Quel est le point commun dans les media entre Charlie Hebdo et l’Église catholique ? Si, si, il y en a un… l’islamophobie. « J’ai bon dos, je suis la cause de tous les malheurs du monde, j’ai l’habitude, je suis catholique », écrivait Frédéric Beigbeder dans son célèbre Un roman français.
Lu pour vous dans Désinformation Hebdo.
Raphaël Enthoven, sur Europe 1, vient de lever un lièvre, avec un «à mon avis» et un «à mon sens» qui lui tiennent lieu de preuves irréfragables. L’intuition, il n’y a que ça de vrai. Raphaël Enthoven a donc l’intuition que la nouvelle traduction française du Notre Père, officialisée le 3 décembre, est islamophobe.
Un grand théologien s’exprime…
Parce qu’elle a supprimé le «Ne nous soumets pas à la tentation», figurant dans la traduction de 1966, pour le remplacer par «Ne nous laisse pas entrer en tentation», jugé plus théologiquement correct. Même si d’aucuns auraient préféré un retour à la version d’avant 1966 – « Ne nous laissez pas succomber à la tentation» – mais c’est un autre sujet.
Raphaël Enthoven, sans doute docteur de l’Église à ses heures, écarte l’objection en dix secondes chrono : «Cela ne modifie rien du tout», décrète-t-il. Puisque l’objectif affiché n’a «à son sens» et «à son avis» aucun intérêt, c’est donc qu’il y a un autre but, un but caché.
Oh ! La méchante Église islamophobe !
Et ce but caché est évident : il s’agit, pour l’Église, de s’écarter sournoisement de l’islam, dont on pense – à tort, précise Raphaël Enthoven. C’est «le truc que croient savoir les gens qui n’y connaissent absolument rien » – qu’il signifie soumission. L’Église, délivrant là un «message subliminal », est donc, lâchons le mot, « islamophobe ».
Notons que le Je vous salue Marie ne comportant pas non plus le mot soumission, on peut se demander si l’ange Gabriel n’est pas, en secret, un lecteur compulsif de Houellebecq.
Désinformation Hebdo n°1505 du 24 janvier 2018.