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Benoît Hamon, candidat socialiste à l’élection présidentielle.

Benoît Hamon élu du PS ?

Benoît Hamon élu du PS ?
Vincent Peillon

Bien que les militants aient dû, lors de la primaire du PS, attendre de multiples modifications dans la liste socialiste – on a parlé de « grossière manipulation du scrutin » –, il faut tenir compte qu’une majorité d’électeurs de gauche a choisi un des apparatchiks les moins connus du grand public, Benoît Hamon. Est-ce parce qu’il a été un temps ministre de l’Éducation nationale ? Peut-être. Son camarade Vincent Peillon, né en 1960, a sept ans de plus que lui. Le premier est l’exemple parfait du doctrinaire au chaud, derrière ses utopies. La réforme Peillon a tellement révulsé parents et enseignants qu’il ne resta en poste que de mai 2012 à avril 2014. Parmi ses déclarations, beaucoup n’ont retenu que son projet de la nécessité (jacobine ou stalinienne) de confier l’éducation du petit enfant à l’État et non à ses parents, afin de lui inculquer, dès l’âge de 2 ans, les bases d’une éducation laïque. Quand, devant l’exaspération des familles et des professeurs, le gouvernement lui demanda de quitter son poste, il fut donc remplacé par Benoît Hamon.

Un apparatchik virant « frondeur »

Celui-ci, né en 1967 en Bretagne, a passé sa scolarité de l’enfance – du CE2 à la cinquième – à Dakar (où son père avait été envoyé) avant de revenir en France. Il se passionna davantage pour la politique que pour les études et fut de toutes les « manifs » de gauche. Comme Valls, il obtint une simple licence d’histoire mais n’enseigna pas. Sa carrière est celle de la majorité des apparatchiks socialistes : membre de l’UNEF-ID, président des Jeunes socialistes (pour cela il fit repousser la limite d’âge !), il suivit la ligne Rocard et devint assistant parlementaire (du député Pierre Brana). Il fut membre du courant Nouvelle gauche, soutint le courant de Martine Aubry (qui lui rendra la pareille) ainsi que Christiane Taubira. Il s’intéressa à l’étude des sondages et de la communication (sa seule expérience du monde du travail eut lieu, de 2001 à 2004, chez Ipsos). En 2003, avec Montebourg et Peillon, ils fondèrent le Nouveau Parti socialiste (NPS). Hamon fut donc nommé, sans aucune compétence particulière, en avril 2014, au poste de son camarade Peillon dont il essaya d’aménager les dangereuses calembredaines. En vain. Il ne resta que 147 jours en poste.

C’est donc ce parfait modèle de professionnel de la politique que le « peuple de gauche » a désigné comme chef de file. Aucun rédacteur n’a, jusqu’alors, estimé utile de sortir une biographie de ce représentant du NPS. Nous allons sans doute voir cette « lacune » réparée. Il a fourni quelques lignes pour indiquer que sa vision est un mélange de réformes sociales, écologiques et « sociétales » qui rompait avec le programme du gouvernement. Après avoir rencontré en 2015 le travailliste anglais Corbyn, il a tenu, l’année suivante, à rendre visite à l’Américain Bernie Sanders, tout en soulignant qu’il portait un vif intérêt au mouvement Podemos et même à ce qui s’est passé à Athènes. En 2011, il avait publié un livre « Tourner la page » qui marquait son impatience et celle de ses amis – ils se situent à la gauche du PS – de prendre la relève des socialistes en place. Macron et Mélenchon parlent de révolution. Pas Hamon qui se veut « militant professionnel ». Il a en effet connu depuis 25 ans toutes les vicissitudes du PS où il se fit la réputation d’être un chef efficace du MJS. On entendait les Jeunes socialistes dans les « meetings » (pancartes, claque) et Hamon sut garder des liens étroits avec les jeunes militants à qui, plus tard, il pourra faire appel d’autant mieux qu’il ne ménagea pas les appuis sur le terrain ou les coups de « piston » pour les cabinets ministériels. Il avait aussi tissé des liens avec la Mutuelle des étudiants et Osez le féminisme! cofondée par son ancienne attachée de presse, Caroline De Haas, à l’origine du million de signatures contre la loi El Khomri. Cela ne lui évita pas de rater trois « parachutages » avant de se faire élire à Trappes, dans une population d’origine étrangère et musulmane. Il milite déjà pour le droit de vote pour les étrangers et appelle à reconnaitre la « Palestine ». Un détail à noter : Hamon a été élevé dans la religion catholique et a fréquenté des écoles libres, il a fait sa communion et sa confirmation. Et il a déclaré : « Je considère la religion comme une richesse ». Aujourd’hui, selon son ancien suppléant, « il victimise et essentialise les musulmans, les entretenant dans l’idée que la France ne fait pas tout ce qu’il faut pour les intégrer » ! (Le Monde, 24/01/2017).

Quand Hollande reçut la liste des 56 députés signataires d’une motion de censure contre le gouvernement, il marqua un recul devant le nom de Hamon : « Le plus grave, c’est Hamon » a-t-il ensuite répété. Quand on lit bien ses propositions présidentielles, on peut, comme Hollande, estimer que le plus grave c’est Hollande.

Des milliards pour un assistanat généralisé

Dès les premiers entretiens qu’il accorda, il fut naturellement question de sa proposition la plus impressionnante, celle du Revenu Universel d’Existence (RUE). S’étant rangé derrière la théorie de la raréfaction du travail, tendance qui, selon lui, devrait s’amplifier, Hamon a prôné en réponse, la réduction du temps de travail sous les 35 heures, financée par des incitations fiscales (sic). Il s’agit de sa mesure-phare. Et son résultat à la primaire s’explique sans doute mieux. Son second point fort est contenu dans des mesures destinées à flatter les écologistes.

Revenons au RUE. Dans un premier temps, il s’agissait d’une hausse du RSA de 10 %, à 600 euros en 2018. Cette même année serait versé un RUE pour les 18-25 ans, étendu ensuite à toute la population. A terme, il atteindra 750 euros. Il était également question d’augmenter le smic et les minima sociaux de 10 %, plus une hausse du point d’indice de la fonction publique. Ces annonces soulevèrent de vives objections non seulement de la part des contribuables réactionnaires au front bas, mais chez les propres amis de M. Hamon. L’Observatoire de la conjoncture économique a vite fait le calcul : cela fait 450 milliards d’euros, soit 20 points de PIB. Devant le tollé, Benoît Hamon fit une retraite élastique en proposant une expérimentation à 40 milliards d’euros. Pour financer ce plan, on créerait un nouvel impôt sur le patrimoine (fusion entre la taxe foncière et l’ISF) !

On trouve aussi d’autres projets variés tous aussi révolutionnaires, parmi lesquels : un moratoire sur le pacte de stabilité excluant des déficits les dépenses militaires (32 milliards) et d’investissements publics (75 milliards). Ce qui ferait monter les déficits à plus de 7,5 % du PIB ! M. Hamon proposait aussi l’annulation des dettes accumulées depuis la crise de 2008… Mais la révolution touchera tous les domaines : abrogation de la loi travail ; fusions de l’impôt sur le revenu et de la CSG ; légalisation du cannabis ; droit à « mourir dans la dignité » (cf. l’euthanasie ?) ; instauration d’une VIe République ; droit de vote pour les étrangers extracommunautaires aux élections locales ; scolarité obligatoire dès 3, voire 2 ans ; plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros de l’Union européenne ; un accueil plus large des immigrants… Bref, M. Hamon et ses amis ne manquent pas d’idées…

Des mesures écologiques

Parmi les candidats issus du PS, il s’est montré comme étant le plus décidé à reprendre bien des propositions formulées par les Rouges-Verts. Leur vote est sa carte secrète : à condition que quelques fidèles de Montebourg, quelques rares soutiens de Valls, d’autres venant de l’électorat de Mélenchon, Benoît Hamon pourrait gagner. Au moment – en janvier – où la France était touchée par une épaisse pollution atmosphérique, il proposa de « sortir du diesel d’ici à 2025 », de développer les énergies renouvelables ; de mettre en place une fiscalité « écologique ». Il se prononça contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il a affirmé vouloir accueillir davantage de « réfugiés » et de « migrants ». Comme indiqué plus haut, il reprend la vieille promesse de donner le droit de vote aux étrangers. Pour les relations avec les autres pays dont l’Union européenne, il s’est lancé dans des voies audacieuses, en réclamant un moratoire sur les règles budgétaires de Bruxelles (soit l’abandon de l’objectif du déficit à 3 % du PIB). Pratiquement, dans tous les chapitres, il n’annonce aucune baisse de dépenses, bien au contraire. Cette absence de rigueur lui est déjà reprochée par le clan Valls avec lequel on peut désormais parler de fracture.

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Hamon a repris certaines propositions des écolos politiques comme « territorialiser la production énergétique » (contre les grands systèmes centralisés) ; un plan contre la maltraitance animale ; l’attribution prioritaire du foncier agricole aux « porteurs de projets agro-écologiques ». Cependant une bonne partie des mesures environnementales annoncées par Hamon, semble difficilement réalisables. Par exemple l’objectif d’« atteindre 50 % d’énergie renouvelable en 2025 » sans préciser s’il s’agit de la consommation finale d’énergie en France ou seulement de la production d’électricité. Tous les experts ont réagi : dans le premier cas, l’objectif est intenable. Pour le second cas, ce serait fort difficile. Autre annonce brutale, celle de « l’interdiction immédiate des pesticides dangereux et des perturbateurs endocriniens » accompagnée de « l’interdiction de l’importation de denrées utilisant des substances interdites en France ». Ce qui fermerait les frontières françaises à un très grand nombre de produits alimentaires et conduirait à supprimer des pans entiers de l’industrie.

Cette hypothèse de rapprochement entre Hamon et Mélenchon derrière une vitrine écologiste a semblé se renforcer (fin février, les deux candidats semblaient brouillés). On remarquera que les projets à caractère écologique sont également nombreux et radicaux. Il faut que les électeurs soient conscients de leur ampleur.

Jacques DE KREMER et Michel LEBLANC

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