Le jeu des réseaux sociaux dans les élections
La victoire de Trump a déclenché de nombreuses questions et enquêtes dans l’opinion américaine. Pour la mediagogie, comme le dit Patrick Buisson, le succès de l’homme d’affaires aux propos si incorrects est incompréhensible. Il y a forcément une énorme tricherie derrière son élection. Des recomptages de votes ont été exigés. Ils ont confirmé que Trump avait bien été élu par des citoyens américains. Reste l’explication favorite des polices communistes : les électeurs déviants ont été conditionnés par une propagande insidieuse. Et son vecteur est celui des réseaux sociaux devenus les principaux moyens d’échanges dans notre monde en folie. Une semaine après l’annonce des résultats, Facebook était accusé d’avoir influencé le dénouement du scrutin en laissant des articles mensongers remonter dans les « fils d’actualité » de ses utilisateurs. Dans l’entreprise géante de Mark Zuckerberg, ce fut la panique. Il fallait réagir. Il fut annoncé comme première mesure que les sites publiant de fausses informations ne pourront plus utiliser Facebook Audience Network, l’outil de monétisation publicitaire de la plateforme ! Ce qui induit la nécessité de dire où est la vérité. Google prit le même jour une mesure similaire : « Nous allons commencer à interdire les publicités sur les contenus trompeurs, de la même manière que nous interdisons les publicités mensongères ». Bon courage !
Nous retrouvons des questions classiques de philosophie : Qu’est-ce que la vérité ? Quelle est la part de mensonge dans la publicité ? Y compris dans la publicité électorale ? On comprend que les hommes d’affaires devenus milliardaires grâce aux réseaux sociaux, se soient un peu inquiétés. Selon le PewResearch Center, 44 % des Américains s’informent directement sur le réseau social. Le site BuzzFeed a calculé que 20 % des articles de media partisans des démocrates étaient mensongers et 38 %, côté républicains. Depuis que ces réseaux existent, la diffusion de bobards est devenue un sport. Et le phénomène touche aussi l’Europe, dont la France. Certains peuvent prendre un développement très large : le New York Times a relaté l’exemple d’une fausse information lancée en juillet : le pape François apportait son soutien à Donald Trump. Elle a été « partagée » près d’un million de fois ! Pour d’autres sujets c’est du même ordre. Plus qu’une adhésion immédiate à un candidat, ceux qui lancent des fausses informations de types politiques, ne cherchent pas à convaincre mais ils veulent faire réagir et contre-réagir.
Mark Zuckerberg s’est expliqué. Il a cité des études internes qui lui font affirmer que « sur l’ensemble de Facebook, plus de 99 % de ce que voient les utilisateurs est authentique ». Il souhaite poursuivre la recherche sur le moyen de lutter contre les fausses informations (au moins 1 %). Quelques mois avant, Facebook s’était défendu de privilégier les media pro-démocrates avec la mise en avant des sujets d’actualité. Le site avait reconnu que ses choix n’étaient pas effectués par des algorithmes mais choisis par des salariés. Demander au réseau social de faire une sorte de police de la pensée, semble impossible. Pour les bobards, qui circulent, il faudrait des équipes de « modération » comme on en trouve dans certains journaux. Mais distinguer le vrai du faux en périodes aussi tendues que lors des campagnes électorales, relève de l’utopie. A moins d’établir une vérité officielle, confiée aux juges. Mark Zuckerberg a bien cerné la difficulté : « Nous devons être extrêmement prudents avec l’idée que nous puissions devenir nous-mêmes des arbitres de la vérité ».