A chaque fois que ces dossiers sont présentés, il faut bien comprendre qu’il s’agit d’abord d’une annonce politique destinée à rassurer les Français, en particulier les militaires. Cette fois, après une décennie de réductions budgétaires strictes [1] et sous la pression des attentats possibles, il était indispensable de combler des lacunes criantes dans les équipements, de former des soldats au niveau requis par l’OTAN et de préserver notre « autonomie stratégique » (dissuasion, renseignement, nouvelles technologies civiles).
Pour cela le gouvernement annonce un budget de 295 milliards d’euros à l’horizon 2025 (en deux séquences). Néanmoins, au nom de la loi de programmation des finances publiques qui imposent des économies, les factures impayées de l’État (« restes à payer ») seront plafonnées par Bercy. Entre 2019 et 2023, le budget augmentera de 1,7 milliard par an. En 2023, 2024, 2025, la loi doit accorder une augmentation de 3 milliards d’euros par an (si la croissance se maintient). Pour l’instant, sont prévus 6 000 recrutements.
L’armée de Terre a enfin obtenu que les soldats soient mieux dotés en « petits équipements » (gilets pare-balles, treillis, etc.) et reçoivent plus d’entraînements. De nouveaux armements, pour les blindés, les nouveaux véhicules (programme Scorpion). Pour la marine, une livraison plus rapide de patrouilleurs et de pétroliers [2] ; quatre sous-marins d’attaque (type Barracuda), trois frégates « multimissions ». Pour les avions, la livraison des douze premiers ravitailleurs est annoncée pour 2023 (jusqu’à présent, il fallait compter sur les seuls avions américains pour faire voler les Rafale lors des opérations !).
Pour la dissuasion nucléaire, outre un budget général, il est annoncé de « démarrer le programme » d’un nouveau SNLE [3] et les études d’un missile aéroporté. Les moyens du renseignement ont été augmentés en hommes, en satellites, dans le domaine cyber. Les bases dans le monde, notamment en Afrique, seront renforcées dans l’espoir qu’elles soient utilisées par des partenaires européens. Un budget a été prévu pour l’innovation et la recherche. Quant à certains projets devenus des « arlésiennes » : le porte-avion successeur du Charles De Gaulle, le futur système de combat aérien, un nouveau char de combat européen, ils sont encore repoussés… après 2030.
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Claude VIGNON
[1] – Rappelons : 54 000 suppressions d’emplois décidées par Sarkozy, 35 milliards d’euros d’économies imposées par Hollande ! Il a bien fallu faire comprendre au président de la République le risque de « crash » des ressources humaines et du matériel.
[2] – Actuellement, si les normes civiles étaient appliquées, il leur serait interdit de naviguer, faute de double coque !
[3] – Sous-marin nucléaire lanceur d’engins (NDLR).