La France et la république sont-elles compatibles ? Cet article démontre que ce régime est surtout celui de l’anti-France.
Lu pour vous dans Correspondance Européenne
La question lancinante de la droite française, même dans son nouveau costume populiste, est de savoir si elle parviendra un jour à briser le fameux « plafond de verre » qui la sépare du pouvoir. Jusqu’à présent la réponse est non. Le Front National de Marine Le Pen n’est certes pas le Front National de son père et il est probable que la stratégie de dédiabolisation a rapporté quelques millions de voix au parti, mais cela n’a pas suffit.
On se demande quelle nouvelle stratégie pourrait lui apporter le nombre de voix nécessaire pour enfin accéder au pouvoir. La réponse est : aucune, du moins tant que le Front National ne se guérit pas de la même maladie que celle dont souffre la France. Cette maladie, c’est la République. Il est impossible à quelque force politique que ce soit de prétendre faire le bien de la France tout en protestant de sa fidélité à la République.
La France et la République sont antinomiques. Si l’on travaille pour l’une, il faut se détourner de l’autre. Or, nous avons entendu durant cette campagne combien les partis en présence rivalisent de dévotion pour la République. Il n’y a pas un discours, pas une intervention, pas un débat où ce mot ne revienne avec une constance telle qu’on finirait par croire que la France est la République et que la République est la France. Il semblerait que l’une ne puisse exister sans l’autre.
La République – l’a-t-on déjà oublié ? – c’est le « règne de l’étranger ». Même les socialistes le savent. François Hollande n’avait-il pas un jour dénoncé le monde de la finance comme l’ennemi insaisissable ? Et pourtant, il s’y était soumis.
La République, c’est un régime parlementaire facile à corrompre, c’est un pouvoir instable, fragile et éphémère, perpétuellement à reconquérir face aux puissances d’argent qui demeurent et gardent l’avantage. La République, c’est l’écran idéal derrière lequel toutes les malversations, toutes les trahisons, tous les marchandages peuvent se donner libre cours. La République, c’est la servante de l’Union européenne, de l’OTAN, de l’ONU et des puissances dominantes.
La République, c’est la prostituée des multinationales, les groupes occultes, des banques, des marchands d’armes, des compagnies pétrolières. Le Président de la République peut-il tenir tête à tout cela ? Non bien sûr ! Il est lui-même élu pour peu d’années et il doit son succès à ses commanditaires. S’il n’obtempère pas, on lui rappellera opportunément qui est le maître. Tous les présidents élus ne traînent-ils pas derrière eux une série d’affaires par lesquelles on les tient en laisse ?
De plus, la République, ce sont des partis qui divisent la population. Ils fomentent la haine et la suspicion. Mais une fois que le Président est élu, il prétend être l’homme de tous et le défenseur de la patrie. Pari impossible ou sinistre imposture. Il sera toujours, même sous le déguisement de chef d’État, l’homme d’un parti, d’une idéologie et l’exécutant de ceux qui l’ont mis en selle.
Les élections françaises n’ont pas tant abouti à la victoire d’Emmanuel Macron qu’à celle de la République, donc celle de l’étranger. L’homme qui a été élu importe peu du moment qu’il offre les garanties de soumission à ses commanditaires et la souplesse nécessaire pour tous les retournements de veste.
On voit que servir la République, c’est forcément trahir la France. Pour une force politique de droite nationale, servir la République, c’est faire des promesses tout en se privant des moyens de les tenir. Tant que la droite française sera républicaine, elle contribuera au succès de ses ennemis et si un jour elle accède au pouvoir républicain, ce sera pour trahir ses électeurs. La droite française ne doit plus accepter de jouer dans le cadre républicain car les règles de ce jeu ont été écrites par ses adversaires. Elle doit travailler à un changement de régime politique. Elle doit viser à la fin de la République.
Christophe Buffin de Chosal
Correspondance Européenne n°335 du 31 mai 2017