Le Procès de la démocratie de Jean Haupt : « Pour la nation contre la démocratie »
Dans notre précédent numéro, nous avions annoncé la parution imminente du réquisitoire documenté, clair, serré, implacable, instruit par Jean Haupt contre ce « système » politique qui n’a jamais fourni les preuves de l’efficacité qu’ont bien voulu lui attribuer les grands « pontes » de la direction politique mondiale. Il est désormais disponible et nous insistons, une fois encore, pour clamer que sa lecture est indispensable pour que chacun sache dans quel bourbier il met les pieds, quand on lui intime presque la sommation, sous peine de manquement grave à ses « obligations de citoyen », de se rendre dans les bureaux de vote pour accomplir son « devoir électoral », dont le résultat, nous dit-on, « engage l’avenir » de la nation tout entière…
Nous pouvons vous garantir que ce livre fait partie de « ces quelques ouvrages auxquels on peut se référer continuellement avec un très grand profit », ainsi que l’avait écrit l’un de nos collaborateurs (Jean-Paul Roudeau, aujourd’hui décédé), en 1972 (cf. infra).
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En préambule, nous souhaitons revenir rapidement sur la figure et la personnalité de son auteur, bien trop méconnu des générations contemporaines, car, hormis dans le cercle restreint de notre famille de pensée (et encore, il s’en trouve qui ont quelques défaillances de mémoire…), ce n’est pas dans le sérail préservé et calfeutré de la caste de journalistes en « gilets rayés » qu’il faut espérer constater chez l’un ou l’autre l’indépendance d’esprit ou le courage de reconnaître les mérites d’un confrère systématiquement ostracisé du fait de ses prises de position trop anticonformistes à leurs yeux.
Pour ce faire, le meilleur hommage qui ait pu lui être rendu est celui exprimé par son ami Jacques Ploncard d’Assac [1], au moment de sa mort (en mars 1988) dont nous avions publié le contenu dans Lectures françaises (no 374, juin 1988). Ce texte a ensuite été reproduit dans le quatrième Cahier de Chiré (1989) où nous l’avions nous-mêmes fait précéder des quelques mots suivants :
« Jean Haupt eut une forte influence sur la plupart des membres de notre équipe, lorsqu’il nous recevait chez lui, à Lisbonne, à l’époque où, jeunes étudiants nationalistes, nous avions plaisir à nous rendre au Portugal, quand ce pays était gouverné par Salazar. De ces heures de rencontres et de discussions, nous avons conservé un souvenir inoubliable car elles nous avaient donné l’occasion de tisser des liens de solide amitié avec ce grand Français exilé, des liens qui n’ont été rompus à aucun moment des vingt-cinq années de relations très fructueuses que nous avons pu avoir avec Jean Haupt. C’est pourquoi, désireux de lui adresser cet ultime hommage, nous avons tenu à reproduire le texte que son ami et compagnon d’exil au Portugal, Jacques Ploncard d’Assac lui adressa à titre posthume ».
Nous indiquons ici quelques rapides points de repère : Jean Haupt était né à Oran en 1914. Il fut un universitaire distingué : assistant en Prusse Orientale, puis lecteur de français à Reykjavik, en Islande. Venu se fixer au Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut nommé professeur à l’Institut Français de Lisbonne.
Laissons la parole à J. Ploncard d’Assac :
« Nous sommes à une période où la politique prend le pas sur l’intelligence. Fidèle au maréchal Pétain, il est épuré et doit quitter l’Institut Français. Le voilà coupé de la vie universitaire qui avait été toute sa raison d’être. Pour vivre, il devient traducteur et sa grande culture, sa connaissance approfondie du français et du portugais le font remarquer par le président Salazar qui lui confie la traduction de ses discours. Divers ministères portugais s’attachent également ses services pour les traductions officielles […] Naturellement, nous étions devenus amis. Nos analyses politiques se rejoignaient et, un jour, en nous promenant dans Lisbonne, nous eûmes l’idée de fonder une revue en langue française. Ce fut Découvertes dont le premier numéro parut en février 1964 et devait durer jusqu’à la chute du gouvernement Caetano, en 1974 […] Il fut jusqu’au bout le défenseur de la vision chrétienne et civilisatrice des grands empires et avait placé en tête de son éditorial cette phrase de Salazar : “la vérité est que le progrès des peuples se mesure partout, aujourd’hui encore, à leur degré d’occidentalisation”. La remarque reste toujours vraie.
Mais c’est dans son Procès de la démocratie que Jean Haupt s’est le mieux expliqué sur sa vision politique. Il commence avec une belle et brève insolence qui est une évidence : « Pour sortir de l’impasse, il faut sortir de la démocratie… ».
Jean Haupt avait parfaitement analysé la situation née de la victoire militaire des démocrates. Derrière la condamnation du national-socialisme et du fascisme, il avait vu que les forces occultes entendaient condamner non seulement un régime, mais tous les régimes, toutes les idéologies présentes, passées et futures « qui ne se réclameraient pas de la démocratie ». Car il fallait désormais que personne n’osât mettre en doute l’excellence de la démocratie, au risque d’encourir les foudres de la conscience universelle.
« En fait, la gigantesque campagne d’intoxication déclenchée à la suite de la Deuxième Guerre mondiale par les démocraties victorieuses n’avait d’autre objectif que de faire de la démocratie un dogme inviolable, de formuler un nouveau précepte de morale impérative et universelle, un onzième commandement de Dieu. De la démocratie ne médiras, sous peine des pires châtiments ».
Le « onzième commandement » nous le voyons non seulement ajouté par le clergé moderniste au Décalogue, mais on commence à nous enseigner qu’il n’y a qu’un dogme, qu’un commandement : le onzième.
Il faut rechercher dans votre bibliothèque ce livre essentiel et le relire. L’y mettre si vous ne l’avez pas.
C’est le privilège des écrivains de se survivre dans leur œuvre. Celle de Jean Haupt reste essentielle parce qu’il est allé, sans complaisance, au fond des choses.
Jean Haupt reste parmi nous.
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La présentation documentée (30 pages inédites) de la troisième édition que publient cette année les Éditions de Chiré, est composée de trois parties, dont les deux premières sont consacrées l’une à Jean Haupt lui-même, l’autre à la revue Découvertes qui fournissent de plus amples détails et renseignements d’un grand intérêt. La troisième est réservée à présenter le contenu de l’ouvrage ; c’est à nos yeux une excellente entrée en matière avant la lecture du volume. Nous en livrons ci-dessous quelques fragments. |
Tous les éléments du dossier sont instruits les uns après les autres.
« L’accusation fait inexorablement valoir ses arguments, tant la défense, en y regardant bien, semble effectivement vaine, et tant le délit, ou plus exactement le crime, se trouve être flagrant ; très logiquement, le verdict tombe : notamment pour sauvegarder la nation, dont le gouvernement du nombre et des partis creuse nécessairement la tombe, “il faut sortir de la démocratie” ».
Dans l’un de ses articles parus dans Découvertes (no 15-16, avril-mai 1965), Haupt écrivait :
« Certes, la démocratie a été jugée et condamnée à plusieurs reprises, par les représentants les plus lucides de la pensée européenne. Et, il ne me semble pas que leurs arguments, jusqu’ici, aient jamais été réfutés (…) De même, ne devons-nous jamais nous lasser de crier aux peuples “casse-cou !” et, à la propagande intensive, sans scrupule, de la démocratie, qui, sous le couvert de slogans idéalistes, exploite les passions des hommes, leurs faiblesses, leur tendance naturelle à la facilité, nous devons opposer les arguments de la Contre-Révolution ; ceux-ci s’adressent à l’intelligence des hommes, à leur bon sens, à leurs instincts les plus nobles qui, par conséquent, doivent finir par triompher ; ou bien alors, avec eux, s’effondrera l’humanité (…) Après avoir analysé les principes idéologiques et les institutions qu’ils inspirent, après avoir examiné la position de la démocratie à l’égard des individus et à l’égard de la nation, nous serons amenés à conclure que la démocratie est contraire tant aux intérêts légitimes des citoyens qu’aux intérêts supérieurs de la nation ».
Jérôme SEGUIN et Vincent CHABROL
Extrait du n° 756 (avril 2020) – Pour lire la suite de cet article, commandez ce numéro ou abonnez-vous !
[1] – Jacques Ploncard d’Assac trouva refuge au Portugal en 1947. Il y connut Jean Haupt qui y vivait et avec lequel il se lia d’amitié. Il a quitté le Portugal, en 1974, pour revenir en France et mourut à Toulon en 2005.