Lectures Françaises

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La cheville ouvrière de la réforme

ByPierre Romain

Mai 8, 2018
Souâd Ayada

Le ministre de l’Education nationale a nommé au poste stratégique de nouveau président du Conseil supérieur des programmes (CSP), un élément solide, Mme Souâd Ayada, prise dans son équipe rapprochée, une philosophe à la carrière déjà brillante. Elle est née au Maroc en 1970 puis, à partir de 4 ans, a été élevée et éduquée en France dans une famille modeste. Son père était ouvrier. Elle a suivi de très bonnes études : CAPES puis agrégation de philosophie, inspecteur général dans cette discipline. Ayant effectué des recherches, elle a choisi comme thèse, entre autres questions, les « formes de représentation en islam ». Elle se présente comme spécialiste de spiritualité islamique, mais pas théologienne. Car elle se réfère au système de Hegel : soit, rappelons-le, un idéalisme rationaliste et dialectique (donc évolutif). C’est sous cet angle qu’elle a étudié les « systèmes métaphysiques de l’islam ». Elle a fait partie de la mission Mathiot à qui M. Blanquer a demandé de fixer les principaux axes de la réforme scolaire. Sa nomination ne s’est pas faite par hasard. Elle ne cachait pas son adhésion au courant « anti-NVB » (Najat Vallaud-Belkacem). Quand, en novembre 2017, Michel Lussault et sa vice-présidente eurent donné leurs démissions, du CSP, les pédagogistes perdaient une partie de leur influence. Pour ce qui est des programmes, Mme Ayada a donné quelques réponses sur sa position. Elle est favorable à l’histoire critique y compris pour les religions. Sur YouTube, on peut voir et entendre son intervention a l’Assemblée nationale : « … tout enseignement, fut-il du fait religieux, doit être un enseignement critique ». « Il faut par ailleurs, a-t-elle déclaré clairement, toujours se soucier de la vérité historique quand on parle des religions » (Le Monde, 03/02/18). Elle a repris à son compte l’obsession du ministre de « revenir aux fondamentaux » en désignant les tables de multiplication, les fables de La Fontaine, la grammaire en primaire. « Il faut, a-t-elle osé dire, faire de l’analyse grammaticale systématique, en s’appuyant sur une terminologie claire et accessible pour tous y compris pour les parents ». Lors de son passage à l’Inspection générale, elle fut appréciée des professeurs de philosophie, en prônant le programme par « notions » (l’inconscient, le désir, le devoir…) et l’exercice très formateur de la dissertation… que certains professeurs remplaçaient par des travaux plus simples : quelques textes et l’histoire des idées (ils s’adaptaient au niveau de leurs élèves). Les membres de la Commission de l’Assemblée appréciant un courage assumé, lui ont lancé « bonne chance ». Elle en aura besoin.

Pierre ROMAIN et Jacques DE KREMER

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