Entretien avec Jean Raspail (Valeurs actuelles)

La couverture du n° 4089 (9-15 avril 2015) de notre confrère Valeurs actuelles (1 rue Lulli, 75002 Paris) annonce un « entretien exclusif » avec Jean Raspail, « le prophète », sous le titre « Dernier avis avant la fin d’un monde », pour lequel son interlocuteur Bruno de Cessole a mis en exergue la citation suivante : « En dormition, l’âme de la France se réveillera ».

Dans ses quelques lignes de présentation, Cessole brosse le rapide portrait de celui qui est « notre dernier chouan, notre ultime zouave pontifical… Il incarne la résistance à la raison d’Etat, aux compromissions intéressées, aux lâchetés et aux trahisons des politiques.

Seul contre tous, il prône l’allégeance à des vertus surannées, la fidélité, l’honneur, la tradition, le sacrifice, le désintéressement, la croyance au miracle… ». Autant de notions que l’on retrouve régulièrement développées au fil des nombreux titres de son œuvre qu’il a commencé à élaborer il y a une cinquantaine d’années.

Au long de cinq pages, le romancier « revient sur les sources et thèmes de son œuvre, ses convictions religieuses et politiques et le devenir de la France ». Au lieu d’en faire un résumé ou un condensé qui ne parviendra pas à la hauteur de la qualité des propos tenus par Raspail, parvenu à la notoriété, quand il publia son « mythique » roman Le camp des saints, en 1973, nous jugeons plus opportun d’en reproduire certains extraits.

A la question « Aux yeux de certains, vous passez pour un écrivain xénophobe et raciste. Comment vivez-vous ce malentendu ? », il répond :

« Cette caricature est née de la publication du Camp des saints, qui n’est pas une prophétie ni un pamphlet, mais une parabole, née de mon imagination. En aucune façon il ne s’agit d’un livre raciste. La véritable cible du roman sont les élites, politiques, religieuses, médiatiques, intellectuelles du pays qui, par lâcheté, trahissent leurs racines, leurs traditions et les valeurs de leur civilisation ».

« Je ne suis pas d’extrême droite, mais je campe et patrouille aux confins de la droite. J’ai toujours refusé d’adhérer à un parti politique, car ma position est avant tout éthique et métaphysique. Mon jugement sur la politique est simple : elle pourrit les meilleurs ! (…) Qu’il soit de gauche ou de droite, le milieu politique français est un désert et je ne vois pas un politicien pour racheter l’autre ».jean-raspailblap

« Mes personnages cherchent à échapper à la lourdeur, à la laideur, à la trivialité d’un monde régi par les impératifs de l’utilité et de la rentabilité (…) J’admets volontiers qu’ils sont terriblement élitistes et donc à rebours des valeurs dites citoyennes et républicaines »

Dans l’une de ses réponses il prononce le terme de Big Other qu’il explique ainsi :

« Une notion inspirée par le Big Brother d’Orwell dans 1984. Je désigne par ce terme le produit de la mauvaise conscience occidentale soigneusement entretenue, avec piqûres de rappel à la repentance pour nos fautes et nos crimes supposés (…) Big Other a le monopole du Vrai et du Bien et ne tolère pas de voix discor­dantes… quiconque exprime une opinion hétérodoxe ou contraire au consensus est voué à l’opprobre et à une lapidation symbolique ».

Pour terminer il délivre un message d’espoir et de confiance :

« Je suis convaincu que les fondations de la France tiendront et qu’une renaissance viendra. Mais elle ne surgira pas de la classe politique ni des « élites » de ce pays. L’âme de la France est en dormition, mais je garde l’espérance qu’elle se réveillera. Un jour que je ne verrai sans doute pas, mais, au moins, aurai-je joué, à ma modeste mesure, le rôle nécessaire de veilleur ou d’éveilleur ».

Cet entretien a été effectué au moment où les Editions Robert Laffont (dans la collection Bouquins) viennent de publier Là-bas, si loin… un gros volume de 1180 pages qui réunit cinq des seize romans de Jean Raspail et un inédit. En voici les titres :
Le Jeu du roi ; Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie ; Qui se souvient des hommes ; Septentrion ; Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’était pas gardée. L’inédit qui clôt le volume porte le titre La Miséricorde.
L’ensemble est présenté par une très belle préface de Sylvain Tesson.

Nous rappelons que Jean Raspail nous avait fait l’amitié de sa présence aux Journées Chouannes 2007. Nous lui renouvelons ici l’expression de notre reconnaissance.

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