Les négociations se poursuivent toujours en Autriche et en Allemagne après les élections qui ont été marquées, à des degrés différents dans les deux pays, par une poussée de la droite nationale.
Lu pour vous dans Présent.
En Autriche, c’est comme prévu avec le parti national-conservateur FPÖ que l’ÖVP de Sebastian Kurz discute pour former un gouvernement. L’ÖVP ayant adopté sous l’impulsion de Kurz les grands points du programme du FPÖ, un accord de gouvernement est probable si le futur chancelier accepte de confier le ministère de l’Intérieur à ce parti. Heinz-Christian Strache, le chef du FPÖ, en a fait une condition pour gouverner avec l’ÖVP.
Le 3 novembre, les deux partis ont annoncé avoir déjà convenu de leur engagement en faveur de la présence de l’Autriche dans l’Union européenne, de la discipline budgétaire et d’une réduction des prestations sociales pour les immigrants. En ce qui concerne l’UE, la future coalition mettra l’accent sur le principe de subsidiarité si souvent bafoué. Strache a particulièrement souligné la question migratoire comme étant essentielle à ses yeux pour assurer un meilleur avenir et une vie sûre à ses petits-enfants.
Il s’est dit particulièrement inquiet du développement d’une société islamiste parallèle en Autriche et de l’influence de l’Arabie saoudite et du Qatar. Sebastian Kurz — un catholique pratiquant — a promis aux Autrichiens qu’il formerait un nouveau gouvernement avant Noël et il semble que sa promesse devrait être tenue.
En Allemagne, par contre, la formation d’une coalition intégrant la CDU-CSU, les libéraux du FDP et les Verts semble plus ardue tant les divergences sont grandes entre ces partis sur les questions essentielles. Là aussi, la question de l’immigration est centrale, et notamment celle du droit d’asile. Alors que les deux partis frères de centre droit, la CDU de la chancelière Angela Merkel et la CSU bavaroise, ont convenu sous la pression de la CSU d’instaurer un plafond annuel de 200 000 demandeurs d’asile, les Verts et les libéraux refusent le principe même d’un plafonnement.
De même, en ce qui concerne la prolongation de la suspension des regroupements familiaux, en vigueur pour le moment jusqu’à mars 2018, seule la CDU-CSU est pour, alors que les Verts sont contre et que le FDP voudrait que la question soit étudiée au cas par cas. Autre question difficile, celle de l’énergie et du réchauffement climatique. Les Verts voulaient 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2030 tandis que le FDP refuse toute politique énergétique qui compromettrait la compétitivité allemande.
Finalement, les écologistes semblent prêts à renoncer à la date limite de 2030 pour fermer toutes les centrales au charbon, mais continuent de s’accrocher au but irréaliste de 100 % d’énergies renouvelables à plus long terme. Les divergences abondent aussi en ce qui concerne les régimes des retraites, le marché du travail et la fiscalité, notamment entre les libéraux qui voudraient plus de libéralisme et les Verts qui souhaiteraient plus de socialisme. Mais tous se rejoignent sur au moins un point : ils veulent éviter à tout prix de nouvelles élections !
Olivier Bault
Présent n°8984 du 10 novembre 2017
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