L’objectif qui a été assigné a Aurélien Taché, jeune député LREM, par le Premier ministre en septembre 2017, constitue le troisième volet de la réforme préparée par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, à la demande du chef de l’Etat. L’accueil et l’intégration des immigrés avaient été annoncés durant la campagne et surtout, le président n’avait pas apprécié les critiques du monde associatif et intellectuel à l’encontre des mesures prises pour contrôler les immigrés. Il fallait, avait dit le gouvernement, répondre par des propositions, sociales, « généreuses ». C’est Aurélien Taché qui fut choisi pour le faire. Le 19 février, ses propositions ont été remises au chef du gouvernement.
M. Taché est un ex-socialiste, ce qui a joué dans sa désignation. « Son » projet est ambitieux. Il prévoit d’établir un « parcours » d’intégration pour les 130 000 personnes (chiffre officiel) réfugiés ou non, qui veulent rester chaque année en France. Les 88 100 étudiants et les 11 000 travailleurs saisonniers ne rentrent pas dans ce cas… les 91070 arrivants de l’immigration familiale, doivent avoir accès à des programmes de langue. Rappelons que le regroupement familial date de 1977, par un arrêt du Conseil d’Etat. Comme le signale Jean-Louis Harouel, universitaire éminent, cet arrêt est « l’acte fondateur de la transformation de l’immigration de travail en immigration de colonisation, selon la formule du sociologue Abdelmalek Sayad »1. Merci Giscard, merci Chirac…
M. Taché propose d’accorder 600 heures (au lieu de 200) d’apprentissage du français, aux analphabètes dans leur langue (sic), et ce dès le dépôt de leur demande. De plus il propose de faire passer l’interdiction de travail de neuf mois à six mois et d’accorder des équivalences de diplôme… (sic !). De plus l’obligation de donner une formation professionnelle (avec l’AFPA) et un logement à l’arrivant. Autre proposition « généreuse » — ou irresponsable selon les uns ou les autres —, Aurélien Taché demande que soient supprimées, pour l’obtention de travail, les « conditions de nationalité pour les fonctions non régaliennes de la fonction publique »… Combien cela va-t-il coûter aux contribuables français ? Quelques 600 millions d’euros, en première estimation à la louche. Après, l’intendance suivra… peut-être.
Jacques DE KREMER
1 — Le Figaro, 29/08/2016.