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Jacques Delors (1925-2023) : fossoyeur de la souveraineté nationale

Jacques Delors (1925-2023) fossoyeur de la souveraineté nationale

Jacques Delors vient de s’éteindre à 98 ans [1]. On l’avait complètement oublié et sa mort vient à point pour le sortir de l’oubli. De manière parfaitement indécente, Macron le « récupère » et, à défaut de se faire passer pour son fils spirituel, essaie d’apparaître comme son successeur en Europe en organisant des obsèques nationales avant, éventuellement, de le « panthéoniser ». Mais n’est pas Delors qui veut !

Sa personnalité avait deux aspects très différents, aux antipodes de celle de Macron. Ce catholique pratiquant (il fréquentait à Bruxelles la paroisse de l’abbaye de la Cambre) était froid, terne, sans aucun charisme et représentait la vieille école de la social-démocratie, anti-communiste et favorable à une économie de marché. C’était l’opposé de sa fille, Martine Aubry, la très sectaire et anticléricale maire de Lille, socialiste altermondialiste et diversitaire et auteur de la calamiteuse loi sur les 35 heures qui a plombé la France dans la compétitivité internationale.

Si l’on regarde rapidement sa carrière professionnelle et politique, Jacques Delors ne sortait pas d’une grande école et commença, après son Droit, à la Banque de France à Paris où il milita à la CFTC, cohérent avec son catholicisme. Entre 1969 et 1972, il travailla avec Jacques Chaban-Delmas, alors Premier ministre gaulliste de Georges Pompidou, en accord avec sa fibre sociale et sa vision de la « nouvelle société ». Puis, il adhéra au PS en 1974 et devint député européen en 1979. Sa carrière prend alors une autre dimension. Mitterrand le nomme ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement Mauroy ; il y reste de 1981 à 1984 et procède en 1983 au « tournant de la rigueur », après le renvoi des ministres communistes, et afin d’éviter une nouvelle dévaluation du franc. Complémentaire du florentin, homme de lettres et de réseaux, Jacques Delors était peu loquace mais, gros travailleur, connaissait parfaitement ses dossiers. En 1985, en accord avec l’Allemagne, Mitterrand l’imposa comme président de la Commission européenne, poste qu’il occupa pendant deux mandats jusqu’en 1995. Donné favori à l’élection présidentielle de 1995 pour succéder à Mitterrand, il renonça à se présenter sans en donner la raison. On peut supposer qu’homme de l’ombre et de dossiers, il ne voulut pas affronter (encore un point qui le sépare de Macron) la lumière crue des caméras, les débats, souvents vifs, et s’il était élu, la fin de toute vie privée qu’il préservait autant que possible. Après 1995, il fonda une association, Notre Europe, lieu de réflexion et de propositions et n’intervint plus que rarement dans la vie politique française.

Delors, inspirateur d’une Europe souveraine

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le Delors européen, président de la Commission européenne de 1985 à 1995. Il fut l’un des derniers et même le dernier des « Pères de l’Europe », des européistes utopistes, après Robert Schuman, l’agent d’influence allemand, Jean Monnet, l’agent américain qui avait la double nationalité franco-américaine et Paul-Henri Spaak, agent du mondialisme, qui entendaient sacrifier les États-Nations [2] sur l’autel d’une Europe nouvelle, fédéraliste, supranationale, qui pourrait, pensaient-ils, concurrencer les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine) et qui apporterait à ses habitants, la paix, la prospérité et… le bonheur. Si la Révolution mangea ses propres enfants, l’Europe, elle changea de nature. Delors doit se retourner dans sa tombe en voyant son successeur, Madame von der Leyen, profiter du Covid pour faire des « affaires » avec le laboratoire Pfizer ou passer des contrats de gaz avec l’Azerbaïdjan, bourreau des Arméniens. La Commission est devenue une vaste multinationale sans foi ni loi, loin de l’éthique personnelle affichée par Jacques Delors. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

Olivier DESTOUCHES

[1] – Le 27 décembre dernier (NDLR).

[2] – Les deux seuls véritables États-Nations, à l’époque, en Europe étaient la France et le Royaume-Uni qui avaient chacun plus de mille ans d’existence !

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