Yves-Marie ADELINE est né le 24 mars 1960 à Poitiers. Docteur de l’Université de Paris 1, il a enseigné l’esthétique musicale à l’université de Poitiers, de 1986 à 1989. Il fut aussi directeur de cabinet de Jean Arthuis, qu’il quitta avant que ce dernier n’entre au gouvernement Juppé : à cette occasion, il écrivit La droite piégée (1996).
Il préconise, en 2001, un engagement des royalistes sur la scène électorale comme moyen de faire ressurgir la question des institutions dans le débat politique contemporain en créant l’Alliance Royale, dont il fut président et candidat jusqu’à 2008. Depuis, il se consacre uniquement à l’écriture et à l’enseignement. Il a collaboré à différents périodiques, en particulier Le légitimiste, Royal-Hebdo et Lecture et Tradition. Auteur de plusieurs ouvrages de philosophie politique et d’histoire de la pensée, il a également publié quelques recueils de poésie et une pièce de théâtre.
« Depuis les années 1980, la république a entrepris de transformer radicalement le visage de la France pour lui retirer ses racines occidentales et chrétiennes, et créer ici un nouveau peuple bigarré et pacifique, où viendraient de tous les horizons du monde se réconcilier toutes les races et toutes les cultures. L’utopie a trouvé un lieu, un vieux pays, guidé par un vieil État. En somme, il s’agissait de fabriquer une humanité nouvelle, revenue de ses errements, de ses querelles, de ses maux. La république française entendait faire de la France un laboratoire de cette utopie.
Quarante ans plus tard, il faut bien se rendre à l’évidence. La population française d’aujourd’hui n’est pas seulement composite, il y a en réalité sur ce territoire deux populations distinctes : la première, majoritaire, est celle des Français à proprement parler, accompagnés par d’autres populations numériquement faibles qui, si elles vivent volontiers en communauté – comme souvent les Asiatiques – n’entendent imposer aucun modèle propre ; la seconde, celle des musulmans, dont beaucoup ont reçu des papiers d’identité française sans pour autant que leur naturalisation les ait rendus capables de se fondre dans le creuset français. D’ailleurs, c’est une volonté expresse de la république, attachée à son utopie, que d’avoir organisé la société nouvelle de cette manière, compartimentée plutôt que réunie autour d’une identité ancienne.
Si l’histoire – la connaissance de notre passé – n’est pas une science exacte, a fortiori la prospective, la prédiction de l’avenir. Est-ce que, oui ou non, la France va vers une guerre intérieure ? […]
Qu’on le veuille ou non, pour qu’une communauté vive dans un minimum d’harmonie, il lui faut au moins une mémoire commune, presque des réflexes d’appartenance. Des dissensions peuvent s’y produire, des guerres sociales, des guerres civiles, mais précisément ces dissensions se produisent au nom d’une idée que chacun se fait de ce que sa nation devrait être. Par exemple, aussi bien à gauche qu’à droite, on entend des chefs politiques parler de leur pays comme du plus beau du monde. S’agissant de la plupart des musulmans vivant en France ou ailleurs en Europe, cette question n’a pas de sens : quand bien même la majorité y vit-elle heureusement tranquille, et en dépit de l’artifice bureaucratique des naturalisations massives qui ne doivent qu’au pouvoir arbitraire de la république, le sentiment d’appartenance, d’adhésion à l’histoire de France, n’existe pas. […]
Cependant, peu à peu, les attentats islamistes ont été identifiés non plus seulement comme un écho rendu au conflit israélo-arabe, mais comme une volonté d’en découdre aussi avec l’Occident en tant que tel, en-dehors de la question du conflit israélo-palestinien, parce que, ne serait-ce pour des raisons démographiques, il est raisonnable, dans l’esprit d’un musulman, de penser que l’Europe occidentale, peuplée désormais d’une forte minorité musulmane, soit devenue un véritable « pays de la guerre », à conquérir d’une manière ou d’une autre, fût-ce par l’épée. À l’heure où ces lignes sont écrites, on peut juger que les attentats islamistes sont encore rares, mais ils sont appelés à se multiplier, pour plusieurs raisons. » […]