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Le passé éclaire le présent : les origines lointaines de la guerre d’Ukraine – Aux sources de la russophobie anglaise

Le passé éclaire le présent : les origines lointaines de la guerre d’Ukraine – Aux sources de la russophobie anglaise

Nous avons vu, dans un premier article « Les débuts de la puissance maritime anglaise », comment l’Angleterre, cherchant une route commerciale vers la Chine, avait pris contact avec la Russie d’Ivan le Terrible et noué des relations diplomatiques avec elle dans le but d’exploiter économiquement le pays grâce à la Compagnie de Moscovie créée par la fine fleur de la ploutocratie protestante. Peu après, des marchands anglais prenaient pied à Constantinople et le sultan en profitait pour proposer à Londres une alliance militaire. Un second article « La naissance du messianisme anglo-saxon » a expliqué comment leur hostilité commune au catholicisme a réuni les Ottomans, les Juifs et les Anglais et comment ces deux derniers ont jeté les bases du capitalisme moderne et mis en place un réseau d’espionnage mondial. Nous allons voir maintenant que les ambitions mercantiles de l’Angleterre ont été déçues en Russie, car le gouvernement des tsars allait être un partenaire rétif avant de devenir un concurrent dangereux pour l’impérialisme britannique.

Les ambitions déçues de l’Angleterre

À partir de la mort d’Ivan le Terrible, en 1584, la Compagnie de Moscovie ne retrouva plus jamais la situation qu’elle avait obtenue de son vivant, car les successeurs du tsar défunt furent beaucoup moins accommodants que lui envers l’Angleterre :

À la mort d’Ivan IV, son fils Fédor Ier lui succéda, mais ce dernier ne voyait aucune raison de maintenir des relations commerciales privilégiées avec l’Angleterre, déclara que son royaume était ouvert à tous les étrangers et limogea l’ambassadeur anglais, Jerome Bowes. Élisabeth Ire dépêcha un nouvel ambassadeur, Giles Fletcher, pour demander au régent Boris Godounov de convaincre le tsar de reconsidérer sa position. Les négociations échouèrent, et Élisabeth Ire continua de plaider auprès de Fédor avec des lettres à la fois apaisantes et réprobatrices. Elle proposa une alliance, ce qu’elle avait refusé quand cela lui avait été offert par Ivan IV, mais le tsar refusa (Edward Crankshaw, Russia and Britain, Collins).[1]

Fédor Ier étant un simple d’esprit, le pouvoir était exercé en réalité par son beau-frère Boris Godounov qui allait lui succéder. La Compagnie de Moscovie put continuer son commerce, mais à des conditions plus équitables pour les Russes.

Il est vrai que, grâce aux sympathies du régent Boris Godounov pour les étrangers, le tsar Féodor, qui était sous sa tutelle morale, octroya, en 1586, un nouveau privilège à la Compagnie, mais il était beaucoup moins avantageux que celui de 1569, car il ne contenait plus certains droits très appréciés, comme celui du commerce en Perse et de l’exploitation des mines de fer, et ne garantissait plus à la Compagnie le droit exclusif du commerce avec la Russie par la route du Nord, où d’autres étrangers, des Hollandais surtout, avaient suivi les Anglais. [2]

Les Anglais, qui espéraient bien tirer profit de la Russie comme d’une colonie que l’on met au pillage, furent mis en échec… LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO

Christian LAGRAVE

[1] – https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_Ire_(reine_d%27Angleterre)

[2] – Inna Lubimenko, « Les marchands anglais en Russie au xvie siècle ». Revue Historique, Vol. 109, Janvier-Avril 1912, p. 13.

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