En mai, le gouvernement lança une sorte de campagne de propagande : s’accrochant à la moindre décimale économique pour nous affirmer que la croissance, « elle » était bien là mais que le vulgum ne le verrait que plus tard, il s’entêta à répéter que le chômage avait frémi, certes sur certaines catégories de salariés et durant un laps de temps insuffisant pour en tirer des conclusions. Il s’arrêta tout spécialement sur les résultats de sa gestion budgétaire en 2014.
Le déficit était « meilleur que prévu », la dépense, « remarquablement maitrisée ». Puis, devant les faits et les chiffres, il perdit sa superbe et passa à un autre domaine qui allait capter l’attention du public : la réforme du prélèvement des impôts, le vote du tiers payant universel, la réforme des programmes du collège. Toutes ces contorsions de diversion furent appuyées par les média officiels.
Tous les journaux de gauche –Libération, L’Obs, Le Monde surtout… qui multiplièrent articles, lettres ouvertes et billets défendant les projets de la compagnie Hollande-Valls. Chaque jour nous eûmes droit sur le petit écran à des « débats » classiques : trois invités plus le meneur de jeu, tous pro-gouvernementaux et un opposant. Cet affolement pathétique ne sembla pas modifier les opinions hostiles. Là-dessus s’ajouta, comme bouquet, le rapport annuel de la Cour des comptes, paru le 27 mai, qui doucha le bel enthousiasme. Pour les résultats de l’ensemble des administrations publiques, il fallait attendre la fin du mois de juin.
Pour le déficit budgétaire définitif de l’État, qui atteint 85,56 milliards d’euros, on peut, comme le gouvernement, dire qu’il est « meilleur » que celui de la dernière prévision. Mais pour la Cour, seuls comptent les résultats en exécution d’une année sur l’autre. Dans ce cas, le résultat n’est pas celui proposé par le gouvernement. Le déficit de l’État est supérieur de 10,7 milliards d’euros à celui de 2013. « La réduction du déficit budgétaire de l’État, amorcé depuis 2010, a été interrompue en 2014… ».
Les magistrats de la Cour reconnaissent que l’exécution budgétaire a été affectée par une croissance et une inflation plus faibles que prévues…, par une baisse des rentrées fiscales… dont l’origine vient d’un « manque de prudence » (sic) mais disent clairement que « le gouvernement s’est abstenu d’ajuster plus fortement les dépenses, ce qui aurait permis de contenir le dérapage du solde budgétaire ».
Quant à la baisse des dépenses mise en avant par le gouvernement (3,3 milliards par rapport à leur niveau de 2013), elle n’est, pour la Cour, qu’apparente. Il s’agit au plus d’une stabilisation. Elle souligne que le gouvernement a eu recours à des expédients en multipliant les débudgétisations, autres « artifices » et reports de crédits sur 2015 (2,35 milliards). L’État a aussi fait des dettes supplémentaires, ainsi celle vis-à-vis de la Sécurité sociale a augmenté de 368 millions d’euros.
Devant ces conclusions argumentées, les ministres concernés (finances et budget) ont contesté le rapport. Une fois de plus, le gouvernement a bombé le torse un peu vite, sa « maitrise » du budget n’est qu’un trompe-l’œil. Ce qui est l’habitude depuis des lustres.