en 1986, dans sa thèse Le génocide franco-français. La Vendée-Vengé, soutenu et encouragé par Pierre Chaunu qui, dans la conclusion de son avant-propos, écrivait : « Cette guerre fut la plus atroce des guerres de religions et le premier génocide idéologique ». L’ouvrage a été réédité, 20 ans plus tard (1986), puis R. Secher, ayant pu avoir accès à des archives jusqu’alors restées inexploitées, a fait paraître en 2011, les conclusions de ses recherches et investigations dans un nouvel ouvrage, Vendée, du génocide au mémoricide (Ed du Cerf) qui contient les preuves (reproductions fac-similé de documents) de « l’exis tence d’un génocide légal commis à l’encontre des Vendéens, génocide prémédité, voté, planifié et mis en œuvre par le Comité de Salut public, les députés de la Convention et l’ensemble de l’administration, dont l’armée républicaine ». En somme, tout le « gratin » des « Grands Ancêtres », dont se réclament les Républicains et parfaits démocrates contemporains, tellement « sensibles » sur la question des « Droits de l’Homme » !…
Il reste, tout de même que nous sommes surpris de cette déclaration (très tardive) de Luc Ferry, intellectuel cultivé mais habituellement si conformiste, qui fut ministre de l’Education nationale, dans un gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin (présidence de Chirac) où il aurait pu avoir tout loisir de l’affirmer et de demander que cet épisode dramatique de notre histoire ne soit pas occulté et puisse être enseigné à tous les élèves de France !