Guy Sajer (1927-2022)

Guy Sajer (1927-2022)

Décédé le 11 janvier 2022, à la veille d’entrer dans sa 96e année.

Connu sous ce pseudonyme qu’il choisit quand il publia en 1967, son livre Le Soldat oublié.

Il se nommait Guy Mouminoux, né à Paris le 13 janvier 1927, de père français et de mère allemande (son père avait été fait prisonnier à Verdun en 1916 et rencontra sa mère pendant sa détention en Allemagne). Le ménage s’installa en Alsace où le fils vécut sa jeunesse. Quand, en 1940, l’Alsace fut annexée par l’Allemagne, Guy, âgé de 13 ans, fut conduit vers les camps de jeunesse allemands, puis envoyé sur le Front de l’Est, en 1942 (il avait 16 ans !). Revenu en France, après la guerre, il se passionna pour la rédaction de bandes dessinées pour la jeunesse. Son talent lui permit de se faire un nom dans ce domaine et de collaborer aux publications en vogue à cette époque (Spirou, Pilote, Tintin…).

En 1975, il choisit de prendre le pseudonyme de Dimitri pour lancer une série d’albums sur le goulag, puis des recueils satiriques à l’humour noir grinçant dans lesquels il exprima son constat désespéré de la civilisation moderne, puis des récits historiques sur le thème principal de la Seconde Guerre mondiale (avec deux titres marquants, Kaleunt, en 1988 et Raspoutitsa, en 1989. Ayant appris lui-même la pratique de la BD « sur le tas », il fut un auteur complet réalisant le scénario et le dessin.

Entre temps il avait connu son « heure de gloire », en 1967, quand il écrivit, sous le pseudonyme de Guy Sajer (nom de jeune fille de sa mère) et fit paraître Le Soldat oublié (Editions Robert Lafont) qui obtint, en 1968, le prix des Deux Magots et devint un succès considérable (traduit en 40 langues) et diffusé à trois millions d’exemplaires. Il y relate ce dont il a été témoin pendant trois années sur le Front de L’Est (1942 à 1945). Dans ce fort volume de plus de 700 pages, il décrit les conditions de vie des soldats, dans un terrible hiver (où la température est descendue à -40°). Il est resté fasciné par ce qu’il a vu, a vécu, a connu : le courage de ces soldats prêts à donner leur vie pour une « cause ». Il est cependant indispensable de signaler que nous ne pouvons pas cautionner ses propos antichrétiens. Dans le milieu de la BD (plutôt gauchisant et progressiste), son nom a été découvert, ce qui provoqua parfois un certain ostracisme par certaines maisons d’édition.

Hollywood lui avait proposé un très fort contrat financier pour réaliser un film tiré du livre. Sajer a posé une condition non négociable : « un droit de regard et de veto sur le scénario, car il est hors de question de laisser souiller la mémoire de mes camarades de combat qui doivent être décrits tels que je les ai connus : des héros irréprochables pour leur éthique et pour leur patrie ». Pour toute réponse Hollywood a augmenté, puis encore augmenté la somme proposée. Guy Sajer n’a jamais accepté : « Mon honneur et ma fidélité ne sont pas à vendre » !

Jean SÉCHET

La lecture de cet article extrait du numéro 781 (mai 2022) de Lectures Françaises vous est offerte en intégralité. Pour découvrir le  sommaire du numéro et le commander, c’est ICI !

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